Le Crépuscule des Gueux

Son cul le picotait terriblement, tel Spiderman pressentant un danger.
Sam Millar - Le Cannibale de Crumlin Road
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Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Le Crépuscule des Gueux

Social - Gang MAJ mercredi 03 avril 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 11,2 €

Hervé Sard
Préface de Joël Gastellier
Bihorel : Krakoen, décembre 2011
296 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 979-10-90324-14-5
Coll. "Forcément noir"

Actualités

  • 25/10 Édition: Parutions de la semaine - 25 octobre
    Dans une semaine pauvre en nouveautés, synonyme de fin de rentrée littéraire, les éditions Albin Michel surfent sur la vague de la série télévisée Hannibal pour ressortir en grand format la trilogie de Thomas Harris. Pas grand-chose à se mettre sous la dent hormis une petite nouveauté de Jean-Bernard Pouy à l'atelier In8 et quelques rééditions dont Le Crépuscule des Gueux, de Hervé Sard, et Disparitions, de Natsuo kirino. Rien de bien spécial non plus en jeunesse et en bandes dessinées (où les comics sur fond de super-héros prennent définitivement l'ascendant). Les amateurs de Bebel se réjouiront de la sortie d'une encyclopédie le concernant. Bien sûr, l'acteur n'a pas fait que jouer dans des polars, mais nous n'oublierons pas qu'à ses débuts il a été Pierrot-le-Fou !

    Fictions adulte grand format :
    Le Boucher de Malemort ; La Benoîte-Affique ; L'Écorcheur de Cadolive, de Bruno Carpentier (Italiques, "Crimes de pays")
    Mort brûlante, de Richard Castle (City, "Thriller")
    Tell no one, de Harlan Coben (Harrap's, "Yes you can!")
    Escort girl à louer, de Joseph Farnel (Pascal Galodé)
    Jalousie assassine, de Lou Gévaudan (TDO, "Collection noire")
    La Traque, de Denis Grienenberger (Thot, "Au-delà de l'illusion : thriller")
    Dragon rouge, de Thomas Harris (Albin Michel)
    Hannibal, de Thomas Harris (Albin Michel)
    Le Silence des agneaux, de Thomas Harris (Albin Michel)
    Harry Dickson : nouvelles aventures inédites, collectif (du Masque d'or, "Adrénaline")
    Barby blue, d'Olivia Koudrine (Le Cherche midi, "Thriller")
    Glaciales glissades, de Philippe Le Douarec (Glyphe)
    Dans la rue j'entends les sirènes, d'Adrian McKinty (Stock, "La Cosmopolite noire")
    Cauchemar en Champsaur, de Jean-Luc Noémi (Sokrys)
    La Rivière d'acier, de T. Jefferson Parker (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Ça va m'occuper, de Laurent Pocry (Coätquen, "Policier")
    Calibre 16 mm, de Jean-Bernard Pouy (In8, "Polaroïd")
    Repose en paix, Ann, de Pascale Rémondin (du Masque d'or, "Adrénaline")
    Je serai toujours là, de Philippe Savin (Pôle, "Pôle noir")
    Une énigme au-delà du temps, de Marcello Simoni (Michel Lafon)
    Crise majeure, de Grégoire Soukiassian (Riveneuve)
    Plan D, de Simon Urban (Stock, "La Cosmopolite noire")

    Fiction adulte poche :
    Les Loups gris, de Christian Blanchard (du Palémon)
    Vendredi noir sur l'Arcouest, de Michèle Corfdir (Alain Bargain, "Enquêtes & suspense")
    L'Étrange confession de Sterling B., de Patrice Dumas (Malvern link, "Les Dossiers de M. & Mc")
    Mille ans..., de Patrice Dumas (Malvern link, "Les Dossiers de M. & Mc")
    Le Baiser de Judas, de Anna Grue (Points, "Policiers")
    Les Empochés de Saint-Nazaire, de Hervé Huguen (Alain Bargain, "Enquêtes & suspense")
    Vive la F.A.R.C.E. !, de Zilber Karevski (Après la lune, "Lunes blafarde")
    Disparitions, de Natsuo Kirino (Points, "Thriller")
    Sans broderie ni dentelle : pays bigouden, de Firmin Le Bourhis (du Palémon)
    Le Murmure de l'ogre, de Valentin Musso (Points, "Thriller")
    Au bal des rombières, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio")
    San-Antonio met le paquet, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio")
    Le Crépuscule des gueux, de Hervé Sard (Après la lune, "Lunes blafardes")
    Kreiz Breizh en danger : enquête en Centre-Bretagne, de Laurent Ségalen (Ouest et compagnie, "Roman policier")
    Maigret et la nuit, de Georges Simenon (Le Livre de poche, "Policier")
    À bout de course !, de Richard Stark (Rivages, "Noir")
    Voir Cézembre et mourir : Saint-Malo, de Roger-Guy Ulrich (Ouest et compagnie, "Roman policier")

