L'Argent du diable

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Roman - Policier

L'Argent du diable

Historique - Religieux - Finance MAJ vendredi 04 mars 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Pedro Ángel Palou
El Dinero del Diablo - 2009
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Dominique Lepreux
Paris : Jean-Claude Lattès, janvier 2011
336 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-3542-4
Coll. "Romans historiques"

Quand l'Histoire dépasse la fiction...

Ignacio Gonzaga, un jésuite, pour fuir un passé pesant, a décidé de se consacrer à une mission humanitaire en Jordanie. Alors qu'il va déjeuner avec Shoval Revach, une amie, médecin légiste au Tribunal suprême de Jérusalem, il est appelé par Francescoli, le secrétaire du père général. Jonathan Hope, un historien, a été assassiné. Ignacio, qui s'est fait une réputation d'enquêteur, est rappelé sans délai à Rome. Il entraine Shoval avec lui qu'il présente sous la couverture de sœur Édith.
L'action se transporte en 1929. Pie XI, élu depuis sept ans, se désespère de sa pauvreté. Il n'a pas les moyens financiers pour entretenir les bâtiments, pour se chauffer et chasser les rats qui pullulent. Il faut retrouver, pour l'Église, sa longue histoire de pouvoir et d'influence, sortir de la prison du Vatican et lutter contre la menace de l'athéisme que représente le communisme. Depuis 1924, il tente de maintenir, sans succès, une présence en Russie. Sur place, tout indice a disparu. La pièce a été nettoyée et le corps enterré. Ignacio reprend la place de Hope aux archives secrètes et se fait remettre les documents sur lesquels travaillaient ce dernier, des documents cryptés avec le Code vert du contre-espionnage catholique pendant la Seconde Guerre mondiale. Un second cadavre est découvert, celui de Korth, le recteur de l'université pontificale Grégorienne que l'on retrouve pendu, s'accusant dans un ultime message du meurtre de Hope. Pie XI charge Gasparri son secrétaire d'État de négocier avec Mussolini. Eugenio Pacelli, le nonce de Bavière, très proche de Gasparri, recrute Bernardino Nogara, l'homme le mieux indiqué pour gérer des affaires financières. Ignacio, finit par découvrir que les notes prises par Hope ont été remises au père Korth, que ce dernier a envoyé à Bale, la veille de sa mort. En se rendant à l'aéroport, il est pris en chasse par deux hommes aux intentions belliqueuses. À Bâle, son contact est assassiné...
Pedro Ángel Palou prend, pour point de départ de son roman, les accords de Latran signés entre le cardinal Eugenio Pacelli et Mussolini. Ceux-ci, malgré la réduction de la souveraineté du pape à la seule cité du Vatican, instituent le catholicisme comme la religion d'État en Italie. De plus, ils mettent fin à une situation bloquée depuis 1871, depuis la proposition de deux milliards de lires au titre de compensation pour la perte de ce que furent les États pontificaux. Ceux-ci, qui vont compter jusqu'à sept provinces du centre de l'Italie, ont été fondés par un document appelé donation de Constantin, un faux qui date vraisemblablement du VIIIe siècle.
C'est à partir de 1860 que ceux-ci commencent à être annexés à l'Italie qui se construit. Cette compensation avait toujours été refusée par les papes. Mais Pie XI veut en finir avec la pauvreté. L'auteur évoque également l'accession d'Hitler soutenue par l'Église. Le recrutement de l'ancien banquier, chargé de faire fructifier ces nouvelles ressources en investissant dans des secteurs économiques de pointe, démontre que la rentabilité financière devient le seul souci. L'auteur renvoie les conséquences de ces tractations, de ces échanges discrets, à nos jours en déclenchant une série d'assassinats de ceux qui approchent de trop près les secrets de cette époque. Il choisit, pour illustrer cette partie fictionnelle, un jésuite de choc au parcours atypique. Il est riche mais utilise son argent pour des causes humanitaires. Pedro Palou l'associe à une jeune juive, mais développe une intrigue conventionnelle, tant dans les péripéties de l'enquête que dans l'évolution des rapports du couple. Il faut faire fi de quelques commodités romanesques comme, par exemple, la facilité avec laquelle Ignacio la convainc de l'accompagner à Rome du jour au lendemain... Par contre, toute la partie "historique" qui s'étend de 1923 à 1939, est passionnante. Elle seule suffit à justifier la lecture de ce livre. On peut affirmer que la réalité dépasse la fiction dans L'argent du diable. L'auteur expose une partie peu dévoilée, pour l'instant, des turpitudes des responsables du Vatican dans cette période trouble de la montée des fascismes. Et cette partie est une réussite !

Citation

Il y a un dicton dans la haute curie vaticane : "Ta mort, c'est ma vie." Dans les couloirs de la Ville sainte, pour la nommer affablement, le croc-en-jambe est un sport d'enfant.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 13 février 2011
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