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L'île de Berhala. C'est ici que, durant neuf mois, femmes et enfants de Sandakan furent retenus, affamés, dans un état de dégradation qui serait le leur tout au long de leur détention. C'est ici que nous ressentîmes pour la première fois, la plus cruelle des souffrances que la guerre inflige aux femmes : le vide solitaire et sans espoir d'une vie sans amour.
Jean Negulesco - Captives à Bornéo
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jeudi 18 avril

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Ma vie des autres (238)

Ma vie des autres (238) Courts récits de 1000 signes. 238 : pas d'état d'âme. Je me demande si je suis différent des autres. Quand je rêve aux femmes, elles sont toujours vêtues. Elles portent au minimum un semblant de lingerie. Le corps féminin ne m'attire pas outre mesure. Seins, fesses, cuisses, même mont-de-Vénus m'indiffèrent pour tout dire. Quand une femme tombe amoureuse de moi, je lui cède et je fais de mon mieux pour la combler de bonheur. Jamais je ne fais de confidences sur l'oreiller concernant cette absence d'affection de ma part. Je ne veux pas qu'on se méprenne sur mes intentions. Je fais plaisir et je ne demande rien en retour. Entre hommes, ce n'est pas un sujet qu'on aborde et je ne me vois pas en parler à un psy ou à mon médecin. Je garde pour moi cette curieuse sensation existentielle, tout en observant les agissements des autres. Je cherche des signes qui me rapprocheraient d'eux. Peut-être me manque-t-il un déclic ? L'état masculin n'est entier qu'en franchissant un certain cap que je n'ai pas encore atteint. C'est possible. Je ne porte pas de cravate non plus. Un jour, il me viendra l'idée d'en mettre une. Elle sera le cache-sexe de mon inhumanité.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction



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