Lost Highway – Sur les routes du rockabilly, du blues & de la country music

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Essai - Noir

Lost Highway – Sur les routes du rockabilly, du blues & de la country music

Musique MAJ jeudi 16 septembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Peter Guralnick
Lost Highway - 1979
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Guichard
Paris : Rivages, septembre 2010
448 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2127-8
Coll. "Rouge"

Du blues à la country : fonds de terroirs

Avec Lost Highway, Peter Guralnick propose une série de portraits édifiants d'illustres initiateurs des grands courants musicaux de l'Amérique du milieu du XXe siècle. Où le roman noir n'est jamais très loin...

Critique musical et essayiste de renom – il est notamment l'auteur d'une biographie de référence sur Elvis Presley -, Peter Guralnick est avant tout un inlassable arpenteur des chemins de traverse du blues, avide de ces rencontres bouleversantes avec de vieux chanteurs et guitaristes oubliés ou considérés comme totalement démodés. Ils lui parlent de leurs enfances souvent difficiles dans la ferme familiale, des affres et des joies des tournées, de leur fidélité envers leur public. "Pour tous ces musiciens en activité, la route est devenue errance, but, processus, frontière", note Guralnick. Lost Highway s'intéresse ainsi à des artistes largement reconnus (Charlie Rich, Merle Haggard, Hank Williams, Howlin' Wolf ou même Elvis Presley) autant qu'à des musiciens qui échappent de plus en plus à la mémoire collective (Hank Snow, Sleepy LaBeef...). Du Mississippi au Tennessee, en passant par l'Arkansas ou l'Oklahoma, Guralnick a traqué l'anecdote, tenté de comprendre l'Amérique qui se nichait au cœur des chansons de ces hommes qui faisaient de leur terroir natal la matière première de leur musique, que ce soit du blues ou de la country. Où l'on découvre une galerie de personnages parfois dignes des polars les plus échevelés. Des anti-héros, en majorité enfants de la Grande Dépression, que l'on aurait pu croiser dans les romans de Charles Williams, Jim Thompson, James Lee Burke ou James Crumley, romans dont la bande-son puise largement dans le répertoire de ces artistes. Ernest Tubb, par exemple, qui, après une enfance sinistre, a joué les "Texas Troubadours" en faisant de la publicité itinérante pour de la farine, de la bière ou des matelas, guitare à la main, avant de connaître le succès ; Charlie Feathers, qui a grandi dans le Mississippi en travaillant la terre que ses parents avaient en métayage, avant de partir à dix-sept ans travailler sur un oléoduc au Texas ; Merle Haggard, né dans un "Hoover camp" - les bidonvilles apparus sous l'ère du Président Hoover -, en Californie, qui a mené une existence de hobo et de délinquant avant de se consacrer à la musique ; Rufus Thomas, qui, après une enfance dans les champs de coton, a été un as des claquettes, et qui témoigne : "On allait chaque jour dans une ville différente et on passait la nuit chez les habitants du coin, parce qu'il n'y avait pas d'hôtels pour les Noirs (… )".
Ces récits-hommages aussi érudits qu'émouvants constituent une plongée brutale dans l'Amérique "blue-collar", entre misère et racisme, mais aussi rêves de gloire et solidarités exemplaires. Un document qui passionnera par ailleurs les fans de polars, puisque il décrit le background des romans des auteurs cités plus haut. Et il est pratiquement impossible, de fait, d'échapper à une chanson de Jimmie Rodgers quand on ouvre un livre de James Lee Burke...

Citation

Pour tous ces musiciens en activité, la route est devenue errance, but, processus, frontière.

Rédacteur: Cédric Fabre mercredi 15 septembre 2010
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