Sherlock Holmes : de Baker street au grand écran

Le paquebot, plus grand que l'immeuble où vivaient Jack et Maggie, était plus large que l'autoroute M25, un condensé flottant de Las Vegas et de Floride. Ses parents allaient adorer. Il les imagina en train de prendre du champagne au petit déjeuner, de perdre leur argent au casino, de s'empiffrer aux repas.
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Essai - Policier

Sherlock Holmes : de Baker street au grand écran

Enquête littéraire - Scientifique - Superhéros MAJ mardi 19 juin 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Natacha Levet
Arthur Conan Doyle (sujet d'ouvrage)
Paris : Autrement, janvier 2012
212 p. ; illustrations en couleur ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-7467-1553-0

L'un des premiers produits de la culture de masse...

De Baker Street au grand écran, qui est Sherlock ? Natacha Levet en étudie l'archéologie. Rigoureusement, scientifiquement, depuis la constitution du mythe jusqu'à ses avatars contemporains. Sherlok ? Un lieu de mémoire, au sens où l'entendrait l'historien Pierre Nora, sédimentant les couches de ses expressions les plus diverses pour, au final, nous donner à voir notre monde tel que nous avons voulu le représenter. Des illustrateurs aux comédiens, de la naissance au triomphe de la figure médiatique, elle passe ainsi au crible l'un des personnages les plus commentés de l'histoire de la littérature mondiale. Et du mythe à ses réécritures, des apocryphes aux interprétations les plus fantasques, décryptant la course romanesque aux Untold Stories, creusant les interrogations autour du grand hiatus, ce qu'elle finit par dévoiler, c'est au fond la surprenante plasticité du personnage !

L'étude est imposante, magistrale même, sans jamais émousser la curiosité, offrant des clés inédites, sur les origines du personnage notamment : Edgar Allan Poe, Émile Gaboriau, certes, mais pas moins Joseph Bell, un diagnosticien hors pair qu'admirait Doyle, une sorte de Dr House avant l'heure, ou la littérature américaine du grand Ouest, Doyle lui ayant emprunté volontiers ses métaphores pour construire son personnage de pisteur.

Au détour, elle nous offre en prime une belle étude de la presse illustrée populaire, qui très vite s'empara de Sherlock, les illustrateurs en particulier, pour en brosser l'image qui nous en est restée, avec sa pipe, sa loupe et son violon. C'est du reste son mérite que d'inscrire cette réception dans la revue méticuleuse des influences qui en nourrirent la fabrique, comme celle, saillante, de l'interprétation magistrale qu'en fit le comédien Sidney Paget, inspirant en retour la presse et les illustrateurs et modifiant l'usage que l'on faisait déjà de l'image holmésienne. Rien ne lui échappe donc de cette généalogie étonnante qui montre combien le mythe lui-même s'est construit et a bougé dans le temps, opérant jusque sur son créateur à des réajustements imposés au gré des réceptions, tout comme rien ne lui échappe du texte holmésien lui-même.

Car c'est aussi la psychologie du personnage qu'elle étudie au plus près, sa langue et les usages que nous en avons faits à travers la naissance de toutes les sociétés qui, de Oxford à Paris, construisirent le corpus holmésien toujours en développement, aujourd'hui encore. Un corpus travaillé au fond par les modèles de pensée qui se sont succédé depuis la naissance du personnage. Il n'est que de suivre le fil des réflexions autour de sa science de la déduction pour s'en convaincre : scientifique, Sherlock ? D'où vient donc pareille idée, quand Natacha Levet a tôt fait de démontrer qu'il n'en est rien, que la chimie était sa seule vraie référence constante et encore, que la sienne faisait finalement peu appel aux découvertes de son temps, qu'elle retardait même sur ces découvertes, agitant des acquis désordonnés et incohérents. Alors, science de la déduction, Sherlock ? Voire ! Preuves scientifiques à l'appui, Natacha Levet démontre brillamment que Holmes est loin d'être logique et qu'en fait, son art de l'interprétation relève plutôt de l'abduction que de la déduction, qu'elle emprunte plus à l'intuition qu'au raisonnement cartésien, et que la faiblesse de ses démonstrations logiques est en réalité sans appel...

Le mythe a pourtant la peau dure, témoin de la confusion dans laquelle nous nous trouvons, aujourd'hui plus qu'hier, à prendre pour logique ce qui relève d'un autre système, propre à la méthode clinique, largement diffusée par la psychanalyse. Et Natacha Levet de montrer combien les observations de Sherlock sont souvent l'observation de symptômes, décrivant des signes pathognomoniques, comme dans la nouvelle l'escarboucle bleue, où Sherlock décrypte la personnalité d'un homme par l'observation de son chapeau... C'est peu dire de la fascination qu'exerce sur nous la psychanalyse ! Une rationalité plus proche du XVIIIe siècle, qu'épousa Sherlock avec son inquiétante étrangeté.

Citation

Sherlock Holmes pose le délicat problème de l'adhésion à la fiction.

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 14 mai 2012
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