Le Crime de l'hôtel Saint-Florentin

Un homme gisait, mort, à la morgue municipale. Pas le meilleur des hommes, certes, mais qui d'entre nous l'était ? Un homme qui ne serait pas mort si je ne lui avais pas téléphoné.
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mardi 19 mars

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Roman - Policier

Le Crime de l'hôtel Saint-Florentin

Historique - Énigme MAJ vendredi 30 décembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,9 €

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Jean-François Parot
Paris : 10-18, février 2005
400 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 2-264-04064-5
Coll. "Grands détectives", 3750
Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, 5

Ce qu'il faut savoir sur la série

Nicolas Le Floch vit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle – il est né en 1740. Originaire de Guérande, il est un enfant trouvé adopté par le chanoine Le Floch. Il apprendra dès la fin du premier volet qu’il est en réalité le fils naturel du marquis de Ranreuil, dont il pensait n’être que le filleul. Il est donc le demi-frère d’Isabelle de Ranreuil, dont il était profondément épris… Il comprend alors pourquoi son supposé parrain a mis tant d’empressement à l’éloigner de sa fille, en lui fournissant de solides recommandations pour qu’il puisse aller s’établir à Paris. Voilà donc Nicolas arrivant dans la Capitale aux environs de 1760, où il sera reçu par le lieutenant général de police du roi, M. de Sartine. Son esprit vif, sa droiture et son dévouement au trône sont tout de suite appréciés ; la résolution d’une première affaire fort délicate lui vaut l’estime de son supérieur… et d’avoir ses entrées dans les espaces privés des souverains. Nommé commissaire au Châtelet, il sera plus particulièrement attaché aux "affaires spéciales" - en d’autres termes celles qui touchent de près ou de loin à la sécurité du royaume.
De volume en volume l’Histoire suit son cours et les personnages récurrents vieillissent ; l’effet de série est particulièrement soigné - l’on a donc tout intérêt à lire les romans dans leur ordre de parution, tant pour saisir la dynamique des événements réels évoqués que pour ressentir au plus juste la façon dont les personnages évoluent. Mais chaque récit fonctionne aussi comme une unité autonome qui peut ainsi attirer à la série son lot de néo-lecteurs.
Au plaisir de suivre des enquêtes policières tout en rebondissements qui mettent en valeur les capacités de raisonnement du commissaire au Châtelet et les aides précieuses que lui apportent ses acolytes – l’inspecteur Bourdeau, le chirurgien de marine Semacgus, le bourreau Sanson préposé aux "ouvertures" des corps, sans oublier son logeur, l’ancien procureur Aimé de Noblecourt – se joint celui de découvrir le Paris du Siècle des Lumières, que l’auteur ressuscite de très vivante manière.

Publiés d'abord chez Jean-Claude Lattès, les livres sont réédités en format poche dans la collection "Grands détectives" des éditions 10/18.

Coulisses ancillaires

Le récit court d'octobre à décembre 1774.
Louis XV est mort ; Louis XVI vient de commencer son règne. Cela a entraîné quelques changements, dont une promotion pour Monsieur de Sartine, nommé secrétaire d'État à la Marine - mais il semble bien continuer, en, sous-main, à mener quelques affaires de police, bien que son poste de lieutenant général soit désormais occupé par Monsieur Le Noir. Nicolas, lui, est encore sous le coup d'une disgrâce. Mais voilà que les affaires reprennent : il est mandé chez Monsieur de Saint-Florentin, duc de la Vrillière et ministre de la Maison du Roi ; on a trouvé dans les cuisines le corps atrocement meurtri d'une domestique récemment engagée, et le maître d'hôtel blessé, avec quelque apparence qu'il se serait homicidé après avoir tué la jeune fille. Comme de juste, les apparences sont trompeuses ; Nicolas et ses acolytes - Bourdeau, Semacgus, Rabouine, Tirepot... - épaulés par Monsieur de Noblecourt, fouillent dans le passé de la jeune victime Marguerite Pindron, dans les histoires de famille du maître d'hôtel puis, de découvertes en découvertes - dont deux cadavres supplémentaires portant des meurtrissures analogues à celles du corps de Marguerite - s'aventurent sur le terrain miné des nobles débauches...

La conduite de cette enquête est l'occasion de pénétrer les lois de certaines corporations et de s'immiscer dans le monde ancillaire. On en découvre les puissantes hiérarchies, et la complexité de trafics en tout genre opérés à l'insu de maîtres servis avec une déférence de façade qui s'avère n'être qu'une couverture habilement tirée sur tout un univers parallèle.
Qualité documentaire, cadavres aux blessures atroces autant qu'étranges, fausses pistes, activités souterraines et débauches clandestines, bisbilles de cour... : ce cinquième volume ne surprendra ni par sa facture ni par son style, ni par son intrigue, assez convenue bien que retorse. Seule l'évolution du contexte historique, assortie des changements intervenus dans la vie privée des principaux protagonistes - ainsi voit-on apparaître le fils de Nicolas, Louis, né de sa brève liaison avec Antoinette dite La Satin - apporte quelque sel de nouveauté.

Le lecteur néophyte découvrira un roman au ton plaisant non dénué d'humour, agréablement descriptif, policier en effet mais offrant nombre de scènes bon enfant parfois cocasses - notamment autour de fines tables - et enfin parfaitement historique, avec force informations touchant à la politique du moment et aux usages de l'époque.
Quant à celui qui fréquente le commissaire Le Floch depuis ses débuts, il remarquera sans doute, en sus de quelques bévues - par exemple une victime qui, de Marguerite Pindron, devient à un moment Marguerite Pinchon, ou bien un Monsieur de Sartine bien vivant qui est compté au nombre des amis disparus de notre commissaire... (p. 176) - la très inopportune résurrection de Mauval, que l'on avait vu passé au fil de l'épée et envoyé ad patres dans L'Énigme des Blancs-Manteaux (p. 358). Certes, sa mort survenait dans la plus grande confusion mais l'on retrouvait bel et bien le corps en salle de basse-geôle prêt pour l'ouverture (p. 371). Or dans l'épilogue de ce roman-ci, Nicolas constate : "avec Camusot et Mauval qui courent, et sans compter mes amis anglais, cela fait beaucoup de monde à mes trousses dont il faut me méfier" (p. 388)... On a relevé plusieurs fois que la série de Jean-François Parot avait des mines de feuilleton ; un défaut dont on se gausse souvent vient donc conforter ce rapprochement : le semis d'incohérences...

NB - Le roman est paru en grand format en 2004.

Citation

Comme le cavalier se ramasse face à l'obstacle, Nicolas entendit se réserver un moment de rémission avant que l'action ne s'empare de lui.

Rédacteur: Isabelle Roche jeudi 27 novembre 2008
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