L'Obscure mémoire des armes

Ils appellent ça de 'la viande noire' qu'ils consomment après l'avoir séchée et longuement boucanée.
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jeudi 18 avril

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Roman - Noir

L'Obscure mémoire des armes

Politique - Assassinat MAJ vendredi 24 février 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Ramon Díaz-Eterovic
La Oscura memoria de las armas - 2008
Traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg
Paris : Métailié, mars 2011
278 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-768-5
Coll. "Noir - Bibliothèque hispano-américaine"

Actualités

  • 18/03 Édition: Parutions de la semaine - 18 mars
    Le Salon du livre de Paris vient à peine d'ouvrir ses portes mettant à l'honneur les pays scandinaves, mais, une fois n'est pas coutume, hormis la Finlandaise Monika Fagerholm, le souffle est noir, plus littéraire, et nous vient d'Amérique centrale et du Sud. Chez Métailié, le Chilien Ramón Díaz Eterovic propose une nouvelle aventure d'un Mario Conde plus désillusionné que jamais dans une enquête qui montre que les plaies chiliennes infectées au Pinochet ne sont pas encore refermées. Et que dire de ce nouveau venu du Nicaragua qu'est Sergio Ramírez ? Gallimard et la "Série noire" ne sont pas en reste avec le Mexicain Elmer Mendoza. Pendant ce temps, Fleuve noir nous propose un nouveau roman de Peter James alors qu'Hervé Comère nous invite à faire des ronds dans l'eau. Au milieu de tout ça, Jigal et Ravet-Anceau y vont de leurs petits protégés, et Folio policier remet à l'honneur Pierre Boileau et Thomas Narcejac. Et comme d'habitude, tout est à découvrir là :

    Grand format :
    Le Tombeau du phénix, de François-Xavier Cerniac (Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Les Ronds dans l'eau, de Hervé Commère (Fleuve noir)
    L'Obscure mémoire des armes, de Ramón Díaz Eterovic (Métailié, "Noir")
    La Scène à paillettes, de Monika Fagerholm (Stock, "La Cosmopolite")
    Pitié pour Constance, de André Fortin (Jigal, "Polar")
    Le Paradoxe du cerf-volant, de Philippe Georget (Jigal, "Polar")
    La Mort n'attend pas, de Peter James (Fleuve noir, "Thriller")
    La Route d'émeraude, de P. .J. Lambert (First, "Thriller")
    Le Psychopompe, de Dominique Maisons (Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Balles d'argent, d'Elmer Mendoza (Gallimard, "Série noire")
    Les Enfants de la camorra, de Angello Petrella (Jean-Claude Lattès)
    Il pleut sur Managua, de Sergio Ramírez (Métailié, "Noir")
    L'Annonce faite à Amber, de Caroline Rebstock (Odile Jacob, "Thriller")
    L'Aphrodite profanée, de Cristina Rodriguez (Le Masque)
    Rue de la crique, de Michel Roset (Glyphe)

    Poche :
    La Clef des hauts, de Gérard Bertuzzi (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Les Veufs, de Pierre Boileau & Thomas Narcejac (Folio, "Policier")
    La Vie en miettes, de Pierre Boileau & Thomas Narcejac (Folio, "Policier")
    3 petits singes en Côte-d'Armor, de Bernard Enjolras (Alain Bargain, "Enquêtes & suspense")
    Le Tueur intime, de Claire Favan (Points, "Thriller")
    Marcq ou crève !, de Philippe Govart (Ravet-Anceau, "Polar en Nord")
    L'Idole noire, de Stéphane Héaume (Le Moteur, "Histoire courte")
    Ouragan sur Damgan, de Hervé Huguen (Alain Bargain, "Enquêtes & suspense")
    L'Heure étoilée du meurtrier, de Pavel Kohout (Folio, "Policier")
    Vierge de cuir, de Joe R. Lansdale (Folio, "Policier")
    Dix petits démons chinois, de Frédéric Lenormand (Points, "Policier")
    Petits meurtres entre amis, de Saskia Noort (Folio, "Policier")
    Le Trésor de la baie de Some, de Jacques Thélen (Ravet-Anceau, "Polar en Nord")
    Béthune, 2 minutes d'arrêt, de Patrick S. Vast (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Liens : Le Tueur intime |Ramon Díaz-Eterovic |Claire Favan |André Fortin |Philippe Georget |Philippe Govart |Peter James |P.J. Lambert |Joe R. Lansdale |Frédéric Lenormand |Patrick Samuel Vast

Simenon et Allende

On dit que les chats ont sept vies. Simenon, celui de Heredia, le héros des romans du Chilien Ramón Díaz-Eterovic sûrement. Mais les hommes qui traversent ses récits n'en ont qu'une, de vie. Dans le Chili qui se remet des douleurs de la dictature de Pinochet, ceux qui sont passés entre les mains de militaires tortionnaires dans la Villa Grimaldi ont surtout conscience, même s'ils s'en sont sorti vivants, que leur vie est à jamais foutue car "les horreurs du passé étaient une monnaie dévaluée". Certains des rescapés fuient la réalité, d'autres veulent que la justice soit faite. Et "s'il n'y a pas de justice, il y a dénonciation publique".

C'est dans ce contexte que survient la mort de German Reyes, abattu dans la rue par deux hommes armés alors qu'il sortait de son travail. Si la police y voit un acte banal de délinquance urbaine qu'elle s'empresse de classer, la sœur de la victime n'y croit pas une seule seconde, et contacte Heredia, détective fin lettré qui traine un certain spleen, et qui ne doit sa survie qu'aux passages épisodiques de Griseta, sa maîtresse dont il est éperdument amoureux, et à sa fréquentation des bars des quartiers pauvres de la ville. German Reyes, ancien sympathisant de Salvador Allende, aux premières heures de la dictature, a été embarqué et torturé par des hommes suffisamment courageux pour s'affubler de surnoms et de pseudonymes. Libéré, il n'a eu de cesse de collecter des articles de presse, de remonter des pistes, de témoigner dans le rapport de la Commission nationale "Prison politique et torture" et de s'engager dans le militantisme et la dénonciation de ces bourreaux oubliés qui ont su disparaitre tout en conservant d'énormes privilèges.

Ramón Díaz-Eterovic relate ces faits avec sa plume nostalgique et poétique. Il parsème son histoire de remarques sensées de Simenon, multiplie les portraits de gens ordinaires blessés par la vie, à jamais sur le qui-vive dans l'attente mais surtout pas l'espérance d'une nouvelle arrestation. Sans jamais sombrer dans un pathos vulgaire, à mesure qu'Heredia croit plonger dans son propre gouffre, Ramón Díaz-Eterovic fait resurgir l'humanité dans ce qu'elle a de meilleur. Et c'est ainsi qu'on referme ce livre comme on abandonne à regret un rêve, qui ne cessera malgré tout de nous accompagner pendant une trop courte période.

Citation

Ta carte de visite était dans la poche de la victime. J'ai pensé la laisser à portée de mes hommes mais je me suis rappelé mes dettes envers toi et j'ai décidé de t'épargner un mauvais moment. Je t'estime malgré tes insolences.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 13 mai 2010
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