Du texte clos à la menace infinie

Les enfants des bourreaux sont-ils comptables des saloperies commises par leurs pères ? S'ils en acceptent les bénéfices, oui. Je n'ai aucun doute sur cette question. Inclure la notion de responsabilité morale dans les héritages reçus me semblerait assez juste.
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Roman - Policier

Du texte clos à la menace infinie

Assassinat - Terrorisme - Corruption MAJ mercredi 25 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 12 €

Ugo Pandolfi
Ajaccio : Albiana, juillet 2011
312 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-84698-341-9
Coll. "Nera"

La crimino-littérature est née...

Nouméa, le 6 septembre 1975. 50000 personnes manifestent pour revendiquer leur identité kanake. Dont Petit Wallès, avec son père, militant de l'Union Calédonienne. Petit Wallès retient tout. N'oublie rien. Ni la suite, en 1986, quand Bernard Pons se mettra en tête d'humilier de nouveau les kanakes : les forces françaises organisèrent alors l'autodafé de leurs archives militantes... Corse, juillet 2005. Antoine Desanti reçoit un texte. Court. Deux pages. Qu'il doit analyser. Spécialiste de l'analyse textuelle, bien qu'à la retraite, expert auprès de la Cour de Paris, les autorités de l'État le consultent toujours. Là, il s'agit d'une menace sérieuse. Antoine modélise sa lecture, la passe au crible d'un logiciel expert en analyse sémantique, loin des horreurs du monde réel. Mais un vieil ami, le commissaire Clément Rossetti, vient lui demander son aide pour élucider un meurtre. Antoine résiste : seule l'analyse des textes le maintient à la bonne distance des horreurs du terrain. Et s'il s'est installé en Corse, c'est pour y développer tout un art de vivre, fait de sagesse gourmande, de soins portés aux corps, à l'esprit, aux amis. Un art de penser, nourri des lectures de Dumézil, de réflexions sur la langue corse, minoritaire, contrainte de s'exiler dans le monde des langues dominantes et puisant, dans cet exil, la force de se délier. On le voit : les kanakes ne sont pas loin, citoyens et membres d'une si petite communauté. Mais Rossetti insiste, le précipite dans l'enfer de l'argent sale des spéculations foncières, obligeant le sémanticien à participer à une enquête véritable, sur un crime déguisé en crime...

Tout le roman d'un coup bascule, travaille au corps si l'on peut dire, le concept de reproduction, presque tel qu'il est pressenti par Walter Benjamin (que Ugo Pandolfi ne cite jamais), analysant le crime à l'ère de sa reproduction industrielle pour nous livrer au passage de superbes réflexions sur la socialisation des comportements criminogènes dans le monde contemporain. Un roman toutefois, martelant des faits, ponctuant son récit au crible de ces faits qu'il faut toujours reconstruire avant que de pouvoir les interpréter. Un roman d'idées donc, disert, traversé des belles réflexions du philosophe corse Jean-Tousaint Desanti, cherchant à comprendre ce que peut être l'essence d'un texte qui aurait la mort pour horizon. Un polar donc, violent, brutal, incommode, mais tout autant badin : nous ne sommes pas dans le monde réel, mais dans celui de la littérature et fût-elle noire, elle s'organise selon une autre logique : celle du plaisir de conter.

Citation

C'est comme ça que j'espère finir mes jours, en caressant mon chien et en regardant la mer.

Rédacteur: Joël Jégouzo mardi 24 janvier 2012
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