Portrait de l'artiste en tueur

Une pensée subite lui a traversé l'esprit : 'C'est ce genre de femme qu'un homme peut tuer.' Il n'aurait pas pu expliquer ce qu'il voulait dire exactement par 'ce genre de femme', mais il était persuadé que 'ce genre de femme' ne manquerait pas de s'attirer un jour la colère d'un homme qui la tuerait.
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Roman - Noir

Portrait de l'artiste en tueur

Vengeance - Assassinat - Artistique MAJ mardi 12 juin 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,3 €

Gilles D. Perez
Paris : Naïve, mars 2012
346 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-35021-276-0
Coll. "Noir"

Dessine-moi une punition

Roman policier d'un agrégé de philosophie, Portrait de l'artiste en tueur possède un titre qui fait référence au texte de Joyce. On nous promet donc une sorte d'avènement d'un tueur qui gagne la maturité tout en laissant exploser son côté artistique.

Le récit se déroule exclusivement à Paris et dans la banlieue parisienne. Beaucoup de personnages prennent place dans cette fiction au point qu'il est difficile de dire s'il y a véritablement un seul "héros". Un homme se dégage toutefois du lot, car on comprend au fur et à mesure que c'est de lui dont il est question dans le titre : un tueur qui dessine. Ce jeune homme, Paco, cherche à venger la disparition de son père survenue sept ans plus tôt, époque à laquelle il a par hasard assisté au passage à tabac de ce dernier. Il a alors eu le réflexe de dessiner les portraits des deux assaillants avant de les voir disparaître avec son père. Il a continué à dessiner des portraits.
Autour de cette trame se greffent beaucoup de tranches de vie très différentes qui vont inévitablement se croiser à un moment donné. En vrac : des lycéens, leur prof de philosophie, Simon, un ancien flic des stups, qui cherche à prouver quelque chose, un duo de la crim' et toute une galaxie de personnages secondaires liés au milieu de la drogue. C'est un peu le problème de ce roman : il faut arriver à la moitié du bouquin pour commencer à trouver un rythme qui lie tout ça et donne envie d'aller jusqu'au bout. La première scène, qui ouvre véritablement le récit derrière le prologue, ne traite même pas de Paco. Dans la première partie du livre les chapitres (qui n'en sont pas vraiment) se suivent de manière décousue : le prof de philo philosophe, les dealeurs dealent, les joueurs de poker jouent et le tueur tue. Bon, on espère que ça va décoller.
Le style est assez classique, l'auteur s'essaye à des narrations différentes selon qu'il traite de tel ou tel personnage dans un chapitre. On trouve évidemment des références philosophiques sur la violence et le rôle du héros face à la justice, qui sont bien placées et n'alourdissent pas le récit. Cependant Gilles D. Perez utilise pas mal de clichés pour construire ses personnages : le jeune dealeur du lycée va s'enliser dans la drogue, le prof de philo a des doutes métaphysiques mais voudrait aider ses élèves, l'ex-flic des stups limogé veut se venger, le tandem de flics de la crim' est plutôt sympathique... Tout ce petit monde étant tout le temps identifié à travers un véhicule (le XT de Fabrice, la Golf de Simon, la vieille Ford de Paco, la Saab des flics), sans oublier les clichés parisiens (on mange un phô dans le 13e, les quartiers bourgeois du 7e sont trop silencieux, etc.).

Malgré tout cela le roman est assez réussi, il n'y a rien d'invraisemblable et les personnages sont attachants. L'histoire prend vie véritablement à partir d'une scène dans un bar où beaucoup de protagonistes se retrouvent. Dès lors le lecteur n'a qu'une envie, c'est que Paco et Simon collaborent... mais je ne vous en dirai pas plus. En quatrième de couverture on nous promet une conclusion inattendue : la promesse est tenue !
Après le fond, je rajouterai que le livre est un assez bel objet, avec une couverture soignée et une mise en page qui permet une lecture des plus agréables.

Citation

Paco Galan n'a pas de haine. C'est un tueur froid, peut-être même un tueur triste.

Rédacteur: Laure Lege lundi 11 juin 2012
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