Flic ou caillera

J'ai autre chose à faire que d'écouter des âneries. Ma ligne réservée. Remettez de l'ordre dans vos idées. Je veux des réponses claires et précises. Commencer par celui qui a tué Rembrandt.
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samedi 20 avril

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Roman - Thriller

Flic ou caillera

Social - Assassinat - Urbain MAJ mardi 10 septembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Rachid Santaki
Paris : Le Masque, mars 2013
275 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-7024-3839-8
Coll. "Grands formats"

Actualités

  • 08/03 Édition: Parutions de la semaine - 8 mars
    Tobie Nathan fait son retour chez Rivages pendant que Sebastian Fitzek propose un nouveau thriller allemand. Mais la nouveauté de la semaine est probablement à chercher du côté des éditions du Masque, qui proposent le quatrième roman de Rachid Santaki, qui avait commis deux romans très remarqués chez Moisson rouge, Les Anges s'habillent en caillera et Des chiffres et des litres. L'auteur continue son chemin linéaire avec Flic ou caillera. On lui souhaite bien du succès.
    Quelques rééditions de bon aloi se cachent parmi les poches. Jean d'Aillon ravira les amateurs de romans historiques, quant aux aficionados de Rivages-Noir, en dehors de Tobie Nathan, ils se réjouiront de la parution de Tokyo zodiac murders, du Japonais Soji Shimada. Le roman est également richement documenté.
    Pas grand-chose en revanche qui se démarque dans les bandes dessinées. Panini comics continue d'inonder le marché en (ré)éditant quasiment tout Marvel dans de nombreuses collections. Les super-héros sont décidément immortels.
    Pas grand-chose également en littérature jeunesse. Les très jeunes pourront s'enthousiasmer des super-pouvoirs très particuliers des Minijusticiers, qui débarquent en masse, ceux qui adorent le Cluedo, trouveront un troisième opus signé Michel Leydier.
    Enfin, paraissent en documents quelques ouvrages très intéressants mais souvent pour un public très averti, adepte des colloques ou des publications universitaires comme ces Figures et langages de la marginalité aux XVIe et XVIIe siècles : actes du colloque d'octobre 2010, sous la direction de Maria Teresa Ricci.
    On vous avait prévenu !

    Fictions adulte grand format :
    La Femme sans tête, d'Antoine Albertini (Grasset, "Roman")
    Messe noire, d'Olivier Barde-Cabuçon (Actes sud, "Actes noirs")
    Une seconde chance, de Mary Higgins Clark (Retrouvées)
    Il court, il court le privé, de Joseph Farnel (Pascal Galodé)
    Le Voleur de regards, de Sebastian Fitzek (L'Archipel, "Suspense")
    Narcoses, de Nathalie Garance (In octavo)
    Les Fers maudits, de Nicole Gonthier (Pygmalion, "Policiers")
    Hipnofobia, de Salvador Macip (Blackmoon, "Thriller")
    Le Manuel du serial killer, de Frédéric Mars (Blackmoon, "Thriller")
    Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller")
    Flic ou caillera, de Rachid Santaki (Le Masque, "Grands formats")

    Fictions adulte poche :
    La Malédiction de la Galigaï, de Jean d'Aillon (J'ai lu, "Roman historique")
    Le Livre de Johannes, de Jørgen Brekke (LGF, "Thriller")
    Une cage en enfer, de Tania Carver (LGF, "Thriller")
    Le Cauchemar de l'aube, de Frédéric Dard (Pocket, "Frédéric Dard")
    Maraudeur, de Laurent Fétis (Lokomodo)
    Les Bâtisseurs de l'Empire, de Thomas Kelly (Rivages, "Noir")
    Saraka bô, de Tobie Nathan (Rivages, "Noir")
    Meurtre au dix-huitième trou, de John-Erich Nielsen (Scottish Day & Head over Hills publishing, "Head over hills présente")
    Peur sur le volcan, de John-Erich Nielsen (Scottish Day & Head over Hills publishing, "Head over hills présente")
    Le Serment des Highlands, de John-Erich Nielsen (Scottish Day & Head over Hills publishing, "Head over hills présente")
    En votre honneur, de James Patterson (LGF, "Thriller")
    Tokyo zodiac murders, de Soji Shimada (Rivages, "Noir")

