Le Diable danse à Bleeding Heart square

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Roman - Policier

Le Diable danse à Bleeding Heart square

Historique - Disparition MAJ lundi 14 février 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Andrew Taylor
Bleeding Heart square - 2008
Traduit de l'anglais par Danièle Mazingarbe
Paris : Le Cherche midi, décembre 2010
492 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1609-9
Coll. "NéO"

La virtuosité au service du roman d'énigme et d'atmosphère

Le 6 novembre 1934, Lydia Langstone abandonne un mari violent et la haute société aristocratique dans laquelle elle a toujours vécu. Elle se réfugie chez son père, le capitaine Ingleby-Lewis, qu'elle n'a pas fréquenté depuis des années. Il vit dans un appartement modeste, au 7 Square Bleeding Heart. Parallèlement, quelqu'un feuillette un petit carnet vert. Il s'agit du journal intime de Miss Philippa Penhow. Sa tenue fait partie des bonnes résolutions qu'elle prend en ce début d'année 1930. Herbert Narton observe les allées et venues dans le square. Il remarque Lydia et se fait la réflexion qu'elle doit faire partie du cheptel de Serridge. Celle-ci est incommodée par l'odeur pestilentielle du hall. Cette puanteur provient d'un paquet destiné à Joseph Serridge, le propriétaire de la maison. Mme Renton, une locataire, se décide à ouvrir l'envoi et découvre un cœur pourri. Dehors, Narton aborde un jeune homme qui semble s'intéresser au numéro 7. Il lui présente sa carte de Sergent inspecteur et l'interroge. Le garçon s'appelle Rory Wentwood. Il voulait simplement savoir à quoi ressemblait Serridge. Celui-ci connaissait Miss Penhow, la tante de Fanella Kensley avec qui il est fiancé. Personne n'a revu la demoiselle depuis avril 1930. Dans le petit carnet vert, Philippa raconte sa rencontre avec Serridge, les relations qu'elle noue avec l'ancien militaire. Elle exprime son besoin de ne plus être seule. Lydia compose avec sa nouvelle vie. Elle doit travailler car ses réserves financières s'épuisent. Son mari la poursuit. De nouveaux morceaux de cœur pourri arrivent au courrier. Rory vient s'installer dans une chambre, au grenier, pour se rapprocher du centre de Londres où il cherche un travail de journaliste. Sur place, il pourra mieux assurer la mission de surveillance que lui a confiée le sergent Narton. Miss Philippa continue son récit, raconte l'importance que prend Serridge dans sa vie sentimentale et matérielle. Il propose peu à peu de s'occuper de tout. La lectrice commente son attitude par : "... c'est ainsi que les lions attrapent un éléphant – ils le séparent de sa harde et de ses protecteurs naturels". Et puis, les événements s'enchaînent. Lydia est mise en demeure de rejoindre son mari, Rory est rossé par deux hommes, Serridge évalue la jeune femme comme pour...

Andrew Taylor place l'intrigue de son roman dans le cadre des années 1930, dans une maison qui a appartenu à une demoiselle d'un certain âge dont on est sans nouvelles. L'intrigue s'articule autour des parcours, d'abord propres puis croisés, de quatre personnages principaux dont l'un brille par son absence. Avec Lydia, il brosse un portrait de femme qui, pour vivre plus librement, n'hésite pas à quitter un univers qu'elle a toujours côtoyé et plonger dans l'inconnu, partager la vie modeste de gens du peuple. Andrew Taylor décrit avec réalisme ses réactions dans des situations nouvelles pour elle. Le personnage de Joseph Serridge est également marquant car un "vrai prédateur" est difficile à trouver. Dans le registre de l'homme sans scrupules, il atteint un bon niveau. Mais l'auteur va l'entrainer encore plus loin dans la noirceur. Rory présente bien des attraits et suivre son parcours réserve bien des surprises.
Autour de ce quatuor, l'auteur anime une galerie de personnages aux profils particulièrement travaillés, même pour les derniers rôles. Tout ce microcosme, directement ou indirectement, participe à la recherche de Miss Penhow, que ce soit dans le square ou dans d'autres lieux. Tous sont confrontés, impliqués, d'une façon ou d'une autre, dans une recherche de la vérité. L'auteur déroule une intrigue subtile, magnifiquement maîtrisée, aux ramifications inattendues. Il use d'une construction astucieuse et d'une façon peu commune d'amener les rebondissements. Il glisse la plupart d'entre eux dans le cours de son récit, au cœur de dialogues ou de paragraphes, sans les réserver à la clôture d'un chapitre.
Il met en scène, mêlant Histoire et fiction, la vie d'un quartier populaire de Londres et d'une partie de l'aristocratie dont il fait une satire mordante. Il émaille son histoire de ces mille détails qui font la différence entre un auteur qui s'est immergé dans l'époque qu'il décrit et celui qui se contente de parsemer son roman de quelques faits signifiants de la période. Sa description des pubs, de la montée du fascisme en Angleterre, du traumatisme des rescapés de la Grande Guerre sont si pertinents. Il joue, dans son récit avec les décalages, les non-dits, les demi-vérités et les vrais mensonges. Comme dans les poupées gigognes, chaque révélation dévoile un aspect nouveau de l'histoire ou la face cachée d'un personnage. Et, peu à peu, le puzzle diabolique se met en place jusqu'à une chute absolument éblouissante.
Dans Le Diable danse à Bleeding Heart Square, Andrew Taylor se révèle un maître de la manipulation, proposant une construction aux arcanes rouées, servie par un sens aigu du suspense et l'art retrouvé de l'atmosphère du roman d'énigme des années 1930.

Citation

Pour un homme comme lui, tuer une femme est un moyen facile de se procurer de l'argent. La question est simple, M. Wentwood : voulez-vous empêcher un autre meurtre ?

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 09 février 2011
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