La Théorie du panda

Bouleversé, presque affolé, Franck réfléchit tout en lançant des coups d'œil inquiets autour de lui. Devait-il vraiment mettre dans sa poche de veste deux moitiés de doigts et un fragment de chair qui évoquaient vaguement la paume d'une main, le tout excessivement malodorant et d'une affreuse couleur noirâtre ?
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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

La Théorie du panda

Psychologique - Social MAJ vendredi 30 décembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16,5 €

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Pascal Garnier
Paris : Zulma, janvier 2008
176 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-84304-435-9

Trompeuses empathies

On est en Bretagne. À l'intérieur, là où il n'y a pas la mer - juste un ciel au-dessus de tout ça parce qu'il en faut bien un, toujours. Un quai de gare, puis des rues pas bien vivantes - une sorte de désert morne, pas de quoi rêver au grand large. C'est pourtant là qu'il s'arrête, Gabriel. Sans autre bagage que son sac de sport, et puis quelque chose qui émane de toute sa personne sans qu'il force quoi que ce soit, un charme qui lui attire, à la minute où ils l'aperçoivent, la sympathie des gens qu'il croise et à qui il parle. Il faut dire que, spontanément, Gabriel se met à rendre service : à José, le restaurateur "qui ne fait pas restaurant" tant que sa femme est à l'hôpital et qui paraît tout désemparé sans sa Marie, Gabriel propose de venir faire la cuisine, juste pour eux deux, histoire d'égayer un peu leur temps. À Madeleine, la réceptionniste de l'hôtel du coin où il a pris une chambre, il sourit gentiment, il l'invite à dîner sans la draguer - vous alors, vous êtes un drôle de type.... À Marco, qui débarque un jour dans le restau de José, flanqué de sa compagne Rita, il achète un saxophone dont il n'a pas l'utilité uniquement pour lui donner un coup de main. Et il gagne au tir un énorme panda en peluche, au sourire benoîtement figé sur sa bonne face - un sourire élargi encore par les bras grands ouverts de l'animal, qui semblent vouloir étreindre en ami quiconque passe près de lui. Surtout, Gabriel écoute les confidences, les plaintes, les regrets des uns et des autres. Mais lui ne dit rien de sa vie.
Le lecteur est peu à peu mis dans la confidence : le récit s'interrompt de place en place et des incises en italiques surgissent. On comprend que s'esquisse là un avant-récit troublé, douloureux et sanglant, qu'il faut reconstituer au fur et à mesure que l'on progresse dans sa lecture. Ces scansions éraillent un peu la narration et maintiennent l'attention en éveil ; sans cela, le récit plongerait dans une étrange torpeur à se dérouler ainsi comme en pointillés, par succession de séquences brèves et à coups de phrases courtes, de dialogues que l'on sent sous-tendus de silences et de non-dits. Une torpeur quasi hypnotique : l'écriture de Pascal Garnier a la noirceur douce et lente d'un jour brumeux de novembre ployant sous sa froidure les branches nues des arbres. Par leur rythme, leur syntaxe, les phrases ont l'allure voûtée de silhouettes désabusées traînant le pas, les poings enfoncés dans des poches étirées jusqu'à bientôt craquer. On pressent une parenté stylistique avec Marcus Malte - auteur à qui est adressé un rapide clin d'œil par l'entremise d'un cordonnier qui compte parmi ses clients un dénommé... Marcus Malte. Et puisque l'on en est aux complicités confraternelles, signalons que le roman est dédicacé à Jean-Bernard Pouy.

La Théorie du panda a obtenu, le 5 décembre 2008, le prix du meilleur polar francophone décerné lors du onzième salon du Polar de la ville de Montigny-lès-Cormeilles. S'ajoute ainsi une perle supplémentaire à la belle... théorie de prix que les éditions Zulma récoltent depuis quelque temps - en ce seul automne, ce sont pas moins de trois prix, dont le Médicis, qui ont couronné Là où les tigres sont chez eux de Jean-Marie Blas de Roblès, un roman certes hors polar mais dont on ne peut pas ne pas parler, même ici à k-libre, dès lors que le nom de Zulma vient sous le clavier. Pour rester dans le noir domaine, on rappellera que Marcus Malte - comme on le retrouve... - avec Garden of love, a déjà valu à son éditeur une impressionnante liste de récompenses...


On en parle : La Tête en noir n°135 |Carnet de la Noir'Rôde n°45

Citation

Avant y avait rien, après y aura rien et entre les deux on se fait chier. Pourquoi ?... Pourquoi ?...

Rédacteur: Isabelle Roche dimanche 07 décembre 2008
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