Mort postiche

Depuis une dizaine d'années, elle voyait débarquer des jeunes loups tout juste sortis de l'école qui rêvaient de faire carrière à la criminelle. La plupart étaient plutôt brillants, ils avaient cependant une image galvaudée du quotidien de leur métier. Abrutis de séries pour la plupart américaines, ils se voyaient en profilers allant de crime en crime à bord d'un jet. Pour Jade, criminologue depuis quinze ans, c'était surtout beaucoup d'heures d'analyses, de statistiques, de probabilités et de lectures d'études psychologiques.
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Roman - Policier

Mort postiche

Ethnologique - Assassinat MAJ lundi 13 février 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Mehmet Murat Somer
Peruklu cinayetler - 2004
Traduit du turc par Valérie Gay-Askoy
Paris : Le Masque, février 2012
318 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7024-3461-1

Un postiche sinon rien

La Cage aux folles nous avait habitués à nous présenter la communauté homosexuelle sous l'angle des travestis. Elle montrait un monde virevoltant, parfois superficiel, doué pour le plaisir et moins pour la contrainte, désireux d'être vu comme une extension de la normalité et non comme son antithèse. C'est dans ce sens qu'il est possible de lire Mort postiche du romancier turc Mehmet Murat Somer : tout commence avec la mort d'un homme, affublé après son assassinat d'une perruque pour faire ressortir ses mœurs "douteuses". C'est Gonul, l'un de ses "voisins" et "amis", qui est inculpé du crime. Il réclame de l'aide, auprès de Abla, le narrateur, qui cumule les activités d'informaticien hacker et de patron de boite de nuit.

Ce narrateur est un virevoltant (il en est beaucoup question dans le roman) : il concilie différents métiers, accueille un ami débarqué de Rio, aux mœurs (il est aussi beaucoup question de mœurs) plus que débridées, et qui risque de voler la vedette à un autre de ses amants, sorte de Zaza Napoli locale.
Nonchalamment, entre deux parties de jambes en l'air à deux ou plus, entre deux coups de blues, car il est difficile de vouloir essayer d'être normal au bras d'un travesti brésilien exubérant, coureur de pantalon, qui transforme votre appartement en maison close à partouze, Abla mène une enquête de facture plus que classique : interrogatoires des témoins, de médecins, liens avec d'autres affaires étouffées, visite des lieux de crime...
Ce n'est d'ailleurs pas l'aspect criminel qui est le centre des préoccupations de Mehmet Murat Somer, mais plutôt, la description joyeuse et colorée d'une Turquie dont on entend peu parler, de la vie à Istanbul – qui doit être plus facile à mener pour les populations marginales que les campagnes anatoliennes -, des démêlés de notre héros avec ses amis, ses amants, ses relations et le désordre que vient semer l'échappé du Carnaval, comme si le meurtre et l'enquête étaient surtout un postiche pour donner du tonus à cette vie effrénée, présentée comme allant de soi.

C'est ainsi que Mehmet Murat Somer signe avec Mort postiche un roman décomplexé sur un sujet que l'on pensait plus rude, mais parfois la légèreté est la meilleur façon de traiter des dures réalités. Virevoltant !

Citation

Il n'y a que les homosexuels pour être aussi soigneux, méticuleux et ordonnés. Chez un homme qui vit seul, jamais vous ne trouverez un vase. Chez lui, il y avait non seulement des vases mais des bouquets de fleur. Vous trouvez cela normal ?

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 13 février 2012
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