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Les Chambres noires de Jacques Baudou

Jeudi 29 octobre 2009 - Jacques Baudou est journaliste, créateur du Festival du roman et du film policiers de Reims, chroniqueur au Monde des Livres pour les littératures de l'imaginaire.
Parallèlement, il est écrivain, anthologiste, auteur d'un nombre phénoménal d’études, de préfaces, d’articles sur le roman policier.
Ce connaisseur de la littérature policière n'était-il pas tout indiqué pour prendre la direction de "Chambres noires", une nouvelle collection, de Mango, dédiée au genre et destinée à la jeunesse ? Pour en savoir plus sur la genèse de cette collection, sur les objectifs que se fixent leur directeur, le mieux n'est-il pas de solliciter le décideur principal, sur ses intentions, ses projets quant au devenir de cette collection lancée en septembre 2009. Rencontre sur Internet.
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© D. R.



k-libre : Vous dirigez "Chambres noires", une nouvelle collection de romans policiers pour la jeunesse. Est-ce vous qui avez défini l’esprit et le cahier des charges de cette collection, qui l’avez proposée ou est-ce un éditeur qui souhaitait mettre une collection nouvelle à son catalogue ?
Jacques Baudou : C’est mon ami Xavier Mauméjean, qui dirige la collection de fantasy chez Mango. Il m’a téléphoné pour me dire que Mango cherchait un directeur pour une collection policière et m’a demandé si j’étais intéressé. J’ai dit oui et j’ai eu une première discussion avec Christophe Savouré le directeur de Mango. Je lui ai exposé mes vues ; il m’a demandé un projet. Ce que j’ai fait en me plaçant délibérément dans l’orbe de Pierre Véry : Mystère et Aventure. Mais le projet était très ouvert...

Vous avez de très nombreuses cordes à votre arc. Vous ajoutez celle de directeur de collection. Pourquoi ce choix ? Quelles sont vos motivations ?
Je n’ai jamais dirigé une collection. Cela m’intéressait de me confronter à une telle tâche. De surcroît, étant à la retraite, je pouvais m’y consacrer sans problème. Passer du travail de critique à celui de directeur de collection était un challenge que je ne pouvais que tenter.

Pourquoi avez-vous retenu "Chambres noires" comme titre de votre collection ?
Le titre a été choisi à la suite d’une réunion de brainstorming. Il reflète l’ouverture de la collection qui peut aller de la chambre close au roman noir et renvoie à un lieu de divulgation (de la photo ou du mystère).

Enquête, aventure et mystère, est le cocktail qui a fait les beaux jours des grands romanciers du début de XXe siècle. Pourquoi avez-vous envie de remettre en avant ce type de romans ?
L’aventure et le mystère ne sont pas l’apanage des auteurs du début du XXe : le mystère est inséparable du roman policier. Sans mystère pas d’enjeu (surtout pour le lecteur). Et l’aventure est ce dont rêvent les ados...

Le premier office comporte quatre titres donc quatre auteurs. Comment avez-vous retenu ceux-ci ?
J’ai contacté Nicolas Bouchard, André-François Ruaud et Béatrice Nicodème et leur ai demandé d’écrire pour la collection. J’ai demandé la même chose à Hervé Jubert et Jean-Marc Lofficier. Et j’ai sollicité Marie Bertherat, qui écrivait des polars jeunesse pour Fleurus mais avait abandonné. Tous étaient de mon choix.

À part Pierre Véry, à qui vous avez consacré un livre, comment les connaissiez-vous ?
Je connais Béatrice Nicodème depuis très longtemps, j’aime beaucoup son travail (pour la jeunesse et pour les adultes). Je l’avais sollicitée pour une anthologie du Masque et elle m’avait envoyé une superbe nouvelle. L’antho n’est jamais parue. Plus tard pour un conte de Noël pour le site de la ville de Reims "destination Noël". Je suis fan de ce qu’elle fait.
Je connais Nicolas Bouchard depuis assez longtemps. Et j’apprécie son travail aussi bien en SF qu’en polar. C’est lui qui m’a envoyé le premier manuscrit. Quand je l’ai lu, j’ai su que j’avais eu raison de faire appel à lui. Quand à André-François Ruaud, je le connais depuis assez longtemps aussi. J’ai collaboré à l’une de ses revues SF et j’apprécie son travail d’éditeur (je collabore à la "Bibliothèque rouge").

