Mille petites falaises

Le problème, capitaine, c'est que pendant les deux derniers siècles nous avons fini par avaler notre propre propagande. Nous nous sentons supérieurs aux abrutis que nous dominons. Et tout ce qui menace cette fiction menace l'édifice tout entier. C'est pourquoi l'assassinat de MacAuley a fait tant de bruit. D'abord elle nous montre que certains Indiens au moins ne nous considèrent plus comme inférieurs, au point de réussir à assassiner un membre aussi en vue de la classe dominante, et ensuite parce qu'elle détruit la fiction de notre supériorité.
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Roman - Thriller

Mille petites falaises

Tueur en série MAJ mercredi 22 août 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Shaughnessy Bishop-Stall
Ghosted - 2010
Traduit de l'anglais (Canada) par Pierre Girard
Arles : Actes Sud, avril 2012
332 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-00571-9
Coll. "Actes Noirs"

Un chaos programmé

Dans le roman policier, le lecteur est habitué à une intrigue plus ou moins linéaire, mais dont il perçoit les finalités : une affaire à résoudre, un meurtre à élucider, un méchant à arrêter. Avec Mille petites falaises, de l'auteur canadien Shaughnessy Bishop-Stall, nous nous trouvons dans une configuration différente. Louvoiements incessants, changements perpétuels de motifs, de directions, départ dans un sens, puis arrêt brusque avant une autre direction abandonnée quelque chapitres plus tard. Pourtant, au final, l'ingéniosité et la ruse de ce Canadien de Bishop-Stall a parfaitement fonctionné car tout se répond et s'éclaire, et ces détours ressemblent alors à une manœuvre sournoise pour atteindre encore plus sûrement la cible. Peut-être est-ce dû au titre anglais de l'ouvrage, Ghosted, qui répand une idée de fantôme, de hantise, d'éléments brumeux qui vous encerclent pour mieux vous dominer. Peut-être est-ce également dû au personnage central, Mason, un jeune écrivain raté qui n'arrive pas à noircir la feuille mais qui se perd entre alcool, drogues et jeux, sous la houlette d'un trafiquant local qui l'héberge et semble bien l'aimer. Dès le départ, on découvre un auteur en panne d'idées pour son roman, et qui accepte de vendre des hot-dogs pour joindre les deux bouts. C'est le moment qu'il (ne) choisit (pas) pour rencontrer un homme qui cherche un écrivain pour rédiger sa lettre de suicide. Mason commence à faire des recherches sur le suicide depuis les ponts (et les falaises) mais son chemin va croiser celui d'un tueur en série. Shaughnessy Bishop-Stall parvient à nous entrainer dans la folie douce, dans les dérives sympathiques de ses personnages, dans une atmosphère qui manie la légèreté de la vie et la rudesse des situations pour offrir une description fine et intelligente de la vie de ses "marginaux de la vie". Le roman sinue à l'intérieur de leurs préoccupations comme eux sinuent à l'intérieur de la vie calibrée du monde occidental. Au final, ils n'en réussissent pas moins à être aussi humains et dignes d'humanité. Le roman se referme alors sur une intrigue où l'auteur nous a bien mené en bateau.

Citation

Pour autant que Mason le sache, Sissy fixait un triple objectif à sa lettre de suicide : que les gens soient surpris par ce qu'elle avait fait de bien, qu'ils soient indignés par ce qu'elle avait fait de mal et qu'ils aient honte de la façon dont ils l'avaient traitée.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 août 2012
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