L'Ultime gardien

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jeudi 18 avril

Contenu

Roman - Thriller

L'Ultime gardien

Historique - Religieux MAJ jeudi 09 décembre 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Carlo A. Martigli
L'Ultimo custode - 2009
Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza
Paris : First, novembre 2010
464 p. ; 25 x 16 cm
ISBN 978-2-7540-1855-5
Coll. "Thriller"

Un philosophe singulier pour héros...

Jean Pic de la Mirandole, le philosophe et théologien italien qui vécut entre 1463 et 1494, est le héros de L'Ultime gardien.
Le roman débute en septembre 2009, quand un homme découvre la véritable personnalité de son grand-père. Le récit se transporte dans l'Italie de 1486. Giuliano poursuit son épouse Margherita, partie avec Giovanni Pico, comte della Mirandola, son amant. Les fugitifs rattrapés, il repart avec sa femme et fait enfermer le galant dans un donjon. Ce dernier retrouve rapidement la liberté. En 1938, à Florence, les sept membres d'Omega votent à Giacomo de Mola, le Gardien du Livre, le budget nécessaire pour les dix ans à venir. Ce dernier est outré par un article de journal faisant l'apologie du racisme. Il décide de réagir lors de la réunion des Géorgophiles de la ville. On retrouve Giovanni, quelques mois plus tard à Rome, chez le meilleur imprimeur de la ville, un juif repenti. Celui-ci a édité cinq cents exemplaires de ses neuf cents. Il effraie l'artisan avec ses hypothèses. Il doute, par exemple, du martyre de Jean de Tarse et l'accuse d'avoir sciemment gommé l'origine juive du Christ. Il l'angoisse en dévoilant son projet de réunir les représentants des trois grandes religions monothéistes pour discuter de ses thèses. Et ce, sans l'autorisation du pape. Dans Rome, les espions à la solde du Vatican, ne manquent pas et le camerlingue Sansoni convoque l'imprimeur. Celui-ci, pour prouver son attachement à la religion, lui remet l'exemplaire, qu'il garde toujours, des travaux qu'il réalise. Il fait part des projets de Giovanni. Innocent VIII, prévenu, s'emporte. Mais, comme il apprécie Giovanni, il institue, sur le conseil de Sansoni, une commission de scientifiques chargée d'examiner les textes, avec équité. De plus, il ne souhaite pas d'incident, dans un premier temps, sachant que Giovanni est le protégé de Lorenzo di' Medici (Laurent le Magnifique). Il le convoque. À la sortie de l'entretien, au cours duquel le théologien n'a rien lâché, un homme le presse de partir très vite pour Florence, Rome n'est plus sûr pour lui.
Giovanni Volpe, le fils adoptif de Giacomo de Mola, est à Rome pour vendre un dictionnaire rare. En fait, c'est l'ambassadeur d'Allemagne qu'il rencontre. Celui-ci le presse pour avoir Le Livre car, à Berlin, Himmler s'impatiente. Giovanni ne veut pas partir sans avoir revu Margherita, avec qui il a rendez-vous dans une église. C'est un guet-apens tendu avec l'aide du mari. Grâce à l'homme qui l'avait averti, il s'en sort, laissant quelques cadavres. Mais le chemin vers Florence est semé d'embûches car la chasse est lancée depuis que le pape a connaissance des dernières théories encore plus hérétiques. Dieu est mère, c'est une déesse !

Carlo A. Martigli partage son histoire entre l'Italie de la Renaissance, où la traque de l'hérétique est quotidienne, et la période moderne, où le fascisme triomphe. Il fait le parallèle entre les deux formes d'intolérance, l'une orchestrée par l'Église Catholique envers tous ceux qui sont soupçonnés d'hérésie et celle organisée par le parti mussolinien contre tous ceux qui n'adhèrent pas à leurs doctrines. Il montre que les méthodes se rejoignent, que les ressorts identiques sont servis par des nervis aux profils semblables, des psychopathes qui trouvent une couverture légale pour assouvir leurs bas instincts sadiques et meurtriers.
L'auteur révèle un héros inattendu, en la personne d'un philosophe, d'un théologien dont la courte existence fut d'une richesse exceptionnelle. À la tête d'une fortune considérable, Jean Pic de la Mirandole voyage et étudie. Partout où il passe, son empathie fait merveille et il s'attire la bienveillance des grands de l'époque. L'auteur ne prend pas de liberté avec l'essentiel des faits authentiques qui ont émaillé l'existence de l'érudit. Celui-ci, à vingt-quatre ans avait, effectivement synthétisé les principales doctrines philosophiques et religieuses connues à son époque, notamment le platonisme, l'aristotélisme, la scolastique, la Kabbale. Il avait étudié des textes hébreux, arabes et araméens. De ces études, il tire neuf cents thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques. Il avait voulu organiser, à la barbe du pape, un concile réunissant les savants des trois religions monothéistes. Mais sa vie n'est pas seulement remplie par les études, il est le héros de nombre d'aventures. Autour de ce personnage charmeur, l'auteur anime les principaux acteurs de l'époque, reconstituant avec brio la vie de cette période.
La partie de l'intrigue qui traite des démêlés de Giocomo de Mola semble plus terne, moins pétillante. Mais, ce sentiment n'est-il pas dû au talent de Carlo A. Martigli qui restitue l'atmosphère lourde, sombre des années de fascisme ?
Le livre est construit avec tonicité et les nombreuses péripéties, combats, trahisons, reprennent les meilleures recettes du roman d'aventures échevelées. L'Ultime gardien révèle un personnage exceptionnel, dans une intrigue passionnante à suivre jusqu'à une chute particulièrement enlevée. Un excellent thriller pour finir l'année !

Citation

- Je n'ai qu'une mission à remplir, celle de faire connaître mes Thèses. C'est là ma seule prédestination.
- L'important est que tu ne finisses pas sur un bûcher. Ils fleurissent en ce moment dans toute l'Europe.

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 01 décembre 2010
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