Le Diable dans la ville blanche

Quand je relève la tête, je vois le ciel moucheté de grains neigeux qui tranquillement déclinent, restent un instant en suspens, attendent. Et c'est là que je comprends que je n'arriverai pas à en sauver un seul.
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Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
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samedi 20 avril

Contenu

Roman - Thriller

Le Diable dans la ville blanche

Historique - Tueur en série MAJ vendredi 10 juin 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Erik Larson
The Devil in the White City - 2003
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Tézenas
Paris : Le Cherche midi, avril 2011
656 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1708-9
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 26/04 Prix littéraire: Prix des lecteurs du livre de poche 2013 : sélection d'avril
  • 07/09 Édition: Parutions de la semaine - 7 septembre
    Les thrillers ouvrent le bal en ce début de rentrée littéraire. Démarrage en trombe avec les Harlan Coben, Jean-Christophe Grangé, Lisa Gardner et autres Gillian Flynn, mais les romans noirs et sombres ne sont pas en reste avec la parution des "deuxièmes" Stuart Neville et Leonardo Oyola. Le premier se fait discret alors que le second est omniprésent sur la toile (sauf chez nous - pour l'instant - ne manqueront pas de noter les plus averties des éditrices asphaltées). À noter que Rivages publie deux inédits signés Michaël Mention et Dominique Forma, bien accueillis à la rédaction, que Krakoen envoie sa deuxième fournée de "Petits noirs" avec des nouvelles d'auteurs français (parmi lesquels on retrouve étonnamment le k-libriste Frédéric Prilleux), et que le Livre de poche ressort deux romans d'auteurs transfuges du Masque au Seuil, Ron Rash (que nous avons rencontré) et Don Winslow. Une semaine vous l'aurez compris placée sous le signez du chiffre "deux" :

    Grand format :
    À découvert, de Harlan Coben (Fleuve noir, "Noirs")
    Tu es le mal, de Roberto Costantini (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    Caché, de David Ellis (Le Cherche midi, "Thrillers")
    Les Apparences, de Gillian Flynn (Sonatine)
    Les Morsures du passé, de Lisa Gardner (Albin Michel, "Spécial suspense")
    Kaïken, de Jean-Christophe Grangé (Albin Michel, "Thriller")
    Les Fantômes de l'harmonica, de Jean-Pierre Larminier (Jeanne d'Arc)
    Trois histoires énigmatiques suivi de Une nouvelle aventure d'Arsène Lupin, de Maurice Leblanc (Librio)
    Anima, de Wajdi Mouawad (Actes sud)
    Collusion, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller")
    Chamamé, de Leonardo Oyola (Asphalte, "Fictions")
    Le Parieur, d'Alexis Salatko (Fayard, "Littérature française")
    Je pars demain pour une destination inconnue : Exodus, 1947, de Maud Tabachnik (Archipel, "Cœur noir")

    Poche :
    Ne la quitte pas des yeux, de Linwood Barclay (J'ai lu, "Thriller")
    Nonne à tout faire, de Guillaume Béchard (Grand west, "Poche")
    Ligne 13, d'Antoine Blocier (Krakoen, "Petit noir")
    Tu me suivras dans la tombe et autres romans, de James Hadley Chase (Folio, "Policier")
    Remède mortel, de Harlan Coben (Pocket, "Thriller")
    Les Instruments de la nuit, de Thomas H. Cook (Pointsdeux, "Pointsdeux")
    Les Mariolles, de Frédéric Dard (Pocket)
    Boarding, de Jean-Marc Demetz (Krakoen, "Petit noir")
    Voyoucratie, de Dominique Forma (Rivages, "Noir")
    La Fille cachée, de Lisa Gardner (Archipoche, "Archipoche")
    La Maison d'à côté, de Lisa Gardner (LGF, "Thriller")
    Les Plumes du dinosaure, de Sissel-Jo Gazan (LGF, "Thriller")
    Nocturne, de Martha Grimes (City, "Poche")
    The Killing, de David Hewson (J'ai lu, "Thriller")
    La Rivière perdue, de Michael Koryta (LGF, "Thriller")
    Le Diable dans la ville blanche, d'Erik Larson (LGF, "Thriller")
    Une nuit sur la mer, de Patricia J. MacDonald (LGF, "Thriller")
    La Ville des enfants perdus, de Jennifer McMahon (LGF, "Thriller")
    Lucille, de Franck Membribe (Krakoen, "Petit noir")
    Sale temps pour le pays, de Michaël Mention (Rivages, "Noir")
    Une mer sans soleil, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives")
    Encubé, de Frédéric Prilleux (Krakoen, "Petit noir")
    Serena, de Ron Rash (LGF)
    Du bois dont on fait les pipes, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    La Fin des haricots, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    Chapeau, de Hervé Sard (Krakoen, "Petit noir")
    Entre deux voix : journal d'une jeune interprète de conférence, de Jenny Müller Sigot (Mon village, "Roman poche")
    Ulve la rouge, de Claude Soloy (Krakoen, "Petit noir")
    Savages, de Don Winslow (LGF, "Policier")
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L'Architecte et l'Assassin.

