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Ma vie des autres (49)
Courts récits de 1000 signes (49). J'ai commandé du carrelet en croyant prendre du porc. D'ailleurs, à la table du restaurant, personne n'a émis l'hypothèse que je me sois trompé. De cette erreur homophonique entre un poisson et le carré de porc, j'ai payé lourdement les conséquences jusqu'à ce que je trouve une pharmacie de garde. On vient de m'extraire une grosse arête plantée dans la gorge avec une pince à épiler. Ouf ! Une heure, je suis resté entre la vie et la mort. Le dimanche, en ville, ce n'est pas simple de trouver une pharmacie ouverte. J'étais à la limite d'étouffer en conduisant. J'avais peur de mourir et de causer un accident. Deux ans auparavant, même problème déjà : cette fois, dans un self, avec une frite coincée en travers du larynx. On m'avait mis la tête en bas et on m'avait tapé dans le dos. C'est terrible à dire, mais on risque sa peau en mangeant hors de chez soi. Je repars avec la pince à épiler de luxe que j'ai été obligé d'acheter au prix fort dans son bel écrin. Pour ajouter à ma veine, je suis tombé sur rupture de stock de pinces à épiler ordinaires, dixit le pharmacien amusé.Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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