Palmer en Bretagne

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vendredi 29 mars

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Bande dessinée - Noir

Palmer en Bretagne

Hard boiled - Arnaque - Trafic MAJ mardi 26 novembre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,99 €

René Pétillon (scénario & dessin)
Paris : Dargaud, septembre 2013
56 p. ; 32 x 22 cm
ISBN 978-2-205-07057-6

Ravivez les Breizh

Dire que Jack Palmer, le détective absurde de René Pétillon, n'a pas pris une ride en quinze albums et presque quarante ans tient d'un doux euphémisme. La réciproque pour le lecteur n'est absolument pas vraie, tant l'individu par ses aventures ordinaires nous a fait rire aux éclats. Son manque de charisme qui ne fait concurrence qu'à son éternel manque de lucidité, a fait des ravages dans son lectorat. L'Enquête corse, publiée en 2000, avait atteint des sommets avec un auteur capable de jouer autant des codes et des poncifs qu'Albert Uderzo et Robert Goscinny avec Astérix en Corse. Autant dire qu'après deux autres albums, dont un d'actualité, L'Affaire du voile, on attendait avec une férocité jubilatoire ce Palmer en Bretagne, la Bretagne partageant avec la Corse les idées reçues, une langue distinctive, un folklore poussé à l'extrême et des envies d'indépendance forcenées quoique minoritaires. L'intrigue est digne des plus grands romans noirs américains avec un manoir sur une île où se retrouvent une bourgeoisie désargentée, une nymphomane de première, deux hommes d'affaire qui ne sentent pas bon (ils s'appellent Livarot et Maroille, tout un programme olfactif), et une arnaque à l'assurance dument fomentée. Palmer, lui, est là comme un cheveu sur la soupe, fusse-t-elle au poisson. Engagé par l'un des hommes d'affaire comme garde du corps, il ne tardera pas à s'échouer sur un rocher, piégé par la marée, où il restera pendant tout l'album, et sera le témoin muet de la mort d'un des invités insulaires. Il aura beau faire force gestes, il ne sera pas entendu avant la fin de l'album. Palmer absent, il ne reste que les différents protagonistes d'une intrigue dans un espace sans le sou où l'on fait feu de tout bois. Un tableau d'art moderne, que convoitent Livarot et Maroille, est retrouvé tailladé au cutter. Pendant ce temps, en cuisine, le chef s'impatiente de ne pas voir arriver ses homards. L'histoire vire à la farce. Il y a de l'algue verte dans le plat, et des cochons pas très loin. Mais l'ensemble n'est pas poussé à l'extrême comme on aimerait le voir. Tout juste si l'on aura le droit à un festnoz et à déguster un peu de kouign-amann, mais sans boire de chouchen. Avec un brin de mauvaise foi, on pourrait reprocher à l'intrigue de pouvoir se fondre un peu n'importe où avec quelques raccords comme en Normandie ou en Aquitaine. Il y a bien des pointes d'humour bienvenues (Haddock, Tintin et Milou), des portes enfoncées allègrement (un Breton qui ne dessaoule pas de la journée), mais rien qui transporte comme dans l'aventure corse. C'est bien, mais pas très bien, c'est plaisant, mais guère jouissif. Il y a une ironie mordante à découvrir vers la toute fin de l'histoire avec un container au contenu improbable échoué sur un récif qui, ultime pirouette, nous ramène au roman hard boiled et à la fatalité moralisatrice, mais la Bretagne n'est pas aussi bien traitée que la Corse. Et ça, c'est dommage...

Citation

Je suis étonnée que vous preniez au sérieux les divagations d'un individu qui n'est pas capable de s'apercevoir que la marée monte.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 16 septembre 2013
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