Les Harmoniques

Le Sanguis Christi, en or massif, ses gros rubis scintillant même dans la pauvre lumière de la retraite ; et, à côté, d'autres objets précieux pillés dans le trésor du Temple à Acre.
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vendredi 29 mars

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Roman - Noir

Les Harmoniques

Politique - Guerre - Assassinat MAJ jeudi 17 mars 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Marcus Malte
Paris : Gallimard, janvier 2011
383 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012738-2
Coll. "Série noire"

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    Cette semaine sort l'un des coups de cœur de la rédaction : À qui se fier ? de Peter Spiegelman (Le Seuil, "Policiers"). Est-ce utile de vous dire que nous vous invitons à découvrir ce roman ? La semaine promet avec Orchid blue, de Eoin McNamee au Masque, La Disparition d'April Latimer, de Benjamin Black chez NIL dans la collection "Détectives" et Le Dernier roi de Brighton, de Peter Guttridge au Rouergue. Sans compter les quelques romans qui passeront à côté de notre mauvais filtre.
    Les rééditions, que ce soit en grand format ou en poche, mettent à l'honneur Maurice Leblanc, Georges Simenon, Dashiell Hammett, San-Antonio et Dorothy Belle Hugues pour les plus anciens, et Marcus Malte et Caryl Férey (assisté pour l'occasion de Sophie Couronne) pour les plus récents tandis que Dominique Sylvain a le droit à son roman en grands caractères.
    Les plus jeunes pourront jouer au détective façon Sherlock Holmes, avec la découverte d'un livre-jeu de bonne composition. Ceux qui adorent la bande dessinée pourront se réjouir de la parution en intégrale de Berceuse assassine, de Tome & Ralph Meyer (Dargaud), et de la sortie de Bouche du diable, signée Jerome Charyn & François Boucq...
    Pour le reste, faites votre choix !

    Fictions adulte grand format :
    Fleur de cimetière, de David Bell (Actes sud, "Actes noirs")
    La Disparition d'April Latimer, de Benjamin Black (NIL, "Détectives")
    Premier homme, de Xavier-Marie Bonnot (Actes sud, "Actes noirs")
    Les Mâchoires du passé, de Bernard Boudeau (In octavo)
    Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides")
    Passage des astragales : autofiction policière, de Henri Cueco (JBZ & Cie)
    L'Espion, de Clive Cussler & Justin Scott (Grasset, "Grand format")
    Elvis ou La vertu, de Frantz Delplanque (Le Seuil, "Roman noir")
    Les Chiens du purgatoire, de Jérôme Fansten (Anne Carrière)
    Le Dernier roi de Brighton, de Peter Guttridge (Le Rouergue, "Rouergue noir")
    Le Violent, de Dorothy Belle Hugues (J, "La Bibliothèque policière")
    Le Formidable événement, de Maurice Leblanc (Maison de l'évolution, "Science en fiction")
    Les Ombres du marais, de Claudie Lecœur (Val-d'Oise)
    Royan garden blues, de Jacques-Édouard Machefert (Croît vif, "Imaginaires")
    Meurtre en prime time, de Liza Marklund (Hachette, "Black moon")
    Orchid blue, de Eoin McNamee (Le Masque, "Grands formats")
    Conviction, de David Michaels (City, "Thriller")
    Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur, de Michel Moatti (HC)
    Exfiltrations, de Max Moreau (L'Harmattan)
    La Dame aux orchidées, de Jean Perney (Val-d'Oise)
    Homicide 69, de Sam Reaves (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    IG : intelligence génétique, de Franck Senninger (Anfortas)
    À qui se fier ?, de Peter Spiegelman (Le Seuil, "Policiers")
    Chambre froide, de Thimothy Weaver (Pôle, "Noir")

    Fictions adulte poche :
    La Double vie d'Arthur, de Grégory Cotelle (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    D'amour et dope fraiche, de Caryl Férey & Sophie Couronne (Folio, "Policier")
    La Clé de verre, de Dashiell Hammett (Folio, "Policier")
    Les Harmoniques, de Marcus Malte (Folio, "Policier")
    Une banane dans l'oreille, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    La Matronne des sleepings, de San-Antonio (Pocket, "Les Nouvelles aventures de San-Antonio)
    Les Nouvelles enquêtes de Maigret, de Georges Simenon (Folio, "Policier")
    Mais qui a tué Harry ?, de Jack Trevor Story (Cambourakis, "Littérature")
    Le Mystère du fort de Bondue, de Bernard Thilie (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Le Beau Danube rouge, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, SAS")

    Fictions adulte en grands caractères :
    Le Champ du potier, de Andrea Camilleri (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")
    À découvert, de Harlan Coben (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")
    Les Eaux noires, de Martine Delomme (Feryane Livres en gros caractères, "Détente")
    Le Roi lézard, de Dominique Sylvain (Feryane Livres en gros caractères, "Policier")

