L'Arc-en-ciel de verre

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Roman - Noir

L'Arc-en-ciel de verre

Ethnologique - Tueur en série - Enquête littéraire MAJ mardi 21 mai 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

James Lee Burke
The Glass Rainbow - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, mai 2013
24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2520-7
Coll. "Thriller"

Crime et châtiment au soleil

Pourquoi regarde-ton les films avec Louis de Funès ou les dessins animés avec Will le coyote alors que l'on sait par avance la fin et quasiment toutes les péripéties ? Peut-être pour la même raison que l'on se précipite sur le dernier roman de James Lee Burke avec la certitude de suivre des personnages empathiques que l'on apprécie, dans des aventures renouvelées même si elles sont codifiées à l'extrême.

D'un côté Dave Robicheaux et son ami Clete Purcel, toujours au bord de leurs pulsions suicidaires qui les font aller jusqu'au bout de ce qu'ils considèrent comme la justice et un monde plus sain, même si, pour ce faire, ils doivent s'opposer aux autres forces de police. Pris dans leurs contradictions, la violence qui effleure à chacun de leurs gestes, leur virilité triomphante et leur volonté d'un monde plus calme, ils sont décrits dans une complexité qui n'a rien à envier à celles des héros de Faulkner ou de Dostoïevski. De l'autre, les "méchants" - mélange d'aristocrates décadents du Sud, dont la fortune basée sur l'esclavage, continuent à s'enrichir sur le dos des populations -, repris de justice, qui jouent avec la loi et forces puissantes qui agissent dans l'ombre (gouvernement ou mafia). Entre les deux, James Lee Burke dessine avec soin tout le monde de la Louisiane : petits propriétaires blancs écrasés par le rouleau compresseur capitaliste, jeunes femmes livrées en pâture, prostituées et petits dealers qui croient avoir leur place dans le monde interlope et ne sont souvent que de la chaire à canon, flics corrompus et femmes vénales, etc. Le style du romancier rend en quelques traits ces personnages comme autant d'êtres humains vivants et proches de nous.

James Lee Burke, à travers cette histoire où intervient un tueur en série (mais il a la délicatesse de ne rien nous dire des horreurs que pourtant il voit enregistrées sur un DVD par le coupable, décrivant la violence âpre des combats au corps à corps) montre un Dave Robicheaux qui sent s'approcher la mort, symbolisée par des visions du passé qui reviennent hanter notre policier : superbes images de bateaux à aube dans lesquels ont pris place amis et ennemis morts le saluant de loin. Des paysages de la Louisiane, dans des décors évoqués avec force, des rappels constants d'un passé "colonial" qui ne passe pas (l'un des personnages centraux de ce livre est un écrivain qui écrit sur le Sud profond avant la guerre de Sécession). Mais si on lit un roman de James Lee Burke, c'est avant tout parce que dans un cadre connu, de subtiles variations, des pensées fines et subtiles sur la mort, le châtiment, le péché, le besoin de rédemption, l'auteur arrive toujours à se régénérer et à créer le métro émotif, ce wagon dans lequel nous entrons et qu'il est impossible de quitter avant l'arrêt à la station finale.

Citation

Je me remis sur pied et, comme notre ancêtre aux sourcils épais, aux gros bras, aux épaules voutées, je me dirigeais le long de la rive en direction de l'horizon sur le sud, le .45, canon abaissé, dans ma ceinture, l'arme de mon ennemi mort dans la main, ma gorge sèche d'une soif telle qu'elle semblait être celle de quelqu'un d'autre.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 17 mai 2013
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