Munitions

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jeudi 18 avril

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Roman - Policier

Munitions

Humoristique - Tueur à gages - Faits divers MAJ mardi 29 janvier 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Ken Bruen
Ammunition - 2007
Traduit de l'anglais (Irlande) par Daniel Lemoine
Paris : Gallimard, octobre 2012
240 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012545-6
Coll. "Série noire"

Nettoyages londoniens

Le R&B n'est pas le dernier courant musical tout droit sorti des clubs à la mode de la bonne vieille cité londonienne. C'est juste les initiales accolées l'une à l'autre du nom de deux flics qui composent le désormais célèbre duo Roberts et Brant. Munitions est donc le septième volet de leurs aventures, et il est également annoncé comme le dernier de la série. Alors Ken Bruen ne perd pas une page pour démarrer son histoire virevoltante. L'entrée en matière se fait avec le suffisant sergent Brant. Il est tranquillement dans un pub en train de se remettre de la mort de son idole, l'écrivain Ed McBain. Comme quoi, on peut avoir le nez dans des enquêtes à longueur de temps et avoir encore l'envie de se distraire en se plongeant dans des romans policiers. Bref, l'heure n'est pas donc à la liesse pour Brant en ce début juillet 2005 où Londres panse les plaies de la série d'attentats qui vient de traumatiser la population. Il est accoudé au bar en train de siroter un bon whisky en compagnie de Nash, un collègue flic . À première vue, leur association est un peu étrange mais c'est sans doute la particularité de l'être humain que de pouvoir se lier d'amitié avec son opposé. Brant représente plutôt l'archétype du flic buté, macho et un peu perverti ; Nash, quant à lui, est totalement intègre et ne cache pas non plus son homosexualité. Mais au final, l'amitié est pourtant présente entre ces deux policiers que quelque part tout oppose. Ce moment de quiétude va être brisé par l'irruption d'un tireur isolé qui vise volontairement Brant. Il est touché par une balle mais doit la vie à Nash qui va le plaquer au sol pour éviter les tirs suivants.

La question est donc de savoir qui peut en vouloir à Brant au point de commanditer un assassinat contre sa personne. La réponse n'est peut-être pas si évidente que ça à trouver car, même parmi les rangs de la police, des voix s'élèvent pour regretter que le tireur ait raté sa cible. Le seul à vouloir vraiment retrouver le coupable est Nash et, dans cette quête pas très populaire, il va trouver un soutien en Wallace, un spécialiste américain en terrorisme détaché en Angleterre pour épauler ses collègues britanniques dans la lutte contre le terrorisme.
La convalescence de Brant va permettre à ses coéquipiers de se mettre en avant comme Falls par exemple. Elle vient tout juste de recevoir ses galons de sergent, et c'est pourquoi elle veut absolument réussir sa première enquête et semble prête à tout pour mettre le premier venu sous les barreaux. Elle bosse sur une affaire de happy slapping. C'est le truc à la mode, qui consiste à choisir n'importe qui dans la rue et à lui coller dans la seconde une gigantesque gifle. Le tout se fait sous le viseur de la caméra de complices qui n'en perdent pas une miette. Ensuite, le plus drôle est de partager la vidéo sur Internet, à moins que ce ne soit le plus affligeant. Les cas se multiplient et Falls est sur le qui-vive pour faire tomber à tout prix ces bandes de sauvageons urbains.
McDonald, quant à lui, est un peu considéré comme le raté de l'équipe. Il carbure allégrement aux substances illicites, ce qui n'aide en rien ses facultés intellectuelles. À la demande des habitants d'un quartier, il devient le chef d'une milice censée ramener la quiétude dans les rues en anéantissant les voyous d'origine pakistanaise semant le désordre. Lui, qui s'est toujours rêvé en Rambo anglais, va quand même se trouver un peu dépité face à ses futurs combattants, une bande de retraités septuagénaires qui n'a rien d'une compagnie de jeunes recrues. Mais la première surprise passée, son envie d'en découdre va reprendre le dessus. Il sera prêt à relever le défi avec son bataillon du troisième âge conditionné pour bouter hors du périmètre résidentiel la racaille pas franchement locale.

Munitions ne cherche pas à se distinguer du lot des romans policiers par une incroyable intrigue. La particularité se trouve ailleurs, dans l'écriture. Ken Bruen semble plutôt avoir voulu prendre le parti de s'amuser en mettant l'ensemble de ses personnages dans des situations pittoresques. Ainsi, il va offrir un récit pimenté et proche du burlesque, le tout sur un rythme rapide. L'ambiance donne souvent l'impression d'un théâtre de marionnettes que l'auteur irlandais se complait à mettre savamment en scène en tirant les ficelles pour offrir la meilleure des farces tragi-comiques. Car, derrière le trait forcé des personnages et des situations, se dresse un portrait plus tragique de la société actuelle anglaise. La farce prend soudain une allure plus grimaçante et inquiétante. Les déformations des personnages sont peut-être un peu exagérées pour accentuer l'effet voulu mais la satire reste savamment orchestrée pour terminer en beauté la série avec ce dernier opus.

Citation

Lane, ton collègue, dit qu'il n'a pas assisté à la scène. En d'autres termes, il ouvre le parapluie et tu es seule, putain, sans soutien, et faut que je te dise que la presse laissera rien passer. Dernière chance. Tu veux changer ton histoire, ton rapport ?

Rédacteur: Fabien Maurice vendredi 18 janvier 2013
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