Femmes criminelles de France

Bouleversé, presque affolé, Franck réfléchit tout en lançant des coups d'œil inquiets autour de lui. Devait-il vraiment mettre dans sa poche de veste deux moitiés de doigts et un fragment de chair qui évoquaient vaguement la paume d'une main, le tout excessivement malodorant et d'une affreuse couleur noirâtre ?
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jeudi 28 mars

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Essai - Policier

Femmes criminelles de France

Assassinat - Faits divers MAJ vendredi 07 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 28,5 €

Serge Cosseron & Jean-Marc Loubier
Riom : De Borée, novembre 2012
388 p. ; illustrations en couleur ; 25 x 17 cm
ISBN 978-2-8129-0601-5
Coll. "Histoire et documents"

Femmes fatales

Cet épais recueil en hard cover et papier glacé qui pèse son kilo et demi fait partie d'une série thématique qui exploite les affaires au niveau national et non départemental comme la plupart des titres chez De Borée. Plusieurs femmes présentes dans Femmes criminelles de France se retrouvent dans d'autres titres, et sous d'autres plumes, comme Violette Nozière dans Les Grandes affaires criminelles, Marie Besnard dans Les Grandes énigmes criminelles ou Denise Labbé dans Les Grandes affaires criminelles : crimes passionnels. Les ouvrages bénéficient d'une typo claire, d'un jeu sur les textes en rouge et surtout de reproductions de documents très bien choisis, rarement vus et parfaitement mis en page. De plus, les auteurs insèrent une chronologie résumée très lisible dans le corpus ce qui replace très bien l'affaire dans son temps. Les affaires sont classés chronologiquement, ici de l'empoisonneuse Marie Lafarge, jugée en 1840, et cause célèbre du XIXe siècle qui vit émerger les premiers combats de toxicologues sur l'arsenic, jusqu'à Florence Rey, la compagne d'Audry Maupin, dont le casse pour s'emparer d'armes en 1994, dériva en "virée infernale" qui fit cinq morts.

Avec une écriture très maîtrisée sans novelisation (heureusement !), les auteurs évitent le rapport pur et dur et, en raison de la longueur accordée, se permettent des développements motivants sur le avant, le pendant et le après. Les têtes d'affiche sont là : Hélène Jégabo, la serial killeuse bretonne condamnée en 1851 pour des dizaines d'empoisonnements, Gabrielle Bompard l'appât du huissier Gouffé, "l'ogresse" Jeanne Weber, Mme Steinheil, Henriette Caillaux qui révolvérisa le directeur du Figaro, les sœurs Papin, Violette Nozière, Violette Morris l'ignoble guestapiste, Pauline Dubuisson, Denise Labbé qui tua sa petite fille sur la demande de son amant, sans oublier "les modernes" dont le souvenir reste encore vif dans notre mémoire comme Valérie Subra, l'appât pour plusieurs hommes victimes de ses deux amis, Nathalie Ménigon d'Action Directe ou Simone Weber la mamie à la meuleuse. Les autres cas moins connus suscitent un intérêt supplémentaire. Comme Mme Caillaux, Mme Hugues, femme de député, révolvérisa en 1885 un homme de scandale. Ce détective privé fut tué dans les locaux du tribunal et le mari Clovis Hugues (qui avait lui-même abattu un homme en duel pour laver son honneur) sauta au cou de sa femme pour la féliciter après son tir. Rachel Galtié, entre 1902 et 1903 empoisonna mari, frère et grand-mère pour toucher des assurances-vie. L'alcoolique baronne de Couvrigny qui couchait avec son fils débile et ses bonnes, fit tuer son mari à coups de fusil. Drame de la misère malgré la particule. L'anarchiste Germaine Berton tua le patron des services de l'Action française tandis que Camille Tharault, femme battue, descendit le champion cycliste Henri Pellisier en 1935 au cours d'un repas entre amis. Même statut pour Yvonne Chevallier qui tue son ministre de mari en 1946.

Depuis le film de Chabrol, on connaît le destin de l'avorteuse Marie-Louise Giraud décapitée en 1943 mais moins celui de Germaine Godefroy, dernière femme décapitée en France à Angers en 1949, pour le meurtre à la hachette de son charbonnier de mari. À l'heure de la débâcle en 1940, Cécile Housseau assassine son beau-fils handicapé et l'enterre. Elle sera confondue dix ans plus tard. Si certaines meurtrières furent acquittées (Mme  Caillaux, Mme Hugues, Camille Tharault, Yvonne Chevalier) en raison de la mansuétude des tribunaux de l'époque pour leur honneur, Marie Besnard l'a été aussi pour l'accusation de ses treize empoisonnements. Légalement, elle n'est donc pas une criminelle et n'a donc pas sa place dans ce recueil mais bien dans celui des "Énigmes".

Ces affaires plus oubliées mais qui n'en ont pas moins provoqué un grand raffut médiatique, nous font prendre conscience combien les auteurs ont développé leur texte avec talent en distillant leurs informations dans des récits passionnants qui intègrent les données psychologiques et historiques. En bonus de l'ouvrage, ils ont ajouté trente-deux faits divers concernant des meurtrières racontés en un texte court et bien fait. On y retiendra le cas, en 1869, de la femme Delpech, baptisée "l'Ogresse de Montauban" accusée d'avoir tué plus de cinquante enfants dont sa fille. Quelque peu différent du cas de Jeanne Weber qui éprouvait une jouissance sexuelle à étouffer ses jeunes victimes, la femme Delpech prenait des enfants en nourrice et se débarrassait d'eux (après un biberon au vitriol et la tête plongée dans l'eau bouillante !) pour continuer à toucher l'argent des pensions de pauvres filles-mères peu regardantes sur le devenir du fruit de leur péché. Un cas français des fameuses tueuses baby-farmers anglo-saxonnes (Amelia Dyer par exemple pendue en 1896) qui mériterait une étude plus poussée.
Historiens, à vos plumes !

Citation

Quand, au volant de sa Citroën, Violette Morris arrive, elle roule si vite que les maquisards ne peuvent ajuster leur tir. Qu'importe, Leblanc choisit d'attendre que 'la Morris' fasse le chemin du retour.

Rédacteur: Michel Amelin vendredi 07 décembre 2012
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