Février 1890 : Chicago obtient, de haute lutte, l'organisation de l'Exposition universelle colombienne pour commémorer le 400e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. Le délai est court et les obstacles en nombre. Dans le même temps, un homme met en place les éléments d'une des plus terrifiantes séries de crimes. Un document qui se lit avec autant de tension qu'un thriller.

Le 24 février, le Congrès désigne Chicago pour organiser une exposition universelle qui doit surpasser en splendeur l'Exposition de Paris de 1889. L'inauguration est fixée au 12 octobre 1892 et l'ouverture officielle au 1er mai 1893. Les édiles de Chicago veulent absolument organiser cet événement pour faire oublier leur réputation de ville de seconde zone, noire, inculte, sans raffinement culturel et social. Ce sont Daniel Burnham et John Root, les architectes les plus en vue, les pionniers dans la construction d'immeubles élevés qui pilotent l'opération. Le défi est immense. Il faut, en moins de trois ans, construire une ville nouvelle de plusieurs centaines de bâtiments sur deux virgule cinq kilomètres carrés. Si les premiers projets sont très vite acceptés par le Comité, le choix du lieu définitif ne se fait qu'au mois de novembre. Le site retenu est un paysage de désolation au sous-sol composé d'un sable gorgé d'eau...

H. H. Holmes, de son vrai nom Herman Webster Mudgett, arrive à Chicago en août 1886. Il se dit docteur en pharmacie. C'est un bel homme, affable, qui possède la capacité de convaincre et l'art de la manipulation. Il devient l'assistant de Mme Holton dont le mari est mourant. Il prend très vite la qualité de propriétaire et déclare que Mme Holton est partie s'installer en Californie à ceux qui demandent des nouvelles. Il séduit une clientèle féminine et son officine connaît le succès. Il se rend acquéreur d'un terrain où il fait bâtir un immeuble dont il dessine les plans. Il s'arrange pour qu'aucun ouvrier travaillant sur le chantier ne puisse avoir une idée de l'ensemble.

Erik Larson mêle et entremêle, les parcours bien différents de deux hommes pour raconter la création, contre vents et marées, d'une ville blanche et la piste destructrice d'un tueur en série. L'un construit, donne une identité nouvelle, insuffle une fierté à un peuple, l'autre escroque, détruit des vies pour satisfaire des pulsions sanguinaires.

L'auteur détaille le travail des pilotes de l'opération, la pugnacité dont ils ont fait preuve pour surmonter difficultés et obstacles. Il leur faut d'abord convaincre d'autres architectes de travailler sur le projet car il est impensable qu'ils puissent le mener à terme, seuls. Il faut innover, trouver de nouvelles solutions techniques, résoudre les problèmes d'intendance, d'approvisionnement, de construction, jouer avec des éléments incontournables comme la variation importante du niveau du lac Michigan… Une récession venue d'Europe, une tempête, des décès ajoutent aux difficultés matérielles.

Il décrit la ville avec précision et dresse le portrait physique et psychologique de ses habitants, retraçant la vie trépidante de la cité, son essor et son expansion, son affairisme et le complexe des notables vis-à-vis d'autres villes de l'Union comme New York ou Philadelphie. Il raconte aussi la réalité de l'expansion économique, la richesse pour les uns, la misère pour les autres, la rareté des logements, la saleté, la puanteur, le danger... Il donne mille détails pertinents pour faire revivre une société et un mode de vie que l'on a peine à imaginer aujourd'hui. Il glisse, par exemple, quelques menus des repas pantagruéliques pris par les invités des porteurs du projet.

Erik Larson relate le parcours de Holmes, ses attitudes, ses escroqueries, sa manière d'être et de faire, les éléments mis en place pour mener son œuvre de mort. L'auteur montre aussi comment cet homme a pu échapper si longtemps à la police, alors que nombre de ses jeunes et souvent jolies vendeuses disparaissaient. Il pointe du doigt le rôle des complices dont il a su s'entourer malgré tout. Il relate l'enquête menée par l'inspecteur Frank Geyer de la police de Philadelphie, son opiniâtreté qui amena à sa condamnation. Il décrit la personnalité trouble de cet assassin qui déclarera dans ses mémoires : "Je suis né avec la diable en moi. Je n'ai pas pu m'empêcher d'être un assassin, pas plus que le poète ne peut empêcher son inspiration de chanter."

Ce livre est fondé sur des sources authentiques, l'auteur ne s'autorisant que quelques libertés dans la reconstitution de deux des meurtres et de quelques scènes mineures.

Le diable dans la ville blanche est un magnifique document sur l'âge d'or de Chicago, un récit mené avec vigueur et talent sur un sujet qui, de prime abord, ne se prête pas à nourrir le suspense. Et pourtant !

Citation

Ces vendeuses, à son humble avis, avaient la fâcheuse manie de quitter leur emploi sans préavis, et parfois même sans se donner la peine de récupérer leurs affaires personnelles dans leur chambre du premier étage.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 11 décembre 2012
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