Le Fasciste et le président

Mado était derrière le bar, belle comme une baraque à frites, avec des cheveux si gras qu'on aurait dit des saucisses, des lèvres tartinées de rouge et suffisamment de fond de teint pour lui faire un masque. Elle avait les joues qui pendaient, les rides qui pendaient, les seins qui pendaient, tout qui pendait, comme si chaque partie de son corps était irrésistiblement attirée par le sol.
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Roman - Guerre

Le Fasciste et le président

Politique - Géopolitique MAJ vendredi 12 octobre 2012

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Gérard Bon
Marseille : L'Écailler, septembre 2012
158 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-36476-017-2

Le Zoo du président

Mis au placard. Délaissé. Par le Président lui-même. Battu froid. Michel, ébranlé, se rappelle qu'il rêvait de devenir un "soldat perdu". Perdu, il l'est bien. Mais pas comme il l'espérait, pas même un chien de guerre, tout juste le dernier soldat d'une cause pitoyable : la sienne. Embarqué dans la tournée présidentielle africaine, il tient bien sous le coude quelques dossiers nauséabonds, de beaux coups tordus possibles encore. Mais il est loin du président, bondissant et pérorant comme à son habitude dans le marigot politico-médiatique que Michel contemple avec mépris et une ironie vipérine. Belle foire d'empoigne que cette course à la servitude. La République des vanités dans sa plus repoussante expression. Un monde minable, habité de volontés malades. Tripoli, Abidjan, c'est moins une géopolitique qui se dessine à la lecture du roman de Gérard Bon qu'une micro-biographie insalubre. Sur fond de Françafrique toujours aussi désespérante dont notre missionnaire fasciste égrène les mauvais coups. Michel, dégoûté de tout donc, du métier (journaliste), du président, de la cour présidentielle, des ors de la République et de lui-même, d'un dégoût typiquement ancré dans la culture fasciste à la française – on se rappelle Drieu La Rochelle fatigué de lui-même. Yaoundé. L'Afrique dont personne n'a rien à foutre dans l'entourage du président, le président lui-même s'emberlificotant dans ces histoires d'identités, prenant les Peuls pour des couillons, juste le temps, pour Michel, de se remémorer Nice dans les années 1960, le terreau d'une culture inutile. Ne reste de l'idéologie fasciste à la française qui a fait les jours de la littérature nationale que la bassesse et l'arrogance d'un pouvoir sans vergogne. Bien loin du roman à intrigue, le récit s'offre plutôt à lire dans la distance, déjà, d'une page de notre histoire tournée, comme une réflexion plus qu'un brûlot. Récit à l'élégance toute désabusée, ni efficace, ni tendu, allant un chemin plus anachronique, certes bien écrit, mais à l'actualité comme démodée, au point que l'on se prend à penser que, peut-être, ce style-là aurait pu servir une autre fiction.

Citation

À quoi bon servir un État envasé dans le mensonge et les idées rabougries ?

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 01 octobre 2012
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