Le Jardin du diable

Chacun de son côté, M. Sun et M. Shen pensaient 'Hong Kong' ou 'La compagnie'. Un raccourci pour ne pas nommer la triade à laquelle ils appartenaient, la 14K, une des mafias chinoises les plus puissantes dans le monde du crime organisé. Aucun ne souhaitait voir débarquer ses représentants, ce qui signifierait des désagréments ultimes pour tous.
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Roman - Policier

Le Jardin du diable

Historique - Faits divers MAJ vendredi 23 décembre 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Ace Atkins
Devil's Garden - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Le Masque, janvier 2011
458 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3465-9
Coll. "Grands formats"

Scénario d'un coup monté

Début des années 1920 sur la côte Ouest des États-Unis, Hollywood est déjà le cœur du cinéma mondial. Ce n'est pas encore l'ère des méga superproductions aux budgets faramineux et aux effets spéciaux délirants. Le septième art va pourtant bientôt connaitre l'apogée du cinéma muet. Les actrices campent des femmes fatales aux gestes maniérés et au maquillage sophistiqué, les hommes incarnent des séducteurs ténébreux ou des personnages tragi-comiques aux physiques particuliers.

Roscoe Arbuckle est un acteur adulé par le public. Son allure obèse et son visage de gros poupon y sont pour beaucoup. Si on ajoute toute la palette de ses facéties burlesques, Roscoe, surnommé Fatty en raison de sa silhouette toute en rondeur, fait partie des stars que l'on qualifierait aujourd'hui de bankable. Au plus fort de son succès il organise à San Francisco une grande soirée dans un hôtel. Les invités sont nombreux, des amis plus ou moins proches, des apprenties comédiennes rêvant de décrocher un premier rôle ; la liste est longue pour être de la fête. L'ambiance s'envole au son de la musique ou sans doute un peu aussi grâce aux nombreuses bouteilles d'alcool interdit car la prohibition est déjà en place. Cette soirée aurait pu rester simplement un bon moment de plaisir dans la vie facile et aisée de Roscoe. Malheureusement un incident va faire brutalement basculer sa carrière des pages cinéma des journaux à celles des faits divers. Une jeune femme va être retrouvée en sale état dans une chambre. Elle est dénudée, un brin hystérique et raconte que Fatty aurait abusé d'elle en la violant avec un objet incongru. L'affaire n'est déjà pas brillante mais elle va encore empirer après le décès de la jeune femme trois jours après. Roscoe, lors de ses assauts sexuels, lui aurait écrasé la vessie à cause de son surpoids. Le scandale lancé, Fatty se retrouve vite au banc des accusés face à l'indignation de ses anciens admirateurs. Il est mis en pâture par la presse qui semble vouloir s'acharner sur lui plus que nécessaire.
Un détective va tenter de démêler le vrai du faux dans cette étrange affaire. Il va recueillir un maximum de témoignages relevant au passage un certain nombre de contradictions, de révélations trafiquées comme par exemple l'autopsie qui semble avoir été pratiquée n'importe comment. Ce privé est pour le moment encore un inconnu. Il travaille pour l'agence réputée Parkinton. Quelques années plus tard il sera un des pionniers du roman noir, changeant au passage son prénom pour devenir le célèbre écrivain Dashiell Hammett.

Le Jardin du diable est tiré de faits réels, ceux relatifs à la chute irrémédiable de Roscoe Arbuckle. C'est une bonne reconstitution du monde incroyable du cinéma du début du vingtième siècle dans une Amérique fascinante mais empêtrée dans ses paradoxes, ses contradictions. Vu de l'extérieur le milieu cinématographique fait rêver tant qu'on ne regarde pas l'envers du décor pour y découvrir le règne de la corruption avec comme leitmotiv le gain d'argent. Cela montre également la dure réalité de la célébrité qui, déjà à l'époque, place des personnes au firmament pour mieux les piétiner l'instant d'après. Dans Le Jardin du diable le coup monté est donné comme une évidence dès le premier chapitre, quelqu'un a voulu la chute de Roscoe. Ace Atkins explore bien toutes les pistes et décortique minutieusement ce mauvais scénario ayant servi à faire plonger cette figure illustre du cinéma muet. Le bémol est que, même si la reconstitution est brillante et très documentée, on demeure juste peut-être un spectateur certes privilégié mais sans en retirer vraiment beaucoup d'émotions et sans voir non plus un sentiment d'attachement grandir pour ce malheureux Fatty pourtant plongé en pleine déconfiture.

Citation

- Peut-être que c'est un type qui sait se tenir, dit Sam. C'est ce que je pense des gens qui ne dénoncent pas leurs amis.
- Et moi, vous savez comment j'appelle un type qui se ficelle lui-même le cul sur la chaise électrique ?
- Dites-le-moi, je vous prie.
- Un imbécile.

Rédacteur: Fabien Maurice lundi 19 décembre 2011
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