L'Apocalypse des homards

Une chose était sûre ; on l'avait baladé, on l'avait manipulé, on l'avait trahi. Mais il avait quand même échappé au pire. Et puis Marlène lui avait bien donné un petit coup de pouce au final non, il n'avait pas rêvé ?
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mardi 19 mars

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Nouvelle - Insolite

L'Apocalypse des homards

Social MAJ mardi 25 juin 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Public averti

Prix: 15 €

Jean-Marc Agrati
Évry : Dystopia Workshop, novembre 2011
312 p. ; 18 x 12 cm

Homard m'a tuer

Drôle d'expérience que la lecture de L'Apocalypse des homards. Des nouvelles et des shots, allant de quelques pages à un paragraphe où ça décapite, ça viole, ça éventre, ça pend, ça se moque, ça tente des trucs un peu partout, tout le temps. On est pris dans une espèce de tourbillon surréaliste de violence, de sexe et de quotidien abrutissant, une espèce de science-fiction (de fantastique ? de fantasme ?) complètement déjantée qui met souvent mal à l'aise, parfois très mal à l'aise. On balance entre le rire et le dégoût avec cette sensation de survivre à des rêves hallucinés qui n'hésitent pas à aller frayer du côté des cauchemars. Pour autant, on reste dans la chair, dans le concret des odeurs et des corps, parce que si "l'organique reste, la connerie s'évapore."

Le moins que l'on puisse dire c'est que Jean-Marc Agrati ne s'embarrasse pas du politiquement correct, tant ses personnages sont bruts : "Et moi, je n'en pouvais plus. Des tarlouzes qui envoient des lettres et qui se piquent de poésie, c'était vraiment le segment social de trop dans ce putain de faux jardin." Parce que ses personnages sont fatigués et énervés, Agrati aborde frontalement les thèmes de la vieillesse, de la mort, de l'amitié, de l'esclavage du quotidien et de la perte des idéaux, de cet étau de la toute puissance économique ("Je vais profiter du différentiel économique pour me goinfrer de putes"). Cette toute puissance qui brise les rêves, favorise les ambitieux et n'interdit pas un match de foot avec la tête d'un employé de la mairie parce que "quand ils nous prennent pour des cons on les décapite". C'est pas si compliqué dans le fond.

Pas si compliqué mais impossible à résumer, tant le livre recèle de pépites, tant il désarçonne le lecteur. Les titres des nouvelles sont des perles en soi, qu'il s'agisse de la fin du sucre étanche, de la solitude lavable, de la poule des ténèbres, des pertes blanches automatiques ou de l'inverse du lapin. On est brinquebalé, passé à l'essoreuse, ça pique, ça fait mal... et on a la sensation de ne jamais avoir lu un truc pareil. Et rien que pour ça, on peut remercier Agrati pour son génocide de crustacés et de bons sentiments.

Citation

On se toise, on ne s'aime pas. On se fragmente à l'infini. Le charcutier regarde d'un sale œil le boulanger et le jambon beurre est un complot du barman pour les enculer tous les deux.

Rédacteur: Gilles Marchand mercredi 19 juin 2013
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