    Bande dessinée :
    Hero Corp. 1, Les Origines, de Simon Astier & Marco Failla (Soleil, "Comics")
    Bouche du diable, de Jerome Charyn & François Boucq (Le Lombard, "Signé")
    Sherlock Holmes : Crime Alleys. 1, Le Premier problème, de Sylvain Cordurié & Alessandro Nespolino (Soleil)
    Grant Morrison présente Batman. 4, de Grant Morrison, Tony Daniel & Ryan Benjamin (Urban comics, "DC signatures")
    Berceuse assassine, de Tome & Ralph Meyer (Dargaud)
    Superman : les origines, de Mark Waid & Francis Leinil Yu (Urban comics, "DC essentiels")

    Mangas :
    Detective Conan. 71, de Gosho Aoyama (Kana, "Shonen Kana")

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Profession détective : indices, empreintes, alibis, portraits-robots... : réveil le Sherlock Holmes qui est en toi, de Jim Smith & Dan Waddell (De La Martinière jeunesse)

    Littérature de jeunesse (fictions) :
    Le Procès, de Stéphane Henrich (Kaléidoscope)
    Opération Silverfin, de Charles Higson (Gallimard jeunesse, "Folio junior")

    Criminologie & prisons :
    Crimes contre les cultures : clinique interculturelle, clinique humanitaire, de Philippe Bessoles (PUG, "Psychopathologie")
    Jamais je ne te pardonnerai : le combat d'une fille contre son père : témoignage, de Sandra Brown (Presses de la Cité, "Documents")
    Buveurs, voleuses, insensés et prisonniers à Namur au XVIIIe siècle : déviance, justice et régulation sociale au temps des Lumières, de Sarah Auspert, Isabelle Parmentier et Xavier Rousseaux (Presses universitaires de Namur, "Histoire, art, archéologie")
    Rédemption, itinéraire d'un enfant cassé, de Karim Mockhtari (Scrineo)
    Rwanda, une ère nouvelle : comprendre le travail de reconnaissance, de Brice Poreau (L'Harmattan, "Études africaines")


    Liens : Premier homme |Retour à Whitechapel : la véritable histoire de Jack l'Éventreur |À qui se fier ? |D'amour et dope fraîche |Le Champ du potier |À découvert |Le Roi Lézard |Profession détective |Xavier-Marie Bonnot |Bernard Boudeau |Clive Cussler |Peter Guttridge |Maurice Leblanc |Liza Marklund |Peter Spiegelman |Caryl Férey |Sophie Couronne |Dashiell Hammett |Marcus Malte | San-Antonio |Georges Simenon |Bernard Thilie |Harlan Coben |Dominique Sylvain |Jerome Charyn |François Boucq |Sylvain Cordurié |Dan Waddell

  • 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
  • 26/03 Prix littéraire: Lion et Lionceau noir 2012 de Neuilly-Plaisance
  • 15/08 Festival: Festival bis jazzy avec Marcus Malte
  • 25/07 Prix littéraire: Sélection des Trophées 813 (2011)
  • 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
  • 11/05 Auteur: Marcus Malte à Perpignan
  • 14/01 Radio: Les Harmoniques, par Bob Garcia
  • 02/01 Librairie: Marcus Malte et ses harmoniques à Toulouse

Ballade pour Vera

Tous les soirs Mister, grand Noir au cœur tendre, joue du piano dans un club de jazz parisien, le Dauphin vert. Il n'attend personne en particulier en dehors de son ami Bob le chauffeur de taxi, qu'il retrouve quand il a fini de jouer. Il en passe, des gens, des filles et des meilleures dans cette boîte, au fil des nuits et des notes égrenées des heures durant pour le plaisir des jazzophiles venus là s'immerger dans la musique qu'ils aiment. Parmi tous ces inconnus, qui reviennent ou ne font que passer, elle a retenu son attention. Dès le premier soir. Peut-être à cause de la table où elle s'est assise, tout près de la scène. Ou peut-être à cause d'autre chose sur quoi Mister ne saura pas mettre de nom. Mais très vite le tempo binaire de ses passages au Dauphin vert – mardi-jeudi, mardi-jeudi... – rythme les pensées du musicien, ses attentes... Ces soirs-là, Mister est un peu plus attentif à sa tenue. Et ses doigts n'ont pas tout à fait la même façon de courir sur le clavier du demi-queue. Il joue différemment parce qu'elle est là. Un soir enfin il lui parle – ils se parlent. Elle s'appelle Vera Nad. Elle a survécu à la Guerre des Balkans et s'est installée en France pour devenir comédienne.