    Bandes dessinées :
    Aura l'orpheline, de Roberto Baldazzini (Delcourt, "Erotix")
    X-Men : l'intégrale. 2, 1977-1978, de Christopher Claremont & John Byrne (Panini comics, "Marvel Classic")
    SOS Lusitania : cycle 1. 1, La Croisière des orgueilleux, de Patrick Cothias, Patrice Ordas & Jack Manini (Bamboo, "Grand angle")
    Qui est Jake Ellis ? de Nathan Edmondson & Tonci Zonjic (Panini comics, "Fusion comics")
    The Boys deluxe. 3, de Garth Ennis, Darick Robertson & John McCrea (Panini comics, "Deluxe Fusion comics")
    Jennifer Blood. 2, de Al Ewing & Kewber Ball (Panini comics, "100 % Fusion comics")
    Nightfall. 1, La Nuit, de Fred Fordham (Delcourt, "Comics Fabric")
    Man-thing, de Steve Gerber & Kevin Nowlan (Panini comics, "Marvel graphic novels")
    Secret warriors. 3, Renaissance, de Jonathan Hickman & Brian Michael Bendis (Panini comics, "Marvel Deluxe")
    Doctor Who. 7, À la croisée des mondes, de Tony Lee, Richard Rayner & Tim Hamilton (French Eyes)
    Judge Dredd : intégrale. 3, Années 2101-2102, de Pat Mills & John Wagner (Soleil, "Soleil US comics")
    Tapage nocturne, de Ariane Pinel (L'Œuf)
    The Goon. 10, Malformations et déviances, de Eric Powell & Evan Dorkin (Delcourt, "Contrebande")
    L'Escadrille Lafayette, de Wallace & Patrick Rivéra (Zéphyr BD)

    Littérature de jeunesse (documentaire) :
    Sur les traces de la police scientifique, de Patrick Rouger (Le Pommier, "Les Minipommes")

    Littérature de jeunesse (éveil) :
    Spider-Man 2, Marvel comics (Hachette jeunesse-Disney, "Le Monde secret")
    7 histoires pour la semaine : Spider-Man, Walt Disney company (Hachette jeunesse-Disney)

    Fictions jeunesse :
    Fausse alerte, de Gregory Baranès, Vincent Costi & Fabrice Ravier (Albin Michel, "La Bande des minijusticiers")
    Greg, de Gregory Baranès, Vincent Costi & Fabrice Ravier (Albin Michel, "La Bande des minijusticiers")
    Marion, de Gregory Baranès, Vincent Costi & Fabrice Ravier (Albin Michel, "La Bande des minijusticiers")
    Olivier, de Gregory Baranès, Vincent Costi & Fabrice Ravier (Albin Michel, "La Bande des minijusticiers")
    Yvon, de Gregory Baranès, Vincent Costi & Fabrice Ravier (Albin Michel, "La Bande des minijusticiers")
    Proie idéale, de Charlotte Bousquet (Rageot, "Thriller")
    Le Soir de nos 13 ans, d'Évelyne Brisou-Pellen (Oskar, "Polar")
    De l'eau dans le gaz en Cévennes, d'Anne Jercilof (Du bout de la rue, "Detectivarium")
    Le Baiser de l'araignée, de Roger Judenne (Oskar, "Polar")
    Cluedo. 3, Monsieur Olive, de Michel Leydier (Bibliothèque verte, "Aventures sur mesure")
    Go just go, de Joe Schreiber (De La Martinière jeunesse)

    Criminologie & prison :
    La Nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation. 59, Des enseignants et des élèves... en prison, sous la direction de Daniel Beauvais & Cécile Rambourg (INS-HEA)
    Les Grandes affaires criminelles élucidées par la police scientifique, de David Owen (Terres)

    Problèmes sociaux & sécurité :
    Mort pour la France : Mohamed Merah a tué son fils, de Latifa Ibn Ziaten (Flammarion)

    Presse :
    La Chronique criminelle dans la presse de Puy-de-Dôme de 1852 à 1914, de Sébastien Soulier (Fondation Varenne, "Collection des thèses")

    Littérature (théorie & études) :
    Figures et langages de la marginalité aux XVIe et XVIIe siècles : actes du colloque d'octobre 2010, sous la direction de Maria Teresa Ricci (H. Champion, "Le Savoir de Mantice")
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À bout de souffle...

