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Il était assis sur les marches en béton du proche et avait entendu le camion arriver à une rue de distance puis le véhicule avait tourné à l'angle et il l'avait regardé rouler de maison en maison, et à mesure qu'il approchait il avait senti la peur monter dans sa petite poitrine et avait été persuadé qu'il y avait autre chose dans cette poubelle, une chose qui disparaitrait et ne reviendrait jamais.
Michael Farris Smith - Blackwood
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mardi 23 avril

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Ma vie des autres (37)

Ma vie des autres (37) Courts récits de 1000 signes (37). Je n'ose plus parler. Si j'ouvre la bouche, au début je fais rire. Rapidement j'énerve. C'est arrivé brutalement après mes abominables migraines. Elles m'ont duré deux ans. Un véritable calvaire. Je me bourrais de calmants. Seul le sommeil me convenait. Il me fallait dormir ou mourir. Chaque jour, au paroxysme de la douleur, je voulais me tuer. Quand j'arrivais enfin à m'endormir, j'espérais ne jamais me réveiller. Un matin, le mal s'est estompé. C'était parti comme c'était arrivé. Un miracle. Je souffrais encore un peu, mais c'était supportable et en rien comparable aux jours précédents. J'étais heureuse de me sentir revivre. J'étais aussi dans l'angoisse que les maux de tête reprennent. J'ai téléphoné à ma sœur en premier. Dès que je me suis mise à parler, elle a ri. Certes, elle exprimait sa joie de me savoir rétablie. Ce qui provoquait surtout son hilarité, c'était surtout ma voix. Elle était complètement transformée. Je m'entendais encore mal au début. J'avais les oreilles bouchées. Je parlais chinois. Je m'exprimais comme les humoristes font lorsqu'ils veulent imiter l'accent asiatique. C'est resté depuis. Je continue à parler comme une Pékinoise. Je suis atteint du syndrome de la langue étrangère. Une maladie rare. Un endroit du cerveau s'est dégradé. On ne sait comment y remédier. J'en suis là aujourd'hui. Je n'ai pratiquement plus mal au crâne, mais je suis obligée de garder le silence en public. On se moque de moi sinon. Ou on m'accuse de me moquer des autres, on me traite de raciste.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction



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