Crimes en Bretagne : volume 2

Lorsque la pluie cesserait, l'odeur risquait d'alerter quelqu'un. C'est pour cette raison qu'il avait appelé et répété qu'il voulait impérativement déplacer le corps. Le savoir là, alors que son état de décomposition empirait à chaque heure, le rendait malade.
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jeudi 18 avril

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Essai - Policier

Crimes en Bretagne : volume 2

Social - Assassinat - Faits divers MAJ lundi 17 septembre 2012

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Guillaume Moingeon
Turquant : L'àpart, septembre 2012
320 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-36035-121-3
Coll. "Crimes & mystères"

Le retour du sabot qui tue

L'auteur revendique trois cent cinquante livres ! Il faut dire qu'il est "nègre pour inconnus", marque qui lui appartient depuis 1996. Ancien journaliste régional, il vit de sa plume depuis 1997. Une visite sur son site nous apprend tout sur cet étrange statut de collecteur de mémoire. Comptez 2300 € pour une biographie complète que vous pourrez donner à vos petits enfants. Il publie aussi sous son nom, généralement chez Cheminements devenu L'àpart éditions. Crimes en Bretagne : volume 1 contenait vingt-sept histoires. Celui-ci est plus modeste car, malgré les deux mentions de l'auteur qui renvoient sur le cahier photographique, il n'y a aucun cahier ! Il aurait fallu se mettre d'accord...
Des onze histoires retenues ici, seule la première est relativement moderne puisque "Le Tronc d'une inconnue découvert à Pénestin" concerne l'affaire Voisin qui fit la Une des médias en 1962. C'est aussi la plus développée puisqu'elle fait vingt-trois pages. L'auteur suit la promenade matinale de Léon Chérel, mécanicien en congé, le long de l'estuaire de la Vilaine. Il découvre un paquet bien ficelé dans la vase du petit port de Tréhiguier. À l'intérieur, un tronc humain. "Celui d'une femme, comme en témoigne la poitrine, qui devait probablement faire la fierté de la dame, du temps de son vivant. Ce temps-là est malheureusement révolu..." précise l'auteur avec bon goût. Excepté le fait que Léon se transforme en Robert à la deuxième page, Guillaume Moingeon détaille une enquête intéressante qui va relier le suicide, dans la forêt de Rambouillet, de Maurice Voisin, coutelier à Redon, au dépeçage de sa femme. Une mystérieuse valise puante est découverte sur un quai de la gare de Redon. Il contient des effets d'Yvette Voisin et une noix de veau pourrie ! (Était-ce bien une noix de veau ? A-t-elle été expertisée ?) Le lecteur a droit aux interrogatoires croisés des voisins qui donnent peu à peu la clé de l'énigme. Voilà une affaire "moderne" non anonymée par des initiales comme le sont les récits de celles d'après-guerre, publiées dans la collection "Les Grandes affaires criminelles" chez De Borée pour se protéger des éventuelles poursuites des descendants. "Précisons que ces crimes ont tous fait l'objet d'un procès public de leurs auteurs et de comptes-rendus dans la presse de l'époque", se défend l'auteur dans son avant-propos avant de stipuler que désormais les archives des journaux sont sur Internet. Toutes ses autres histoires sont datées autour de 1900. Les crimes, souvent arrosés d'eau de vie et de cidre, sont habituels : un domestique poignarde ses patrons, une femme ébouillante son mari, un sabotier frappe sa femme à mort, un amant poignarde sa maîtresse, un jeune marié fusille son ex amie, un mauvais garçon assassine et défigure une vieille cafetière. L'auteur évacue tout suspense en annonçant dès le début qui a tué qui. Il se permet parfois de pointer très tôt un indice qui aura de la valeur par la suite. Sans vraie progression dramatique, l'affaire est plutôt vue du côté procédurier avec des rapports d'autopsie et des témoignages. La valeur de ces faits divers réside surtout dans la peinture d'une société pauvre. L'infanticide Marie-Anne Keravel, dénoncée par ses voisines aux aguets, est condamnée à six ans de prison en 1897. Triste description de la chaumière Perret où le mari frappe la mère de ses neuf enfants, la couche dans le lit et monte un grossier alibi avec l'aide de sa dernière née. Deux autres affaires sortent du lot : celle des Hédreuil père et fils qui, en 1900, s'en viennent défoncer le crâne du gendre avec l'assentiment de la fille, et celle du vieux fermier Leroux qui, en 1922, pris d'une rage soudaine, saisit une petite voisine de deux ans dans les bras de sa sœur pour lui fracasser le crâne à coups de hache.
Quelques faits divers extraits de journaux concluent le recueil. Le dernier "Un Brestois embarque une reine en civil... et son quartier-maître bosco enfante un as de l'aviation", est non seulement hors-sujet mais complètement tordu pour mettre en avant la généalogie de l'auteur. Dommage de finir sur cette petite touche narcissique.

Citation

Le jour où j'ai remarqué la disparition de sa grossesse, j'ai remarqué que, contrairement à ses habitudes, elle est allée laver du linge à 8 heures du soir.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 09 septembre 2012
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