    Bandes dessinées :
    The Avengers : the crossing, collectif (Panini comics, "Marvel Omnibus")
    Avengers vs X-Men, collectif (Panini comics, "Marvel absolute")
    Miami's fever, de Jean-Claude Bartoll & Luc Brahy (Dargaud)
    XIII mystery. 6, Billy Stockton, de Laurent-Frédéric Bollée & Steve Cuzor (Dargaud)
    Sherlock Holmes et la conspiration de Barcelone, de Sergio Colomino & Jordi Palomé (Marabout, "Marabulles")
    Cyber. 2, Le Métal sous la peau, de Cordurié & Zivorad Radivojevic (Soleil, "Anticipation")
    On ne prend plus de gants, de Garth Ennis, Darick Robertson & Russ Braun (Panini comics, "Fusion comics")
    Nightwing. 2, La République de demain, de Kyle Higgins & Eddy Barrows (Urban comics, "DC renaissance")
    Notre-Dame de Paris : l'intégrale, de Victor Hugo & Benjamin Lacombe (Soleil, "Métamorphose")
    Retour au XXIe siècle, de Geoff Johns & Gary Frank (Urban comics, "DC signatures")
    La Ligue des gentlemen extraordinaires : le dossier noir, de Alan Moore & Kevin O'Neill (Panini comics)
    La Mort de Superman. 2, Le Règne des supermen, collectif (Urban comics, DC essentiels")
    Earth X, de Alex Ross & Jim Krueger (Panini comics, "Marvel Omnibus")
    Johnny, de Martin Singer (Jarjille, "BN2")
    American vampire. 4, Course contre la mort, de Scott Snyder & Rafael Albuquerque (Urban comics, "Vertigo classics")
    Y, le dernier homme, 3, de Brian K. Vaughan & Pia Guerra (Urban comics, "Vertigo essentials")

    Mangas :
    Reborn ! : mon prof le tueur. 38, Voilà la levée de la malédiction !, de Akira Amano (Glénat, "Shonen manga")
    Professeur Layton et l'étrange enquête. 4, de Naoki Sakura (Kaze Manga, "Kids")
    Master Keaton. 4, de Naoki Urasawa (Kana, "Big Kana")

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Moi, Stevenson, de Jean René (Bulles de savon, "L'Aventure de ma vie")

    Fictions jeunesse :
    Disparu !, de Laurence Fantuz (Les Lucioles, "Les Aventures d'Agathe Revais")
    La Bobine d'Alfred, de Malika Ferdjoukh (L'École des loisirs, "Médium")
    Mysterio, de Marvel comics (Hachette jeunesse, "Bibliothèque verte")
    Le Mystère du chat empaillé, de Jean-Michel Payet (Milan jeunesse, "Polar")
    Mortels petits mensonges, de Laurie Faria Stolarz (Le Livre de poche jeunesse, "Jeunes adultes")
    Une mystérieuse disparition, de Jacqueline J. West (Le Seuil jeunesse, "Fiction grand format")

    Télévision & radio :
    Le Petit Audiard illustré par l'exemple, Le Petit Gabin illustré par l'exemple, de Michel Audiard & Jean Gabin (Nouveau monde)
    L'Encyclopédie Belmondo, de Guillaume Évin & Géga (Hugo et compagnie)

    Criminologie & prison :
    Les Scandales de la République : de Panama à l'affaire Cahuzac, de Jean Garrigues (Nouveau monde)
    Un prisonnier russe, de Mikhaïl Khodorkovski (Steinkis, "Sans filtre")
    Cinq ans de cauchemar, de Éric Martin, Julie Martin & Manuel Sanson (City, "Témoignage")

    Problèmes sociaux & sécurité publique :
    Itinéraire d'un officier de sapeur-pompiers : ma grand-mère, le sociologue et le charcutier-peintre, de Michel Marlot (Des pompiers de France)
    Im Dienst = En service = On duty, de Arnold Odermatt (Steidl)
    Un ancien patron des CRS se souvient : un demi-siècle au service de la République, de Robert Pinaud (L'Harmattan, "Graveurs de mémoire")
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  • 03/05 Prix littéraire: Sélection 2013 des Ancres noires

Des gueux pas dégueus...

