k-libre - édito

L'assistante d'Anne faisait presque partie des meubles. Elle était la mémoire de la maison, la plus ancienne employée de tous les services hors production. Avec ses cheveux ternes tirés en queue-de-cheval, son pull ras-du-cou marron glacé, son pantalon marine et ses chaussures plates, elle n'attirait l'œil de personne. Mais Franck savait exactement de quoi il retournait et jusqu'à quel point il pouvait lui faire confiance. Elle ne serait jamais une amie, mais elle serait toujours une alliée.
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jeudi 25 avril

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Quelque chose de pourri

MAJ jeudi 25 avril

Quelque chose de pourri
© Isabelle Roche / k-libre

17 septembre 2012 - Il y a des jours comme ceux-là où l'on se demande s'il ne serait pas utile quoique vain de paraphraser William Shakespeare et d'affirmer qu'il y a quelque chose de pourri dans le monde du polar.
Certes, ce n'est pas une révélation si l'on étend le monde du polar au monde tout court (étonnant d'ailleurs de constater que l'on peut étendre en utilisant une telle expression), mais il n'en demeure pas moins que cette dernière quinzaine est source de beaucoup de questions.

L'on savait déjà qu'il existait une catégorie d'écrivains, journalistes de leur métier, qui avaient une fâcheuse tendance à critiquer avec beaucoup d'enthousiasme certains de leurs confrères en attendant d'eux ce que l'on appelle un renvoi d'ascenseur (comme appelait-on cette méthode avant même l'invention de cet obscur objet, telle est une autre question bien moins essentielle...). Certains prenaient même des pseudonymes pour critiquer leurs propres ouvrages. C'était normal, commun, ancré dans les mœurs germano-prations, et ça c'était même dans une certaine mesure décliné au niveau des prix littéraires génériques avec des sélections de romans policiers dans lesquelles se trouvaient quelques grosses pointures pour permettre aux auteurs du cru de voir leur prestige tout mesuré réhaussé soudainement et traitreusement. Mais là il nous semble que l'on touche un certain fond. C'est un article du Telegraph, quotidien écossais, qui nous révèle les faits. Le romancier Roger Jon Ellory a utilisé un pseudonyme pour dire un peu partout sur la Toile à quel point ses romans et son écriture étaient la preuve de son "magnificent genius". Mais là où le bât blesse c'est que dans le même temps, il crucifiait ses "ennemis littéraires". Pour un peu, on en serait revenu à une époque où les Surréalistes, fiers adeptes du pugilat verbal et physique, usaient de mots grossiers que la morale actuelle réprouve à hauts cris. L'histoire prête à sourire tant on image le bonhomme derrière son écran s'empêtrant dans les fils à décrier les auteurs de thrillers usant de qualificatifs qui pourraient fort bien être retournés contre lui. "Pas vu, pas pris", s'était exclamée une femme de Président français après un mauvais geste sportif, n'étonnant que peu de gens, "Vu, pris", et l'on a envie de dire "et c'est tant mieux". Pourquoi ? parce que cela rend aussi un peu d'humanité à un auteur trop propre sur lui. Cela donne une aspérité ordurière à un homme ordinaire (ceci est une grossiéreté et non une injure, et tient en plus de la figure de style).

Un peu après, nous apprenions les démêlées vraies ou supposées de Maurice G; Dantec avec son nouvel éditeur. Pourquoi supposé ? L'histoire prête tellement à sourire jaune (couleur que le "Masque jaune", collection quasi-ancestrale d'Agatha Christie, abandonne encore plus à partir du mois d'octobre) qu'elle en est peu crédible. L'auteur reproche à l'éditeur d'avoir abusé de ses faiblesses alors qu'il était hospitalisé pour le forcer à signer un contrat d'édition. Dire qu'il y a tant d'auteurs de meilleure qualité qui souhaiterait qu'un tel abus de faiblesse les touche au lieu de les laisser sur la touche... Nous n'inventons rien, tout est relaté dans un article de L'Express. À que nous avons pris les mêmes psychotropes que l'auteur génial qu'à été Maurice G. Dantec. C'était au siècle dernier.

Enfin, le CNL dans sa grande mansuétude, a refusé d'accorder une subvention à la manifestation littéraire et policiers Toulouse, Polars du Sud, chère à Claude Mesplède, au principe que "le CNL a pour mission de soutenir en priorité les manifestations qui impliquent des écrivains". De quoi rester sans voix...

Alors heureusement que sur k-libre vous allez trouver des interview de Hervé Le Corre (qui vous donne la recette pour sortir la tête de ce monde cradingue), de Benjamin Whitmer (qui vous explique que la société abandonne des quartiers entiers de villes) et d'Olivier Truc (qui vous narre l'extinction du dernier peuple aborigène européen) pour vous donner des raisons d'espérer. Il y a également des présentations de festivals en veux-tu en voilà qui se déroulent les deux week-ends prochain dont En première ligne qui abordera de nombreux problèmes de société. Enfin, nombre d'ouvrages et de DVD pour vous permettre de vous détendre et de vous évader de ce monde qui en ce moment sent particulièrement mauvais.

Liens : Roger Jon Ellory | Agatha Christie | Maurice G. Dantec | Hervé Le Corre | Benjamin Whitmer | Olivier Truc
Par Julien Védrenne

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