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Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-4225-5
Coll. "Romans historiques"
Sous le faste de François Ier, le sang coule...
Bien avant le déferlement télévisuel d'émissions consacrées à la cuisine, Michèle Barrière en avait fait le socle de romans policiers, alliant enquêtes criminelles et gastronomie. Après les six volumes de la saga Savoisy, elle propose avec De sang et d'or, le second volet d'une nouvelle série très attrayante, les enquêtes de Quentin du Mesnil, maître d'hôtel à la cour de François Ier.
Quentin est en Angleterre pour tenter d'en savoir plus sur la cuisine et les divertissements préférés du roi Henry VIII, afin de préparer la rencontre entre les deux souverains pour la signature d'un traité de paix. Il n'arrive à rien de probant. Il fait antichambre. On ne lui donne que des informations courantes. Décidé à repartir, il passe chez Thomas More, un ami de son père, un conseiller influent du roi, pour avertir Mathilde, sa sœur. Celle-ci se remet de son double deuil, discutant philosophie avec son hôte, par ailleurs auteur de L'Utopie, un livre aux idées progressistes.
Il apprend alors que Charles Quint, en route pour Aix-la-Chapelle pour son sacre, s'arrête à Canterbury. More l'invite à s'y rendre pour voir le roi de l'empire d'Espagne. Pendant la messe, l'attention de Quentin est attirée par un mouvement dans le cœur. Il semble voir un évêque à terre, poignardé. Quand il veut essayer, malgré la foule, de se rapprocher, un moine l'agrippe et le prend pour Philippe de Chanteloup, représenté sur un vitrail de Louviers. Il évoque un trésor dont le jeune homme connait la cachette. Pendant ce temps, la cérémonie continue sans incidents.
De retour en France, Quentin découvre, avec effarement, que ses cuisiniers manquent de tout, les Anglais ayant presque tout raflé. Comment assurer des banquets fastueux dans ces conditions ? François Ier, qui veut écraser son rival par un déploiement de magnificences, ne tolérera aucun manquement.
Six comploteurs, se référant à la Sainte-Vehme, poursuivent un but énigmatique. Sont-ils responsables de l'égorgement de deux cents moutons dans un enclos, de l'assassinat d'un évêque, de la pendaison d'un individu sur le navire royal, du meurtre de deux archers anglais et de deux soldats français dans le camp où la sécurité est renforcée ?
Le moine poursuit Quentin pour sa parenté avec une famille écossaise et le trésor. Alors, quand en plus de la pénurie de matières alimentaires, il se retrouve mêlé à un complot...
Michèle Barrière propose un récit qui conjugue en une intrigue, un contenu culinaire et les composantes d'un complot. Elle fait cohabiter les soucis d'un maître d'hôtel qui doit assurer un service parfait et une enquête pour démasquer les instigateurs d'une série de crimes.
Cette rencontre, pendant trois semaines, au camp du drap d'or est restée dans les annales du règne de François Ier. Michèle Barrière retient ce cadre, cette confrontation qui doit sceller un traité de paix entre deux grandes nations antagonistes depuis si longtemps : la guerre de Cent ans a laissé de cuisants souvenirs. Cette rencontre se déroule à Ardres, à quelques lieues de Calais, alors possession anglaise, et à la même distance de la frontière de la Flandre sous la coupe de Charles Quint.
La romancière imagine un complot mené par des conjurés adoubés par la Sainte-Vehme, un tribunal qui, en Allemagne, fait régner la terreur. Parallèlement, elle fait partager les soucis d'approvisionnements du héros qui doit surpasser, en luxe et profusion, ce que font les Anglais. Elle fait état des dépenses somptuaires réalisées par chaque partie pour épater l'autre. Les Français érigent des tentes fastueuses, les Anglais, un palais de verre. Rien n'est trop beau pour tenter d'éblouir le camp adverse. Il est regrettable que tous les dirigeants soient pris par cette frénésie de gaspillage, cette dilapidation stérile d'un argent qui n'est pas le leur, de tolérer des gabegies incroyables sans autre souci que satisfaire leur orgueil, leur indigente réputation. On pourrait comprendre qu'un homme de petite taille veuille en imposer ainsi, mais François Ier était un colosse qui mesurait plus d'un mètre quatre-vingt-dix. Michèle Barrière en dresse, par ailleurs, un portrait peu flatteur, le présentant comme un bravache sans beaucoup de cervelle.
La romancière organise une intrigue faisant intervenir un complot sur le plan criminel, des démêlés et des déboires sur le plan professionnel du héros. Elle ajoute nombre d'intrigues secondaires, tant sur le plan sentimental, avec, par exemple l'impossible amour de Quentin, et nourrit un côté mystérieux avec sa ressemblance, avec une origine incertaine et une possible malédiction. Ces derniers éléments s'inscrivent comme un fil rouge que l'on retrouve de roman en roman. Elle fait intervenir une société secrète, la chapelle de Rosslyn et son cortège de croyances et de fantasmes.
Elle anime nombre de personnages authentiques et en dresse des portraits révélateurs et d'une grande justesse. Elle appuie son récit autour de Thomas More, un individu atypique dans son époque, fait citer Érasme, Anne de Boleyn, Clément Marot qu'elle décrit comme un vil courtisan...
Michèle Barrière s'est livrée à un travail de documentation conséquent pour restituer l'ambiance, l'aménagement du camp, les vêtements, les différentes phases des fêtes et de confection des mets. Bien sûr, la gastronomie et la cuisine occupent une large place mais n'entravent, en aucune façon, le déroulement alerte et dynamique de l'histoire.
De sang et d'or est un roman passionnant, riche en découvertes historiques, au récit mené rondement, avec une théorie de personnages que l'on a plaisir à retrouver.
Citation
Ne te lance pas à la poursuite de cette chimère. Je n'aime pas François et je ne l'aimerai jamais. Je suis persuadée qu'il te fera du mal, mais je sais que le mystère qui t'entoure n'est pas lié à une quelconque volonté de sa part de te nuire.