Parfois je me représente le travail des historiens du futur – disons du XXIII ou XXIVe siècle pour compter large – et je les vois, penchés sur leur table de travail (eh oui, ils ont encore des tables de travail, sans doute dotées d'écrans hologrammes ou de gadgets du même genre, certes, mais table de travail quand même). Ils ont récupéré plein de livres publiés dans les premières années du XXIe siècle (derniers spécimens du genre car les livres en papier disparaîtront définitivement quelques décennies plus tard) et ils s'efforcent de comprendre à quoi ressemblait la vie quotidienne en ces temps reculés et barbares. Devant eux : des ouvrages scientifiques, des essais sociologiques, philosophiques, économiques, des mémoires de footballeurs milliardaires, des portraits d'hommes politiques, des romans par milliers, mettant en scène des héros improbables aux destins peu crédibles. Et, au milieu de cette masse indigeste, des romans noirs. J'imagine ces historiens du futur hésiter quelques instants, balancer à la corbeille (enfin dans leur broyeur électro-moléculaire) tous les ouvrages inutiles, et ne garder que ceux qui leur parlent vraiment des hommes tels qu'ils sont, humains et trop humains : les romans noirs.

Nul doute que, dans ces archives ethnologiques futures, Le Crépuscule des Gueux d'Hervé Sard aura sa place parmi les livres les plus instructifs.

L'action se situe à la périphérie parisienne, aux abords d'une voie ferrée. Une poignée de cabanons, construits de bric et de broc, s'alignent à quelques mètres des rails. C'est le domaine des "Gueux" : Môme, Boc, Betty, Luigi, Capo et Krishna, marginaux qui ont trouvé là un espace de vie que personne ne songe à leur contester. Leur train-train (près d'une voie ferrée, normal !) est pourtant perturbé par la mort de trois femmes retrouvées découpées façon viande hachée sur les rails. Suicides ? Meurtres ? Crimes en séries perpétués par un tueur mystérieux surnommé "Le Dingue" ? Ça, c'est au capitaine Evariste Blond (prononcer "blonde") et à sa stagiaire Christelle Augier (rebaptisée Audoin page 144 !) de le déterminer.

L'enquête est rondement menée, haletante, riche en rebondissements et en horreurs. La chute est un peu précipitée à mon goût, mais l'essentiel du livre n'est pas là, selon moi. Sa richesse réside dans son humanité : des personnages de flics aux habitants du domaine des Gueux, tous les protagonistes de ce roman sont justes et attachants. Hervé Sard n'a pas essayé d'en faire des tonnes. La description qu'il nous propose de sa petite communauté de SDF est même quelque peu troublante, car il prend malicieusement le contrepied des préjugés communs. Non seulement les SDF qu'il met en scène ne ressemblent pas à ces sauvages brutaux, misérables délinquants, inadaptés, handicapés sociaux, que les médias et les discours habituels nous donnent à voir quotidiennement, mais bien des hommes et des femmes qui ont su se construire un univers de survie dans lequel ils sont raisonnablement heureux.

Car les Gueux d'Hervé Sard n'ont besoin de rien, ou presque. Ils ont appris à vivre en quasi autarcie : quelques légumes cultivés autour des cabanes, des poules, des lapins, un peu de chine à droite à gauche, dans les poubelles des supermarchés, quelques magouilles, un pétard ou un litre de rouge selon les goûts, et la vie est belle. Enfin belle, peut-être pas, mais pas pire que celle de tous ces Franciliens qu'ils voient défiler dans les RER, à longueur de journées, qui tirent la gueule du matin au soir, usés par le boulot, le loyer à payer, la mensualité de la voiture, les conneries des gamins...

Le Crépuscule des Gueux, en plus d'être un roman noir très agréable, est un livre qui pose de vraies questions, presque philosophiques, sur le bonheur, sur la différence entre le superflu et le nécessaire, sur les préjugés et la consommation de masse. La conclusion d'Hervé Sard est peu rassurante (d'autant moins rassurante qu'elle est très plausible) : le temps des Gueux est compté. Ils arrivent au crépuscule de leur histoire. Dans quelques années, quelques décennies peut-être, le modernisme et la société de consommation ne permettront plus à qui que ce soit de vivre en marge du système. Oh, les arguments seront bons : principe de précaution, solidarité, raisons sanitaires, humanisme... Autant de nobles sentiments qui, paradoxalement, interdiront aux Gueux de survivre et de rappeler du même coup au reste du troupeau qu'il peut exister d'autres façons de vivre, d'autres façons d'habiter la Terre et d'en jouir sans la détruire.

Les historiens du futur auront peut-être un petit coup de blues, finalement, en lisant Le Crépuscule des Gueux : les humains du XXIe siècle ne sont pas passés loin d'un monde meilleur... mais ils sont quand même passés à côté !

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Nominations :
Prix des lecteurs Ancres noires 2013

Citation

Mais bientôt, des gueux, y en aura plus. C'est le crépuscule, m'sieur. Le soleil, y s'est couché.

Rédacteur: Stéphane Beau mercredi 13 novembre 2013
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