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Roman - Thriller

Descente en enfer

Tueur en série - Secte MAJ mardi 04 juin 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,95 €

Douglas Preston & Lincoln Child
Two Graves - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sebastian Danchin
Paris : Archipel, mai 2013
400 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-1127-8

Au bonheur du savanturier

On ne peut pas dire que l'auteur bicéphale Lincoln & Child se repose sur ses lauriers : tout en continuant la relativement décevante série consacrée à Gideon Crews, visant le public des Lee Child ou James Patterson, Lincoln Child sort en solo son meilleur roman à ce jour avec La Troisième porte et, au passage, le duo clôture en beauté la trilogie interne (du moins est-ce ainsi qu'elle apparaît sur leur site) consacrée à Helen, l'épouse perdue de Pendergast.

On avait quitté ce dernier en mauvaise posture après une fusillade mortelle et la disparition de cette fameuse Helen qu'il venait à peine de retrouver. Ce roman s'ouvre sur une course-poursuite très hollywoodienne qui instaure un doute : Gideon Crews, aux aventures très (trop !) cinématographiques, aurait-il déteint sur Pendergast ? Que nenni ! La suite le prouve. On retrouve donc notre ami d'Agosta, le plus ancien personnage de la série (présent dès Relic) confronté à un criminel surnommé "le tueur des hôtels" qui dépèce ses victimes dans des chambres d'hôtel — et un détail va pousser le lieutenant à demander l'aide de Pendergast, tant le meurtrier est intrinsèquement lié à l'inspecteur excentrique et à "Der Bund", la secte néo-nazie qu'il pourchasse.
De son côté, toujours en quête de son père, Corrie découvrira quelques secrets peu reluisants. Et quid de Constance, la soi-disant aliénée prétendant être âgée de cent cinquante ans ?

À travers cette intrigue à la fois tourmentée et limpide qui se terminera au Brésil, on retrouve tout ce qui fait le bonheur des fans de la série de Pendergast, mais aussi des personnages secondaires qu'on a appris a aimer et qui donnent au tout les atours d'une saga : ce mélange de modernisme et de roman-feuilleton populaire du XIXe siècle, ou ce qu'on appelait alors "Aventure et mystère" sous l'égide d'Émile Gaboriau et son disciple Arthur Conan Doyle à Gaston Leroux ou Henry Rider Haggard, fait par des érudits passionnés qui connaissent toutes les ficelles, tous les archétypes dont ils jouent avec un plaisir évident, mais aussi avec une grande humilité, se posant dans la continuité des grands populistes (au sens noble) sans jamais prendre de haut le genre ou jouer le jeu du postmodernisme cynique.
C'est peut-être ce qui impose le côté jubilatoire de leurs écrits et cette constance dans la qualité qui force l'admiration et fait le délice des aficionados (dont, vous l'aurez compris, votre humble serviteur). Et cette mini-série pleine de bruit et de fureur (l'assaut final évoque curieusement plus les grands films de guerre du passé pas si lointain qu'une hollywooderie moderne bourrée d'effets flash et de montage illisible) se clôt sur un très beau moment d'intimisme extrêmement satisfaisant. Et comme K-libre a des yeux partout, on nous chuchote dans l'oreillette que le prochain volume indépendant des Pendergast, White Fire, tout en gardant les qualités précitées, place à nouveau la barre très haut. Et même très, très haut... Mais comment font-ils ?

Citation

Seule tache sur le blason de la ville, une vieille demeure délabrée, digne de la famille Addams, élevait sa silhouette sinistre à quelques dizaines de mètres de là : une ruine aux volets arrachés, aux tuiles manquantes, à la pelouse dévorée par les mauvaises herbes. Il ne manquait plus que l'ombre grimaçante de l'oncle Fétide à l'une des fenêtres de l'étage.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 04 juin 2013
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