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Ma vie des autres (248)
Courts récits de 1000 signes. 248 : famille en guerre. Ma mère, c'est une conne. Mon père, c'est un gros connard. Ils n'ont que le mot guerre à la bouche. Je préfère regarder l'océan qui reste muet. À la maison, je me fais traiter de tous les noms. Il faut que j'aide tout le temps. Comme si j'étais SOS services. À cause de la menace de guerre, on recrute tout ceux qui sont en état de combattre. Moi, l'ennemi, je n'en ai rien à faire. Il ne m'a rien fait, l'ennemi, l'ennemi qui menace de nous envahir. Je ne vais pas me battre contre quelqu'un que je ne connais pas. C'est arrivé hier soir, on est tous recrutés aux Renseignements. On doit espionner. On nous a mis là à cause de nos aptitudes. Grâce à son dada des mots croisés, ma mère devrait arriver à déchiffrer les messages secrets de l'ennemi. Mon père le bricolo pourra analyser en détails le matériel ennemi et le copier. Mon idiot de frère partira en mission dans les lignes ennemies. Ça ne le changera pas de ses habitudes. Il ne passe pas une semaine sans fuguer en piquant du fric dans le portefeuille de papa. Et moi, la pauvre fille paumée de la famille, je m'occuperai de la surveillance de l'océan. C'est ce que je fais chaque soir avant de rentrer du lycée. Je regarde si l'ennemi n'arrive pas par la mer.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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