Elle aime le jazz – les ballades surtout – et Cyrano de Bergerac de Rostand. Mister s'est attaché à elle, à ce qu'il devine de son âme, à ses yeux ambrés, à sa voix, à ses gestes. Quand il ne la voit pas dans la salle, elle lui manque. Et aujourd'hui il sait qu'elle ne viendra plus. Vera n'est plus que cendres. On l'a assassinée, immolée vive sur on ne sait quel autel sordide. Trafic de drogue disent les flics. Pas possible répond Mister. La drogue ? Pas son genre. Il y a autre chose. Il y a forcément autre chose. Comme par exemple un atelier de théâtre miteux. Des camarades de cours qui en savent manifestement plus long qu'ils n'en disent. Un peintre colossal qui ne déparerait pas dans un film quasi fantastique. Et des hommes de main qui trempent dans le marais puant des magouilles d'État. Ayant incubé dans cette Guerre des Balkans dont Vera avait réchappé, l'affaire que démêlent peu à peu Mister et Bob ne peut que puer et donner la nausée. Au moins Mister gagnera-t-il cela de ne rien découvrir qui sente la drogue et salisse trop l'âme de Vera...

Quinze ans, ou peu s'en faut, qu'on n'avait pas poussé la porte du Dauphin vert, qu'on ne s'était pas engouffré dans le taxi de Bob en jouant des coudes pour se faire une place au milieu des cassettes de jazz qui envahissent l'habitacle... Quinze ans, à la louche, qu'on n'avait pas emboîté le pas à ce de duo d'enquêteurs atypique – Le Doigt d'Horace et Le Lac des singes ont été publiés respectivement en 1996 et 1997 au Fleuve noir et ont récemment été réédités dans la collection "Folio policier". Mais peu importe au fond qu'on les ait déjà rencontrés ou pas : on se sent tout de suite en familiarité avec eux ; leur portrait n'est pas brossé de façon très détaillée pourtant on a le sentiment de retrouver de vieux amis. Et la narration s'organise de telle façon que l'on se sent avancer dans leur ombre, tout près d'eux – au point d'entendre avec eux les morceaux qu'ils écoutent, d'être transpercé comme eux par ce qu'ils apprennent de la guerre, de Vera et de son histoire, fasciné par le peintre Joseph Kristi... Mais l'on éprouve avec autant d'acuité, la peur de Vera enfant, la douleur du peintre qui se souvient et l'on se prend même à être aussi cynique que l'homme sans nom dévidant les innombrables raisons d'État justifiant les pires actes. Cette façon qu'a l'écriture de Marcus Malte de pénétrer l'âme du lecteur comme par capillarité vient sans doute, en bonne partie, de la faculté qu'a l'auteur d'écrire "de l'intérieur" sans quitter la posture distancier du "narrateur anonyme".

C'est un roman envoûtant que celui-ci, où la nuit se déshabille à l'aube et fait tomber à ses pieds "ses dessous noirs" avant de disparaître, où le XVIe arrondissement parisien arbore une "rue Pascal Garnier", où la barbarie stupide de la guerre affleure dans le texte avec autant de puissance évocatrice que la drôlerie quasi farcesque de certaines scènes, où la violence la plus crue s'invite aux côtés de la mélancolie et de la douceur sans détoner...
Cessant parfois d'être récit pour se muer en texte musical, le temps d'une phrase ou de paragraphes entiers, Les Harmoniques est tout de même très narratif et solidement construit. Certes de façon plus classique que Garden of love par exemple qui amène souvent le lecteur au seuil des grands troubles, mais avec néanmoins quantité de ces petites finesses architecturales qui tirent une fiction hors du lot. Sans avoir dans la tête l'une ou l'autre des nombreuses mélodies mentionnées tout au long de la narration, on entend une musique en lisant le texte et souvent il gagne à être lu à haute voix, presque fredonné – c'est une des caractéristiques de l'écriture de Marcus Malte que d'être musicale. Et poétique.
Une fois de plus, on apprécie l'art avec lequel l'auteur a composé sa partition romanesque, tout en suggestion, avec de grands blancs que le lecteur pourra combler à sa convenance. Ou laisser tels, parce que les saveurs indéfinissables et les contours estompés par endroits sont les "harmoniques" d'un roman, ces flous dans l'histoire qui restent derrière l'histoire. Et qu'on n'oublie plus.


On en parle : L'Indic n°8 |Alibi n°1 |La Tête en noir n°149

Récompenses :
Prix Mystère de la Critique 2012

Nominations :
Trophée 813 du roman francophone 2011
Trophée 813 du roman francophone 2012
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011

Citation

La réalité n'est souvent qu'une pauvre petite chose avec une sale gueule, Mister.

Rédacteur: Isabelle Roche dimanche 27 janvier 2013
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