Les Grandes évasions

Ce qui compte, dans notre univers, c'est de ne jamais laisser de traces. L'assassinat est pour empêcher de nuire, pas pour abattre sauvagement. Dans notre situation, il n'y aura pas de traces apparente mais il faudra vraisemblablement envoyer une équipe nettoyer définitivement la cuve dans quelques jours.
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Essai - Policier

Les Grandes évasions

Prison - Évasion MAJ mardi 16 octobre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Jean-Baptiste Rendu
Paris : First, septembre 2012
292 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7540-3234-6
Coll. "Histoire", 4

Attrape-moi si tu peux !

A priori, le lecteur pourrait croire qu'il s'agit d'un nouvel opus sur les évasions de caïds mais pas du tout : il s'agit d'un recueil de récits historiques qui couvrent une large période. De la corpulente reine_mère Marie de Médicis qui en février 1619, s'évade par une fenêtre du château de Blois avant de s'asseoir sur un manteau tenu par un complice "pour dévaler la pente sur ce toboggan improvisé" à mars 2003 où Antonio Ferrara est délivré de la prison de Fresnes par un commando lesté de fusils AK 47, lance-roquettes et explosifs, c'est donc presque quatre siècles de "privation de liberté, et, symétriquement, le besoin irrépressible de la recouvrer" qui nous sont racontés ici. Jean-Baptiste Rendu est journaliste et écrivain, et surtout un as de la vulgarisation de l'Histoire qui a œuvré aux éditions Atlas et Larousse. Après une introduction brillante sur le thème qu'il enrichit d'autres évasions incroyables, comme celle, en 2011, des cinq cents talibans enfuis de la prison de Kandahar (Afghanistan) par un tunnel de trois cent vingt mètres de long, l'auteur nous conte celles du duc de Beaufort, de Casanova, de Latude, du comte de Lavalette (qui se fait passer pour sa femme et sort de sa prison) mais aussi de bagnards célèbres ou de prisonniers de guerre.

Évidemment, les chapitres sur les figures historiques, comme le maréchal Bazaine, par exemple, dont le fidèle domestique fabriqua une corde de soixante-treize mètres de long pour qu'il descende d'une fenêtre de la forteresse de l'île Sainte-Marguerite, face à Cannes, détaillent longuement le processus qui ont amené ces illustres personnages à être incarcérés. Cela permet ainsi de prendre conscience combien les souvenirs des cours d'Histoire sont maigres ! Complots, alliances soudaines, revirements politiques sont à l'honneur. Certains épisodes ont été adaptés comme La Grande évasion, L'Évadé d'Alcatraz ou le film Les Chemins de la liberté, de Peter Weir, qui raconte l'incroyable périple d'officiers polonais enfuis d'un goulag et parvenus jusqu'en Inde soit six mille kilomètres à pieds en onze mois. Dans un passionnant article final, l'auteur mentionne les enquêtes qui seront faites à l'occasion de la sortie du film sur le livre qui en a été à l'origine. L'auteur s'en avérera bidon. Mais, ultime rebondissement, l'histoire est vraie. Reste à savoir comment l'auteur ou le journaliste qui mit en livre son faux-témoignage en ont eu connaissance. C'est un peu un doute semblable qui plane sur le récit Papillon de l'ex-bagnard Henri Charrière dont Robert Laffont vendit plus d'un million d'exemplaires et dont Hollywood tira un film en 1973 avec Steve McQueen et Dustin Hoffman. "Il y a tout lieu de penser qu'il s'agit d'une autobiographie fortement romancée, nourrie des nombreuses anecdotes que Papillon a recueillies pendant ses années de bagne et par les aventures, semble-t-il authentiques, de quelques évadés célèbres, notamment René Belbenoit. Son ouvrage Dry Guillotine (1938) lui a évidemment inspiré l'épisode de l'escale à Trinidad et celui de la vie en Colombie dans une tribu indienne." Jean-Baptiste Rendu indique plus loin que seule la seconde évasion est bien réelle, quoique sujette à caution pour maints détails, mais que "la puissance d'évocation de son récit, demeure, elle, intacte".

Groupées dans le chapitre "Les Évasions de la Seconde Guerre mondiale", et parmi les plus détaillées, on suit les aventures du sergent François Mitterrand s'échappant deux fois d'un camp allemand ; celles des vrais auteurs de La Grande évasion, des pilotes prisonniers dans le camp allemand de Sagan en Pologne qui creusent trois tunnels avant de connaître une fin sanglante ; et celles du Général Giraud qui parvient à s'enfuir du nid d'aigle de Königstein avant d'être reçu à Vichy où Pétain et Laval lui demandent gentiment "de se constituer prisonnier et de retourner en Allemagne" pour ne pas compromettre des négociations en cours. Ce sont les Américains, "ravis de trouver en Giraud un homme qu'ils pourront opposer à de Gaulle, considéré par eux comme une sorte d'aventurier aspirant à la dictature" qui exfiltreront le général en Afrique du Nord.

Un ouvrage érudit et facile à lire qui se conclue par une bibliographie, une filmographie et deux index fort bienvenus.

Citation

Dans tous les cas, malgré les multiples formes que l'emprisonnement peut prendre, les techniques d'évasion, individuelle ou en groupe, demeurent à peu près les mêmes, illustrant toutes les facettes de l'ingéniosité humaine.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 14 octobre 2012
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