La Traque

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Roman - Policier

La Traque

Historique - Guerre MAJ mercredi 26 janvier 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Muriel Carminati & Patrick Spens
Paris : Le Cherche midi, février 2010
372 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1551-1

Une enquête au cœur de la Collaboration.

Le roman commence avec un mémorandum établi, en 1934, à la requête de Rudolf Hess. Ces recherches portent sur un certain Bxxx Hxxxxx. Sa compagne de l'époque témoigne sur des faits survenus jusqu'en 1915 quand ils étaient acteurs. C'est à cette époque que BH veut s'orienter vers l'écriture. L'action se transporte en juin 1942, à Paris. L'inspecteur Roger Fontenoy donne rendez-vous à Suzy, sa nouvelle amie, à dix-huit heures au vernissage d'une exposition d'artistes allemands. Puis, il rejoint Berthomieux, son adjoint, Quai des Orfèvres où ils sont chargés de vérifications sur les Juifs de la région parisienne. Le soir, face à des œuvres mineures, à l'écart de la foule, il retrouve, par hasard Walter von Seelendorff. Ils ont fait la guerre d'Espagne et sont devenus amis. Ils s'étaient vus, pour la dernière fois, à Malaga en février 1937. Roger pensait qu'il était mort. Walter révèle qu'il rentre d'une mission au Mexique et s'éclipse rapidement. Pour Roger, les souvenirs sur cette période affluent. Le lendemain, en se promenant avec Suzy, Roger aperçoit son ami près d'un bouquiniste. Il le rejoint, veut lui présenter sa compagne et l'inviter à déjeuner. Walter se défile disant qu'il est surveillé, mais lui donne rendez-vous le lendemain soir et lui glisse son adresse. Au moment de partir retrouver Walter, Berthomieux, de permanence, appelle Roger. On a besoin de lui car un officier allemand a été assassiné sur le Pont Louis-Philippe, il y a deux heures. La Gestapo est sur les dents et les responsables veulent que ce soit Roger qui s'occupe personnellement du dossier. Les mémorandums se multiplient et deviennent de plus en plus précis sur l'objectif de l'enquête : dévoiler qui se cache derrière l'écrivain anarchiste B. Larsen, exilé au Mexique, et les raisons de l'assassinat du frère de Rudolf Hess, le père de Walter, le fondateur de l'Ordre aryen d'Atlantis. Les théories de cet ordre se retrouvent dans Mein Kampf...

Les auteurs réunissent, dans La Traque, un certain nombre d'éléments historiques authentiques. Ils les habillent avec des situations fictionnelles qui trouvent leurs origines dans des secrets de famille, dans des traditions, dans des diktats religieux d'une pseudo morale. Ces éléments mêlés aboutissent à la construction d'une intrigue habile menée de main de maitre entre différentes histoires à différentes époques. Le choix de leur sujet amène les auteurs à naviguer dans les divers courants de la Droite d'avant-guerre qui flirte avec l'extrême-droite et le National-Socialisme. Ils débouchent naturellement sur la Collaboration.
Ils font de Roger et Walter, des individus proches de ces milieux où les idées de droite prédominent, sans pour autant adhérer aux thèses extrémistes. Ils brossent pour ces personnages des portraits ambigus, illustrant le poids de la filiation, de l'environnement dans lequel l'individu a été élevé. Les auteurs montrent aussi comment l'enchainement hasardeux de situations peut amener à des prises de position bien éloignées d'une conviction intime.
Ce roman est surtout le récit d'un parcours, celui de l'auteur B. Traven qui est masqué ici, pour la fiction, en B. Larsen. Cet écrivain de langue allemande est célèbre pour son roman Le Trésor de la Sierra Madre, adapté à l'écran par John Huston. Mais son œuvre ne s'arrête pas à ce seul livre. La découverte de l'exploitation des indiens du Mexique est une révélation. Il en fait le thème principal de ses romans et la défense de ces communautés régira une large part de sa vie. Son œuvre au fondement anarchique connaît un grand succès. L'aura de mystère, qu'il aime entretenir autour de sa personne, donne lieu à nombre de légendes le concernant.
Ce livre est aussi l'occasion de revenir, avec B. Larsen, sur la période trouble de la fin de la Première Guerre mondiale, en Allemagne.
La Traque se révèle un remarquable roman, à la construction savante qui s'appuie sur ces périodes troublées ou le fil du rasoir est si ténu que les individus peuvent basculer dans le bien, le mal et trouver la mort.

Citation

Monsieur, je vous l'avoue, cette mission, si délicate qu'elle soit, me tient particulièrement à cœur. Je l'accepte. Même si je ne saisis pas très bien pourquoi la Gestapo m'a mis ainsi en avant. En tout cas, je vous promets d'agir au mieux de mes capacités.

Rédacteur: Serge Perraud vendredi 21 janvier 2011
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