Ta haine, ma peur

J'ai sans cesse marché sur le chemin qui devait me mener à l'endroit où me os seraient broyés et mon esprit libéré des caprices rageurs de la terre et des jeux sadiques des dieux - ou des miens propres.
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Roman - Policier

Ta haine, ma peur

Social MAJ mercredi 02 mai 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,5 €

Patricia Kim
Paris : L'Harmattan, novembre 2011
248 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-296-56584-5

Roman noir sur fond noir

Paris, 2008. Andréa, une jeune étudiante noire reçoit, dans sa boîte mail universitaire, des messages racistes, injurieux et menaçants. Qui en est l'auteur ? Un triste imbécile inoffensif, trouvant là le moyen de satisfaire lâchement sa xénophobie naturelle, ou un véritable fou dangereux parfaitement capable de transformer ses paroles en actes ? Et pourquoi elle ? se demande l'héroïne, élève studieuse, fraîchement débarquée de sa province lyonnaise et ne se connaissant aucun ennemi. La police, rapidement prévenue, tarde pourtant à s'intéresser à l'affaire et l'intrépide jeune femme, soutenue par quelques amis proches, se lance dans une enquête qui sera loin d'être de tout repos.
Patricia Kim, dont c'est là le premier livre, décrit avec un réalisme convaincant les angoisses d'Andréa, mais aussi sa peine, son incompréhension, son dégoût, face à cette haine anonyme et violente dont elle est la cible. On partage sans aucune difficulté le sentiment de paranoïa qui s'empare d'elle et l'amène à voir des coupables parmi tous ceux qui la côtoient, et on tremble avec elle, lorsqu'elle se retrouve seule sur un parking, ou aperçoit une ombre furtive dans l'escalier de son immeuble. On imagine aisément que, même si l'auteur n'a pas eu à subir toutes les mésaventures de son héroïne – du moins on l'espère ! –, elle connaît bien ce petit fumet de haine ordinaire qu'est le racisme ambiant et les souffrances psychologiques et morales qu'il génère chez ses victimes.
L'écriture de Patricia Kim, à mon goût, reste toutefois un peu "jeune", comme on peut le dire d'un vin qu'on pressent potentiellement bon, mais qui n'a pas encore atteint sa pleine maturité. Son style est encore trop impersonnel, et certains passages auraient gagné à être quelque peu rabotés, notamment les dialogues qui, même s'ils apportent de la vie et du rythme au récit, m'ont semblé trop souvent pollués par des "saluts, ça va ; oui pas mal et toi ; moi aussi..." et autres séquences qui n'apportent rien ni à l'histoire, ni à la visualisation de la scène par le lecteur. Un dialogue de roman n'est pas une retranscription d'entretien.
L'intrigue, de la même manière, n'est pas exempte de petites imperfections, voire de vagues incohérences qui sont d'autant plus agaçantes que le lecteur sait que Patricia Kim revendique explicitement sa filiation avec Agatha Christie, reine des histoires millimétrées, fondées sur des mécaniques aussi impeccables que les moustaches d'Hercule Poirot.
Malgré cela, il convient quand même d'admettre que Patricia Kim a su se sortir honorablement de ce "thriller" qui jette, sur le thème du racisme, un coup de projecteur pertinent et bienvenu, en ces temps où nos hommes politiques trouvent de plus en plus naturel d'opposer les supposés "bons Français" aux prétendus "mauvais". Ses personnages sont attachants et psychologiquement crédibles, et malgré les petits défauts signalés plus hauts, on peine à refermer le livre avant d'en avoir lu l'ultime page, ce qui est toujours bon signe...
Un bon premier roman, donc, rédigé une jeune plume prometteuse.

Vous pouvez retrouver toutes les chroniques à L'Heure des comptes !

Citation

Elle faisait partie de ce genre de personnes rarement surprises, rarement déstabilisées, qui trouvaient simple chaque problème qu'on leur soumettait, des personnes profondément paisibles. En résumé, s'il fallait retranscrire les prises de parole d'Évelyne, elles se termineraient toutes, sans exception, par un point

Rédacteur: Stéphane Beau jeudi 08 mars 2012
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