13 crimes en Morbihan

Ben a la conviction que répondre à la violence par la violence ne génère que plus de violence alors que Chon croit fermement que répondre à la violence par la non-violence ne génère que plus de violence, avec, pour preuve à l'appui, toute l'histoire de l'humanité.
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Essai - Policier

13 crimes en Morbihan

Faits divers MAJ lundi 10 septembre 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 19,9 €

Serge Janouin-Benanti
Turquant : L'àpart, avril 2012
304 p. ; illustrations en noir & blanc ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-36035-094-0

Ambiances mortelles de terroir

Les éditions Cheminements, à Turquant dans le Saumurois, ont été reprises par Fabrica Libri dont les propriétaires Alain et son fils Pierre-Yves Moriceau sont propriétaires de MacDonald's dans le Choletais. Les nouveaux propriétaires ont rebâti une maison avec des reprises et des inédits touchant tous les genres (romans régionalistes, récits de vie, témoignages, carnets de voyages, BD, albums photos, études historiques, sciences humaines, mais aussi médecines parallèles, et même quêtes ésotériques) et l'ouverture de la première librairie troglodyte dans une ancienne carrière-champignonnière creusée dans le tuffeau. L'àpart, l'une des marques, publie, entre autres, des recueils de faits divers dont Serge Janouin-Benanti et sa femme Viviane sont les locomotives.
L'auteur a décliné ses "13 Crimes" en Morbihan, Aquitaine, Loire-Atlantique, Pas-de-Calais, Deux-Sèvres, Charente-Maritime, mais aussi sur la thématique des trains et des empoisonneurs. On voit donc que le nombre 13 est son signe porte-bonheur.
Cette nouvelle collection de L'àpart bénéficie d'une intéressante maquette de couverture sur fond noir et brillant avec des éléments de costumes traditionnels dont l'un est teinté en rouge par procédé informatique. La présentation du livre est moins rigoureuse que celle de la collection "Les Grandes affaires criminelles" chez De Borée : il n'y a pas de classement chronologique dans les affaires, ni de reprise des noms, des dates, des cours d'Assises dans le sommaire final. La date du fait divers n'intervient que dans le corps du récit titré avec le nom du criminel dessous. Donc, grosses difficultés pour celui qui rechercherait une affaire. Un cahier intéressant de photos et de cartes est inséré au centre du livre. Au programme, comme on s'y attendait, des affaires sur fond d'alcool, où l'on se trucide à coups de bâtons ou de révolvers. Mentions spéciales pour le violeur de petites filles Henri Déro (Le Prédateur, 1885) et les incroyables réactions des voisins ; pour la receveuse de poste qui, en 1898, détourne de l'argent par amour pour son amante institutrice ; et aussi pour la jeune Stéphanie Le Quentrec qui, en 1892, empoisonne son fils de deux ans avec un produit volé dans la quincaillerie de ses patrons. Ne sachant pas lire, elle a pris au hasard le liquide le plus noir et le plus épais, mais l'acide sulfurique est éventé et le bébé s'en sort. Seulement deux des treize affaires sont du XXe siècle : le cuirassé La France qui coule au large de Quiberon en 1922 ce qui conduit son capitaine devant le Conseil de Guerre de Lorient, et "la louve au browning", Anne-Louise Le Calvé, fermière farouche et jalouse révolvérisant ses deux frères, dont l'un resta sur le carreau en 1926. Les onze autres affaires s'échelonnent entre 1840 (les malversations d'un notaire de Locminé) et 1895 (les amoureux de Saint-Symphorien), un long texte de plus de cinquante pages qui relate avec trop de précisions les circonstances qui menèrent Louis Le Foulgoc à tuer par balles la jeune Anne-Marie Le Govic. Voilà son mystère central : le meurtrier proclame qu'il a eu "quinze fois des relations intimes complètes avec sa victime ; or le médecin a reconnu que la membrane hymen de la jeune fille était intacte et que, d'un autre côté, les dimensions exagérées de la verge de Le Foulgoc rendent absolument inadmissibles les allégations de l'accusé". L'autre grand récit, près de quatre-vingts pages, est consacré à l'affaire Nicolas Bedex sous le titre "Le Juge inquisiteur". En 1841, sur Belle-Île, un paysan ambitieux, violent et avare, entreprend de défricher des terres acquises à bas prix pour les fertiliser selon une technique apprise auprès d'un agronome. Sa femme s'occupe d'une tante à moitié folle, propriétaire de quelques bouts de terre avec promesse qu'à sa mort, tout lui reviendra. En fait, ce contrat avec la famille n'est pas légal ce qui va mettre Bedex en fureur.
L'auteur a un style certain pour nous plonger dans ces basses manœuvres paysannes en restant dans un ton crédible et proche des données judiciaires. Les allées et venues du suspect, entre l'étable et les terrains à défricher, ses rencontres, ses rapports avec ses deux jeunes domestiques dont l'un vient de s'engager comme mousse, son attitude, au milieu des voisins, lors de la découverte du cadavre de la vieille dans la maison de l'autre côté du jardin, tout concourt à construire une excellente ambiance, hélas gâchée par la longueur des procédures qui suivent. La dernière affaire de Stéphanie Le Quintrec, en neuf pages riches de son odieuse thématique (combien coûte la vie de son enfant quand ses frais de nourrice vous plombent votre paie qui a diminué tel votre lait qui servait à l'enfant de votre patron), apparaît comme le récit le mieux équilibré du volume.
Au final, voilà un recueil moins rigide que ceux que l'on trouve chez De Borée où l'auteur se donne le temps d'écrire. Il aurait pu être plus concis dans les détails de procédures, mais c'est un bon peintre qui, déjouant les pièges des structures-type de la novélisation, parvient à nous plonger dans des ambiances de terroir maudit.

Citation

Poussé par les "bon ! bon !" de sa mère, malgré la couleur noirâtre peu encourageante du liquide, le petit avait avalé le breuvage avant de ressentir de violentes brûlures.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 09 septembre 2012
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