Faillir être flingué

Il était bien placé pour connaître les liens qui unissaient Ismail Güzel aux trafiquants mais il savait aussi que l'homme avait la réputation d'être un véritable religieux.
Pierre Pouchairet - La Filière afghane
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Western

Faillir être flingué

Ethnologique - Crépusculaire MAJ mardi 08 octobre 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Céline Minard
Paris : Rivages, août 2013
336 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-2583-2

Actualités

  • 09/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Livre Inter
  • 23/01 Prix littéraire: Le Roman des étudiants France Culture-Télérama 2014
  • 12/11 Prix littéraire: Le Prix Médicis 2013 échappe à Céline Minard
  • 09/10 Prix littéraire: Première sélection du Prix des Libraires 2014
    Alors que les prix automnaux dévoilent leurs ultimes sélections, le Prix des Libraires, qui sera remis en mars 2014, en est à ses prémisses. Mais il demeure une constante : Pierre Lemaitre. L'auteur, "transfuge" du polar, qui a fait paraitre chez Albin Michel Au revoir là-haut, sur fond de Grande Guerre et d'arnaque, est omniprésent sur les listes des prix de l'Automne, du Goncourt au Renaudot en passant par le Femina, le Jean Giono et le grand prix de l'Académie française. Son actualité littéraire pour un ouvrage qui, désormais on peut le dire, fait beaucoup parler de lui et beaucoup couler d'encre, semble pérenne. Mais il serait ici malpoli d'oublier ses coreligionnaires (d'autant que certains sont aussi k-librés, à commencer par Céline Minard dont l'excellent western Faillir être flingué a été chroniqué en nos pages), au nombre de dix-huit, qui concourent pour l'obtention d'un prix qui en est à sa soixantième édition, et qui est organisé par la Fédération française des syndicats de libraires. Malheureusement - ou heureusement - pour Pierre Lemaitre, le prix souhaite faire remarquer un auteur francophone non récompensé par un prix majeur. L'omniprésence d'Au revoir là-haut dans les sélections automnales risque donc de ruiner ses chances pour le Prix des Libraires. C'est le moindre qu'on lui souhaite. Tout comme l'on souhaite à Céline Minard le même "désagrément" pour Faillir être flingué.

    Première sélection du Prix des Libraires 2014 :
    - Le Bleu des abeilles, de Laure Alcoba (Gallimard) ;
    - Le Divan de Staline, de Jean-Daniel Balthassat (Le Seuil) ;
    - Un pays qui n'avait pas de port, d'Isabelle Condou (Plon) ;
    - La Dernière séance, de Chahdortt Djavann (Fayard) ;
    - Manuel El Negro, de David Fauquemberg (Fayard) ;
    - Faber le destructeur, de Tristan Garcia (Gallimard) ;
    - Kinderzimmer, de Valentin Goby (Actes Sud) ;
    - La Garçonnière, de Hélène Grémillon (Flammarion) ;
    - Le Fils de Sam Green, de Sybille Grimbert (Anne Carrière) ;
    - Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre (Albin Michel) ;
    - Les Voyages de Daniel Ascher, de Déborah Lévy-Bertherat (Rivages) ;
    - Le Dernier seigneur de Marsad, de Charif Majdalani (Le Seuil) ;
    - Faillir être flingué, de Céline Minard (Rivages) ;
    - Pietra viva, de Léonor de Récondo (Sabine Wespieser) ;
    - Les Évaporés, de Thomas B. Reverdy (Flammarion) ;
    - Ormuz, de Jean Rolin (POL) ;
    - Bel-Air, de Lionel Salaün (Liana Levi) ;
    - L'Invention de nos vies, de Karine Tuil (Grasset) ;
    - La Fabrique du monde, de Sophie Van der Linden (Buchet Chastel).

    À noter que la prochaine réunion des jurés-libraires se tiendra le 4 novembre en attendant la remise du prix en mars 2014.
    Liens : Au revoir là-haut |Pierre Lemaitre |Céline Minard

Western français

Ouvrir un excellent roman western paru aux éditions Rivages est dans l'ordre des choses, mais le découvrir en littérature française sous la plume de Céline Minard assurément ne l'est pas. Alors si en plus il se trouve dans la deuxième sélection du Médicis et qu'il est encensé par une critique presque unanime hormis quelques ronchons, forcément ça intrigue. Faillir être flingué : le titre en lui-même est une surprise syntaxique qu'il incombe de prendre avec des pincettes mais qui trouvera sa signification à la toute fin de la lecture. Dans l'intervalle, Céline Minard ne joue pas des codes du western, elle ne se les approprie pas non plus. Non, elle écrit un joli roman dont la trame se passe dans le Grand Ouest américain au milieu d'un territoire parcouru par les Pawnee et les Dakota, au cœur d'une ville naissante avec des personnages à la fois attachants et archétypaux du western tel qu'on le connait les films américains des années 1950. Un saloon avec ses prostituées où la propriétaire offre le premier verre, un campement de tentes où l'on peut louer un abri en même temps qu'un pot de chambre et où chaque service se paye, un barbier dans l'attente d'un nouveau siège inclinable, un utopique qui croit qu'il va pouvoir ériger des bains publics et, bien sûr, des cow boys qui arpentent la plaine en escortant surtout des vaches mais aussi quelques moutons qu'il remettent sur pattes sans même descendre de cheval ; sans compter des Indiens pacifiques qui marchandent dur eau de vie et couvertures, des moins pacifiques qui ne marchandent ni la vie, ni les scalps, quelques Chinois : telle est la population autour de laquelle se bâtit le roman sur fond de loyauté, de camaraderie, de trahison, de vol, de récupération, de challenges, de combats à mains nues et, aussi, finalement, de fraternité à l'heure où des miliciens débarquent à la recherche d'un homme qui a fui après avoir dévalisé une banque. Tout ceci écrit avec une grande fluidité et quelques hommages tout mesurés au western, qu'il soit américain ou spaghetti, en une alternance de scènes qui toutes s'emboîtent parfaitement pour donner un portrait grandiose de cette conquête de l'Ouest magnifiée, mais ici présentée avec recul et transparence. Le lecteur n'aura de cesse de se rappeler quelques passages de films comme lorsqu'un méchant en train de se faire raser pointe son colt sur le ventre (et non les couilles) du barbier. Il se prendra au jeu de l'hospitalité citadine, aura envie de plonger dans un bain fumant, de se prélasser à l'étage en charmante compagnie, de tourner et retourner dans sa bouche cet alcool tord-boyau, et de suivre la nonchalance feinte de ceux qui quittent la ville pour se perdre dans les grands espaces verts où le danger guette à chaque pas. Après Pas le bon, pas le truand, de Patrick Châtelier, les auteurs français montrent que si les réalisateurs américains ont le droit de faire de bons (ou mauvais) films sur notre Histoire, on peut leur rendre la pareille en littérature jubilatoire.

Récompenses :
Prix du style 2013
Prix du livre Inter 2014

Citation

Zébulon avait fini son verre et se mit en mouvement vers la table du fond. Il posa la main sur l'épaule de Brad qui fixait froidement l'homme ventripotent qui jouait avec son fils et s'en prenait aux tables. I avait toujours détesté les gens qui reportent leur colère sur les objets.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 27 octobre 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page