La Chambre des merveilles

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Roman - Insolite

La Chambre des merveilles

Historique - Social MAJ dimanche 02 octobre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Alfonso Mateo-Sagasta
El gabinete de las maravillas - 2006
Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis
Paris : Rivages, septembre 2011
272 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2267-1
Coll. "Thriller"

Cauchemar au cabinet de curiosités...

La collection est une passion presque aussi vieille que le monde. N'est-ce pas Noé qui aurait commencé ? Si certaines sont bien innocentes d'autres se révèlent dangereuses. C'est le cas de la chambre des merveilles, cet antre secret rempli de curiosités, où Isodoro Montemayor mène sa seconde enquête.

À l'automne 1614, l'archiviste du marquis de Hornacho, l'oncle de doña Micaela, comtesse de Cameros, est assassiné. Le vol ne semble pas être le mobile. Il s'occupait de la chambre des merveilles, fierté du marquis.
Isodoro Montemayor est, depuis deux mois, le secrétaire de la comtesse. La curiosité de celle-ci, la sienne, sont titillées par les raisons d'un tel meurtre. Elle convainc son oncle et Isodoro prend la place du défunt. Dans les lieux, il commence ses recherches.
Selon le marquis seuls son archiviste, son chapelain et lui, rentrent dans la suite de pièces qui forment la chambre. Isodoro découvre que nombre de serviteurs peuvent fréquenter les lieux et que la porte de la cuisine, donnant sur la rue, n'est pas toujours fermée la nuit. Il approche aussi des secrets du marquis. Celui-ci affectionne les monstruosités, achète les corps difformes de leur vivant pour les faire naturaliser et les ajouter à ses collections. Son archiviste avait une corne semblable à celle d'un bélier sur la tempe droite.
Isodoro, qui rêvait de visiter et admirer le contenu de cette chambre des merveilles, va vite regretter que son souhait se soit réalisé...

Après avoir confronté son lecteur à la richesse de l'œuvre de Cervantès dans Voleurs d'encre, Alfonso Mateo-Sagasta engage son héros dans la découverte d'une collection où le monstrueux côtoie l'insolite, le religieux et l'hérésie.
L'enquête que mène le héros est l'occasion, pour l'auteur, de faire découvrir un monde peuplé de personnages oh combien ! pittoresques, d'activités insolites, d'objets hétéroclites et d'innombrables croyances populaires. L'auteur s'attache aussi à dépeindre l'attirance que suscite la différence. Il rapporte les explications pseudo scientifiques, pseudo religieuses, de l'époque pour tenter d'éclairer les causes de ces malformations.

L'auteur introduit nombre de données variées touchant tous les domaines de l'existence en ce début de XVIIe siècle à Madrid. Il brosse une peinture étonnante de la vie quotidienne sans omettre les odeurs, la crasse, la misère. Il restitue cette ambiance dans un style alerte avec un ton incisif. Il manie l'humour et l'ironie avec à-propos, pointant les travers de cette société violente où le poids du clergé, et de son bras armé l'Inquisition, était un véritable étouffoir de tous progrès.
Il illustre ses propos d'images piquantes et de réflexions pertinentes et fait acte pédagogique, faisant expliquer par ses personnages des techniques, la composition de produits...

Si l'intrigue policière reste succincte par rapport au récit, elle est subtile, adroitement mise en scène et prend en compte les mentalités de l'époque. Lesquelles mentalités restent encore bien vivaces quand on constate l'arrogance, le mépris, de nos actuels gouvernants et ceux de leur sphère.

La Chambre des merveilles est un roman captivant, érudit, restituant une époque, une société et décrivant les aventures séduisantes d'un héros haut en couleurs et... en ressources !

Citation

Noir ? me dis-je alors. Du bouillon de chat noir ? Putain, il faut voir comment certains savent profiter de la superstition des ignorants. Les gens sont bêtes, ils sont confiants et ils favorisent la prolifération de ces charlatans qui rivalisent d'invention. Du bouillon de chat noir... Comme si, pour chasser le mauvais œil, n'importe quel chat ne faisait pas l'affaire !

Rédacteur: Serge Perraud vendredi 30 septembre 2011
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