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Son accent de la réserve est une sorte de chant pur que Lewis n'avait jamais entendu depuis il ne sait pas combien de temps. Par réaction, sa propre voix, lissée à force de ne parler qu'avec des Blancs, s'envole comme s'il n'était jamais parti. Elle sonne étrangement dans sa bouche, ses oreilles, et il se demande s'il n'est pas en train de simuler.
Stephen Graham Jones - Un bon Indien est un Indien mort
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Coup de coeur

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vendredi 26 avril

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Ma vie des autres (224)

Ma vie des autres (224) Courts récits de 1000 signes. 224 : retrouvailles lointaines. J'ai la surprise de tomber nez à nez avec Karina à des milliers de kilomètres de chez moi. Incroyable ! On s'embrasse comme au premier jour, effaçant d'un coup les quarante ans qui nous ont séparés, nous les amants qui rusions en permanence à l'époque pour nous retrouver. Comme moi, elle profite du tarif hors saison pour s'offrir un coin de paradis aux îles Perhentian en Malaisie. Il m'arrive tout le temps de me retrouver parmi des retraités comme moi qui profitent des prix cassés pour voyager et se pavaner dans des cinq étoiles. Pour peu qu'on possède des rentes suffisantes et une bonne santé, c'est du bonheur, mais l'on doit accepter de croiser souvent des connaissances déplumées de son quartier ou d'ailleurs à Phuket, à Punta Cana, dans le désert chilien d'Atacama ou sur les pentes du mont Bromo sur l'île de Java. Il est donc normal en fin de compte que Karina et moi, nous nous télescopions ce jour en terre malaise. Ma femme se pose sans doute des questions. Je présente Karina comme une ancienne collègue. Notre idylle cachée a duré cinq ans, jusqu'à ce que le mari de Karina nous surprenne et que je le pousse sciemment dans l'escalier. Il est mort officiellement par accident. Je n'ai jamais été inquiété, mais nous nous sommes séparés pour ne pas éveiller les soupçons. La dernière fois que nous avons fait l'amour, c'était à l'Hôtel des Voyageurs de Saint-Chély-d'Aubrac. Je veux croire que c'était prémonitoire.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction



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