Les auteurs contemporains ont-ils travaillé selon votre cahier des charges ou leurs synopsis correspondaient-ils à ce que vous recherchiez ?
Le cahier des charges est très, très ouvert. À preuve, Bouchard a fait un roman policier historique teinté d’ésotérisme, Béatrice un roman de pur suspense à la Boileau-Narcejac et André-François Ruaud un roman d’énigme.

Deux auteurs sont bien connus des amateurs de romans policiers. Nicolas Bouchard et André-François Ruaud ont un parcours plus tourné vers la SF, la fantasy. Avez-vous envie de faire fi des étiquettes pour ne retenir que l’attrait du roman ?
Nicolas Bouchard a écrit autant de polars que de romans SF. Quant à André-François Ruaud, je connaissais son intérêt pour le roman d’énigme anglais classique. Et de surcroît, je trouve que les auteurs français actuels de l’imaginaire ont beaucoup de talent, une grande maîtrise narrative, et je les connais bien. Ils sont ouverts eux aussi.

Comment concevez-vous la suite de la collection : allez-vous puiser dans l’œuvre d’auteurs anciens, comme Pierre Véry ou souhaitez-vous privilégier les inédits ?
J’ai l’intention de publier chaque année un grand classique de la littérature policière jeunesse.

Vous semblez avoir une tendresse particulière pour les romans de Pierre Véry. Pourquoi ? Qu’est-ce qui retient votre attention chez cet auteur ?
Oui, j’ai une grande tendresse pour Pierre Véry et Paul Gerrard qui sont mes auteurs français favoris. Pourquoi Véry ? Parce qu’il a, à la fois, le sens du mystère et celui du merveilleux. J’apprécie son originalité, sa verve poétique, sa langue colorée.

Dans l’année, à quel rythme vont se faire les parutions et pour combien de romans ? Prévoyez-vous une "montée en puissance" ?
Il y aura six "Chambres noires" en 2010, plus une réédition de Marie Bertherat. Six en 2011.

Pensez-vous publier des séries avec des héros récurrents ?
Oui, j’ai demandé à Bouchard et Ruaud un deuxième roman avec leur(s) personnage(s). Et Marie Bertherat reprend le Samovar.

Vous avez écrit de nombreux ouvrages de références pour adultes. Est-ce bien différent de travailler pour un public de jeunes adultes ?
Ce n’est pas comparable. Écrire des livres de référence et diriger une collection pour un tout autre public : ce sont deux tâches bien différentes.

Tous les héros des romans ont l’âge du public auquel les livres sont destinés. Est-ce une ligne directrice de la collection ?
Non, si on me proposait un roman avec un héros adulte qui pourrait intéresser un public jeune, je le prendrais sans hésiter.

Pouvez-vous lever le voile sur quelques uns de vos prochains titres ?
Les deux prochains romans sont signés par Hervé Jubert et Marie Bertherat Et j’ai le manuscrit d’un roman pour la jeunesse que René Réouven a écrit à ma demande et qui paraîtra en 2010.

Vous avez complété le roman de Pierre Véry, par une postface érudite. Réservez-vous ce complément aux seuls auteurs disparus ?
Oui, je ne ferai ce type d’intervention que sur les rééditions de “classiques”. Le prochain devrait être un Paul Berna.

Assassin ! le roman de Béatrice Nicodème, est disponible en téléchargement sur le site Internet de "Chambres noires". Pourquoi cette mise en ligne d’un livre entier ? Ne craignez-vous pas un risque de concurrence ?
C’est une décision du responsable marketing de Mango : ses raisons ont convaincu Béatrice Nicodème et moi. Nous verrons bien le résultat.

Personnellement, sur quels thèmes, sur quels biographies travaillez-vous actuellement ?
Je viens de boucler un Omnibus consacré Daphné du Maurier où j’ai fait une longue préface, une biblio-filmo-TVfilmo-radiothéâtrographie très importante, une préface pour une réédition des premiers Jessica Blandy de Dufaux et Renaud. Et je travaille à un article sur André Dhôtel, auteur fantastique et sur une "Bibliothèque rouge" consacrée à Nestor Burma.


Liens : Béatrice Nicodème | Jacques Baudou | Nicolas Bouchard | Les Disparus de la source Propos recueillis par Serge Perraud

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