J'en fais mon affaire

Le premier mot qui me vient à l'esprit, quand j'aperçois le corps, c'est 'Puzzle'. Puis '1000 pièces', au fur et à mesure que je me rapproche, évitant d'écraser des morceaux de cervelle éparpillés sous mes semelles.
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jeudi 18 avril

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Roman - Noir

J'en fais mon affaire

Enquête littéraire MAJ mercredi 27 juin 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 13 €

Mario Levrero
Dejen todo en mis manos - 2007
Préface de Diego Vecchio
Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Lise Chapuis
Talence : L'Arbre vengeur, mars 2012
176 p. ; 17 x 12 cm
ISBN 978-2-916141-82-4
Coll. "Forêt invisible"

A la recherche du Juan perdu

Que faire lorsque l'on ne roule pas sur l'or, que l'on est écrivain, que l'on va voir son éditeur pour lui donner un manuscrit et réclamer une avance sur les droits, et que celui n'est prêt à accepter qu'à la condition qu'on accomplisse une délicate mission ? Bah, on accepte évidemment. Quid de la délicate mission ? Oh, rien de bien méchant, pas de maître chanteur à liquider, de suspect à suivre ni même de genoux à briser : tout simplement retrouver l'auteur d'un manuscrit anonyme - un chef d'œuvre - reçu quelques temps plus tôt par la poste. On connaît le lieu d'expédition et le nom de l'auteur : Juan Pérez (l'équivalent uruguayen de Michel Dupont).

Ni une ni deux, notre auteur se rend dans une petite ville au fin fond de l'Uruguay. Accablé par la chaleur et par le sens émoussé de l'hospitalité locale, il se rend rapidement compte qu'il ne sera pas si évident de débusquer un Juan Pérez lettré dans le coin. Il multiplie les pistes sans se donner trop la peine de les approfondir mais fait une rencontre qui va, si ce n'est bouleverser sa vie, tout au moins bouleverser ses nuits durant une bonne semaine. Ce n'est pas Juan Pérez, mais une certaine Juana Pérez. Accordons-lui qu'il n'est pas loin de toucher au but. Ladite Juana, de toute évidence, n'est pas du genre à avoir écrit un chef d'œuvre, mais accordons également à notre enquêteur que Juana lui permet de passer d'inoubliables moments. Parce que "comme disait Freud, il n'y a rien de mieux que le sexe. À moins qu'il ne l'ait pas dit."

Dans le rôle des témoins et des fausses pistes, Levrero se régale avec ses personnages secondaires : l'auteure de poésie pornographique qui lui broie les testicules par quasi inadvertance, le vieux copain qui est tout prêt de lui résoudre l'énigme mais dont il ne peut écouter un mot parce que tout de même, ce salopard lui a volé des stylos lorsqu'ils étaient à l'école ensemble et qu'il est grand temps de l'humilier, le vieillard passionné par les toiles d'araignées, la vieille institutrice qui le saoule d'anecdotes et d'eau minérale. Sans oublier Juana Perez, magnifique prostituée provinciale, aussi à l'aise avec son corps qu'avec son fouet.
Un livre drôle dont on pourrait craindre qu'il tombe dans la bonne blague mais qui est beaucoup plus fin que ça. Mario Levrero joue avec l'absurde, avec ce personnage d'anti-héros, de l'auteur qui se retrouve à chercher un autre auteur qui déborde, lui, de talent. Levrero joue avec les clichés, ceux de l'auteur qui se met en scène, ceux de la littérature policière et ceux de la tradition populaire et du quotidien étouffant d'une petite ville uruguayenne.

Citation

Peut-être pour la première fois de ma vie j'eus une érection en savourant un steak. Je me réjouis d'avoir interrompu ma thérapie, car si j'avais raconté ça au psychologue, il m'aurait fait une interprétation indigne de la magnificence du sujet.

Rédacteur: Gilles Marchand mardi 19 juin 2012
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