Une histoire de la peine de mort

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Essai - Policier

Une histoire de la peine de mort

Historique - Procédure MAJ mardi 24 mai 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Pascal Bastien
Paris : Le Seuil, janvier 2011
350 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-02-079754-2
Coll. "L'Univers historique"

Un fait de société !

La peine de mort a, de tout temps, fait partie d'un système social. Elle fut, à l'origine, l'une des premières sanctions pénales. Elle a connu une évolution notable avec la Loi du Talion symbolisée par : œil pour œil, dent pour dent. Outre son aspect répressif, la peine capitale est un objet d'histoire culturelle.

Pascal Bastien, dans son ouvrage, se propose de réunir les éléments permettant de "comprendre les fondements de la peine de mort, ses modalités, les peurs qu'elle imposait, les espoirs qu'elle pouvait paradoxalement inspirer..." Pour mener ce travail de réflexion historique, l'auteur borne son étude à Paris et Londres sur la période qui s'étend de 1500 à 1800 et débouchera sur une mutation. Il a retenu ces deux cités parce qu'à cette époque, elles étaient les plus importantes et représentatives de deux approches, de deux concepts, différents de la justice.
Il précise, alors, les juridictions, les instructions, les châtiments tels qu'ils se pratiquaient dans les deux villes. À Londres, le système judiciaire se basait sur une procédure accusatoire, alors qu'à Paris, seule une procédure inquisitoire avait droit de cité. La première se fonde sur l'Habeas corpus, un système de jury et la publicité des procès. La seconde s'appuie sur le secret des procédures criminelles, l'arbitraire des juges, l'usage de la torture comme instrument d'enquête.
Après les principes, c'est la mise en pratique que décrit l'auteur. Il détaille les lieux, les exécutions, les acteurs (le bourreau sur le continent, le Hangman à Londres), le spectacle qu'offre la peine capitale avec ses processus et ses mises en scène. Il termine par la présentation d'une large part d'archives qui redonnent vie, à travers les testaments, les dernières paroles, les derniers écrits, à des condamnés quelques instants avant leur exécution.

Pascal Bastien, dans les limites de son étude, offre un ouvrage brillamment documenté, comparant deux systèmes judiciaires qui amènent toutefois à la prononciation de la même sentence. Il donne nombre d'exemples, appuie son argumentation sur un nombre impressionnant de sources (la bibliographie représente vingt-neuf pages) et mène un travail d'investigation, de comparaison. Son propos est alerte et les qualités du récit indéniables. Ce livre érudit se lit aussi facilement qu'un roman. La prise de connaissance des nombreuses notes et références est facilitée par leur mise en bas de page, plutôt qu'un renvoi en fin de volume.
Il en résulte un travail remarquable qui donne une vision nouvelle de ce que fut la peine capitale, son esprit et son application. Nombre de débatteurs doivent le lire pour enrichir leur argumentaire.
On peut mesurer, par exemple, une échelle différente des valeurs entre cette période et la nôtre. Le vol dans une église ou une maison royale était puni comme le crime de sang. Et le crime contre la propriété tels que le vol par effraction, le vol domestique conduisaient également à la peine de mort. Si, aujourd'hui ces délits sont considérés comme bénins, les biens et les objets étaient regardés, à l'époque, comme aussi précieux que la vie humaine.

Ceux qui imaginent trouver en ces pages des descriptions toutes plus sanglantes les unes que les autres seront déçus. L'auteur ne brosse pas un tableau "gore" de cette peine, sans toutefois, édulcorer et masquer la réalité.

Une histoire la peine de la mort est une étude à découvrir pour la richesse de son contenu et la profondeur de l'étude de ce fait social.

Citation

Pour la justice du roi, l'exécution capitale visait à convaincre la foule de la présence, de la puissance et de la légitimité de son pouvoir. L'exemplarité cherchait bien sûr à prescrire l'obéissance par la peur des supplices, mais la peine capitale devait surtout se motiver elle-même : ce fut là toute l'importance du rituel...

Rédacteur: Serge Perraud vendredi 15 avril 2011
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