Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur

Poirot repris en main le marteau à sucre et s'approcha de la fenêtre pour le mieux examiner. Il repéra sur la lame de petites taches décolorées, à peine visibles. Il se mit à réfléchir, tout en taquinant sa moustache.
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Roman - Thriller

Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur

Historique - Tueur en série MAJ lundi 04 février 2013

La recette des tripes à la mode de Londres

Le roman s'ouvre sur une carte victorienne du fameux Whitechapel et de Spitafield, son quartier adjacent, en 1894 soit six ans après les cinq meurtres attribués à Jack l'Éventreur : Mary Ann Nichols le 31 août 1888, Annie Chapman, le 8 septembre, Elizabeth Stride et Catherine Eddowes le 30 septembre, à une heure d'intervalle, et enfin Mary Jane Kelly le 9 novembre, "point d'orgue" du serial killer qui eut tout le temps, dans la pauvre chambre n° 13, de mettre en scène ses sanglants talents. Mais le début du roman est pour le moins déstabilisant puisqu'il commence avec le journal intime de Mrs Pritlowe, une infirmière dans le Londres bombardé en 1941, journal dont les caractères en italiques vont s'avérer le corps du roman ce qui est un choix typographique pas forcément heureux pour la lecture. Insérés entre ces chapitres de 1941, voilà des témoignages écrits et des portraits courts, issus de l'enquête en novembre 1888 après le meurtre de Mary Kelly. S'y ajoutent des scènes romancées sur l'avant et l'après de ce meurtre ainsi que des flash-back tout aussi romancés sur les autres meurtres précédents. Ce choix de tronçonner son roman avec des allées et venues entre 1941 et plusieurs périodes de 1888, alors qu'on le lit en 2013, oblige à une gymnastique de l'esprit que la mode actuelle des docu-fictions rend sans doute plus facile.

Le fil conducteur est vite annoncé : la narratrice infirmière est la fille de Mary Kelly ! L'apprenant sur le tard après la mort de son père, elle se lance dans une enquête sur ses origines. Elle intègre un cercle érudit de "ripperologues" et fouille les archives. Elle rencontre la voisine de Mary Kelly encore vivante en 1941 et qui la gardait, bébé de deux ans à peine, dans la chambre juste au-dessus de celle de sa mère. Enfin, Mrs Pritlowe rencontre le peintre Walter Sickert, mort le 22 janvier 1942 à Bath. Celui-ci est devenu célèbre par les motifs récurrents de ses tableaux faisant penser à des scènes de meurtres sublimées de Jack l'Éventreur. De là à en faire un coupable idéal pour Patricia Cornwell. Mais notre infirmière ne se contente pas de réaliser un voyage "matériel", elle va aussi user des moyens novateurs de l'hypnose avec la professeur Renshaw qui retient notre héroïne pour son protocole de recherche sur les souvenirs de la petite enfance avec le médium Mrs Turnipp. Nous voilà donc dans un voyage "immatériel" qui va conduire notre infirmière à découvrir la vérité puisqu'elle a tout vu à travers les lames du plancher !

Michel Moatti, universitaire et journaliste de formation, est un passionné de Jack l'Éventreur, qui a tout lu sur le sujet. Par son style, il réussit à brosser l'ambiance de ces quartiers misérables où frappa le tueur à la lame. Grâce aux témoignages des proches, aux listes de leurs vêtements, à leurs déplacements avérés, leurs rencontres et leur vie, il nourrit ses portraits de victimes, filles perdues, alcooliques et malades. Il y joint un talent certain à brosser une société de caniveau exploitée par des entreprises esclavagistes. On notera d'ailleurs que la scène la plus impressionnante n'est pas un meurtre mais le récit d'une manifestation d'allumettières dont celles du premier rang sont masquées, on comprendra pourquoi...

Au final, ce roman pourrait ne pas en être un. C'est même son ambition annoncée puisqu'on lit en quatrième de couverture dans le bandeau rouge que Michel Moatti, d'ailleurs membre de la Whitechapel Society de Londres "offre une nouvelle thèse, preuves à l'appui, sur la véritable identité du plus mystérieux tueur en série de tous les temps". Mais les documents et indices de cette nouvelle vérité sont noyés dans une fiction toute romanesque et en pâtissent. Romancière, Patricia Cornwell avait pris soin d'éviter la fiction pour son rapport (controversé quant à sa qualité littéraire) sur l'Éventreur, lui donnant un statut a priori plus percutant. Michel Moatti a fait le choix inverse.

Voilà donc un titre hybride, patchwork de plusieurs romans non aboutis mais dont l'ensemble constitue une curiosité qui titille l'imagination avec ce nouveau coupable. Il est lesté d'un séduisant "carnet d'enquête" de l'auteur, ainsi que de notes personnelles motivantes où celui-ci s'interroge sur sa passion.

Nominations :
Prix Historia du roman policier historique 2013

Citation

Mais le plus important sans doute dans l'épisode nocturne au cours duquel Long Liz a été égorgée dans Dutfield's Yard, sous les fenêtres de l'International Working Men's Educational Club – en vérité une sorte de café politique fréquenté surtout par des Juifs d'Europe centrale et des socialistes – c'est que Jack était là, coincé au-devant des roues de la carriole de Louis Diemschutsz, un commerçant qui remisait son attelage.

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 31 janvier 2013
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