Contenu
Culture Clash : Punk rockers, Big Audio Dynamite, Dreadlocks et vidéo
Grand format
Inédit
Tout public
Avec la collaboration de David Nobakht
Traduit de l'anglais par Serge Loupien
Paris : Rivages, novembre 2010
248 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2157-5
Coll. "Rouge"
Punky Reggae Party
Il fut l'un des artisans les plus actifs et déterminants de la vague punk ; celui qui y injecta du reggae, pour extirper le mouvement de son carcan rock. Compositeur et parolier, DJ, réalisateur de près de deux cents clips, l'ex-gamin turbulent de Brixton se livre dans une foisonnante autobiographie.
"C'est le parcours d'un homme qui n'a cessé d'osciller entre deux pôles : celui, majoritairement blanc, de l'art, de la mode, de la réalisation de clips et de films au Royaume-Uni et celui de la sensibilisation noire telle qu'elle s'est exprimée par le reggae jamaïcain, le hip-hop". La vie de Don Letts peut se résumer à cela... Fils d'émigrés jamaïcains, élevé à la dure, il fait les quatre cents coups dans les rues de Brixton, tandis que débarque à Londres la culture ska, avec son lot de Rude Boys. Il va aux meetings des sympathisants anglais des Black Panthers, et développe une obsession pour les fringues : "J'avais trois boucles d'oreilles, du kohl aux yeux, et je portais un imperméable transparent et des Wincklepickers à bouts pointus"... Fréquemment arrêté par "Old Bill" - la police -, on le retrouvera à Notting Hill, lors des émeutes raciales qui éclatent durant le carnaval de 1976 et qui inspireront aux Clash leur premier tube, "White Riot". Letts est curieux, à l'affût des moindres signes annonciateurs des changements de la société. Et il voit dans le mouvement punk la possibilité, enfin, de métisser musiques et modes de vie. En faisant le DJ au Roxy, LE club punk de Londres, il passe du dub entre les sets des Clash ou des Damned, en soulignant que seuls le punk et le reggae parlent alors du quotidien des prolos, réunissant la jeunesse au-delà de la couleur de la peau. Si le punk s'est d'abord résumé à un concept, "Do It Yourself", slogan qui, dans l'Angleterre pré-thatchérienne, va réveiller la jeunesse en la poussant à se bouger et à se prendre en main, Letts raconte : "Moi, j'ai pris une caméra Super 8 et je me suis réinventé en cinéaste". Et il filme toute l'agitation underground qui marque l'époque. Tout en composant : la musique, chez Letts, est d'ailleurs envisagée comme du cinoche, avec des plans de coupe, des zooms et des fondus au noir. Il fait des montages visuels, pour les concerts, à partir d'images piratées à la télé : son univers est celui de la culture des gangsters, et il parsème ses chansons de dialogues piqués aux films de Clint Eastwood. Fellini a dit de Letts qu'il était "un terroriste visuel". Un "rockumentariste" travaillant à l'instinct, engrangeant des images des coulisses de la scène musicale, du quotidien de ces anti-stars des bas-fonds que pouvaient être Joe Strummer, Johnny Rotten ou Sid Vicious, se méfiant de l'esthétique comme des vieilles rengaines hippies. Manager des Slits, fondateur du groupe culte Basement 5, il participe ensuite, avec l'ex-Clash Mick Jones, à l'aventure Big Audio Dynamite. Letts, qui ne joue d'aucun instrument, est bombardé responsable des samples. Et BAD invente véritablement un rock métissé... Visionnaires, Letts et Jones ont déjà compris que le hip-hop, puis le rap, sont en passe de devenir les plus importants mouvements musicaux de la fin du siècle. Et si notre punk à dreadlocks n'a qu'une certitude, ce serait celle-ci : seules les sous-cultures donnent un sens au "vivre-ensemble".
Citation
Je viens d'une époque où il fallait toujours résister à quelque chose plutôt que de céder à n'importe quoi, comme c'est la tendance aujourd'hui.