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Ma vie des autres (165)
Courts récits de 1000 signes. 165 : une théorie à creuser. Je ne réplique plus. Je ne cherche plus à avoir raison. Si je détiens la vérité sur un fait et qu'on la conteste, je m'écrase, je laisse l'autre dans son erreur. Je ne souffre plus de ne pas avoir le dernier mot. Je viens d'intégrer l'école du doute avec la mention très bien à l'examen d'entrée. Auparavant, j'ai effectué un stage probatoire qui a duré vingt ans, vingt ans de mariage avec Clotilde. Grâce à elle, j'ai appris à communiquer, puis à garder le silence, avec toutes les subtilités du langage dans le domaine du sport en équipe et de la guerre de tranchée. Je crois que le doute est le moteur du monde. Les fonceurs, ceux qui n'ont peur de rien, les sûrs d'eux, nous emmènent bien souvent à la catastrophe. En stagnant, en ne se prononçant pas, on est au moins assuré de ne pas aller droit dans le mur. Bien sûr, cette thèse, je la garde pour moi. Personne ne serait d'accord avec ce que j'avance. Les contradictions pleuvraient. Mais, on l'aura compris, là n'est pas mon véritable problème. L'avis d'autrui, je m'en balance. La vérité est que je doute aussi de ce point de vue sur le doute. Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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