Saint-Denis. Ça commence par une exécution. Le narrateur se prend une balle dans le buffet. Out. Vingt-deux ans. Rendu à l'essentiel dans cet incipit qui est comme un long rap ébloui. Octobre 2005. Rappelez-vous : les émeutes de banlieues, ce paysage urbain dévasté, la police dépassée. Saint-Denis a cramé, mais pas autant que Clichy ou Anthony. Rappelez-vous : la rage emportait les banlieues françaises, devenues de vraies ghettos. Et Paris s'inquiétait. Sans trop s'intéresser à la misère crasse dans laquelle ces banlieues étaient plongées. Leur vie pétée de mauvais plans en galères, en passant presque toujours par la case prison.
À Saint-Denis, une jeune fliquette jolie, brillante, est chargée de maintenir l'ordre. Non pas contre le désordre précaire des révoltes car on a envoyé l'armée pour ça, les gardes mobiles. Non : l'ordre d'une ville livrée au chaos, celui des quartiers du boulevard Marcel Sembat plutôt que du quartier des Affaires. Najet, commissaire de la diversité dirait-on aujourd'hui stupidement. Fille d'un tapin et d'un flic algérien. Commissaire écœurée devant le nombre de ripoux qui peuplent les brigades de Saint-Denis. Piégée aussi, par ses origines, et contrainte d'enquêter sur une sale affaire de médocs pourris diffusés par la très officielle Agence du Médicament, des milliers de victimes à son actif, en toute impunité – comme souvent en France quand il s'agit de santé publique... Najet va contraindre Medhi de devenir son indic, un beur encore, voire de subtiliser à l'Agence où il bosse comme coursier un épais dossier sur lequel un avocat civil veut mettre la main pour dénoncer enfin publiquement ce scandale. Najet piége de fait Medhi, harcelé par le caïd de Saint-Denis depuis que son frère a voulu l'entourlouper.
Guetteurs, rabatteurs, les drogues saisies et détournées, c'est toute l'atmosphère des banlieues qui nous est restituée comme de l'intérieur dans ce polar intense. Du rôle des caïds de la drogue dans l'échec des révoltes banlieusardes, à la mauvaise conscience des flics issus de l'immigration qui n'oublient pas, ne peuvent oublier octobre 1961.
Novembre 2005. La banlieue Nord explose. L'État d'urgence va être décrété. L'État français avoue son impuissance et surtout, sa volonté de ne rien faire pour les banlieues. De fait, les caïds prennent le relais et règlent à leur manière cette parenthèse, irriguant de leur violence la ville des quartier abandonnés avec leur vie moche aux odeurs d'excréments et d'urine, cette vie collective tant abîmée par les parcours déchirés. Medhi, lui, se fera la belle, Saïd le caïd à ses trousses, Najet en embuscade pour le sauver peut-être du devenir insalubre qui l'attend : la vraie grosse misère pour tous, exceptée pour cette minorité qui s'en fout plein les poches. La vraie grosse misère, avec la langue pour seul réconfort, cette langue qui mine de rien a traversé de part en part la culture française, celle d'un rap qui fuse sans répit dans ce roman, une vraie baston de mots et d'inventions langagières qui auraient pris la mesure de l'inespéré de l'esprit du street art, quand la recherche du mur pour exister remplit seul les cases d'une identité refusée par la République. Au final, non pas un roman militant, mais un coup de poing, le surgissement d'une voix authentique car autre.

Citation

La seule fois où j'ai voulu quitter Saint-Denis, je me suis retrouvé percé par la violence qui m'a bercé.

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 23 septembre 2013
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