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Deux hommes en redingote d'été marchaient vigoureusement en direction des quais. Le premier, svelte et énergique, avait le visage fin d'un intellectuel de salon prompt à la riposte, davantage garçon qu'homme mûr. Le second, plus mature, constitué exclusivement d'angles droits, volontaire, exultait de la confiance en soi et donnait l'impression d'imprimer sur les pavés la trace de ses pas.
Zygmunt Miloszewski - Inestimable
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Boileau-Narcejac

MAJ vendredi 02 mars 2012

Biographie Boileau-Narcejac


Boileau-Narcejac est la signature commune de Pierre Boileau et Pierre Robert Ayraud, dit Thomas Narcejac, théoriciens du genre policier et experts en suspense. Chacun de leur côté, avant leur rencontre, voulait faire évoluer leurs pratiques d’écriture.

C’est en 1947 que l’attention de Pierre Boileau est attirée, en librairie, par le titre, Esthétique du roman policier d’un certain Thomas Narcejac. Le contenu concorde avec les questions qu’il se pose, des suggestions auxquelles il adhérait. Quand il se trouve cité, de façon élogieuse, par Thomas Narcejac, il prend l’initiative de lui écrire. Leur correspondance fait émerger ce désir commun d’aller vers une nouvelle forme du roman policier.
C’est le 13 juin 1948, à 13 heures, pour la remise du 13è Prix du roman d’aventures à Thomas Narcejac pour son quatrième roman, La mort est du voyage, qu’ils se rencontrent enfin. Dès la fin du repas ils fuient pour discuter dans un café voisin.
C’est en juin 1950, après le traditionnel repas qui clôt le Prix du roman d’aventures qu’ils décident d’écrire ensemble. "…nous nous sommes rendu compte que le roman policier auquel nous étions attachés, le roman anglo-saxon, le roman problème, le crime, l’enquête, le suspect, les fausses pistes, tout cela venait de vieillir terriblement et qu’il n’était plus possible de continuer dans cette voie. C’est ainsi que nous nous sommes proposé d’essayer une formule nouvelle qui faisait place à l’angoisse et à l’énigme […] Nous avons surtout essayé d’humaniser le roman problème, de faire du « policier » classique une œuvre littéraire, un roman tout court. Mais comme nous ne voulions pas renoncer au mystère, qui est pour nous l’essence même du roman policier, il était presque indispensable de travailler à deux, l’un s’occupant presque uniquement de la mécanique sans beaucoup tenir compte des personnages, l’autre s’occupant surtout des personnages indépendamment du premier."

Ils se lancent alors dans le roman de leur rêve, L’Ombre et la proie, qui est publié dans La Revue des Deux Mondes en décembre 1951, en trois feuilletons bimensuels. Ils signent Boileau-Narcejac. Ce n’est qu’en septembre 1958 qu’il paraitra en libraire sous le pseudonyme anagrammatique d'Alain Bouccarèje.
Leur seconde collaboration, Celle qui n'était plus est publiée par Denoël en novembre 1952, après avoir été refusée par toutes les grandes collections de l’époque : Le Masque, Un mystère, L’Empreinte… En décembre de la même année, H.-G. Clouzot achète les droits cinématographiques. Le film sort en janvier 1955 sous le titre Les Diaboliques. C’est un immense succès.
Le tandem continue avec une série de romans où ils privilégient le suspense comme D’entre les morts (1954) repris par Alfred Hitchcock sous le titre Vertigo (Sueurs froides en France), Les Louves (1955), Les Magiciennes (1957)…

Dès lors, les deux hommes vont produire à un rythme soutenu, avec toujours le même schéma directeur : "le héros, pour eux, ne doit jamais se réveiller de son cauchemar", comme l'a écrit le critique Michel Lebrun. Une trentaine de romans vont ainsi explorer les ressources du suspense, à la lisière du fantastique.

Ces livres ont un retentissement considérable et leurs auteurs deviennent les chefs de file d’une école du roman à suspense. Ils jouent sur le dérèglement de la personnalité permis par la subtile mécanique mise en œuvre par le duo. Pierre Boileau concevait les intrigues et Thomas Narcejac les mettait en forme. Ils ont ainsi marqué durablement la littérature policière.
Dans les années 1960, le duo de romanciers renouvelle le cadre de leur inspiration en allant chercher les bases de leurs intrigues, toujours servies avec le même suspense, dans les faits de société comme les migrations estivales (La Porte du large – 1968), les maisons de retraite (Carte vermeil – 1979)…
Parallèlement à cette production romanesque, Boileau et Narcejac écrivent des scénarii pour le cinéma (Georges Franju, Édouard Molinaro, Gérard Oury…), pour la télévision, pour le théâtre, (notamment pour le Grand Guignol) pour la radio, pour la jeunesse avec la série des Sans Atout, commencée en 1971.
Ils s’essayent au pastiche, avec un grand succès, en reprenant le personnage d’Arsène Lupin et signant de son nom, le temps de cinq romans.

Leur dernier roman écrit en commun, Le Soleil dans la main, paraît en 1990, un an après la mort de Pierre Boileau. Thomas Narcejac poursuit seul, signant toujours Boileau-Narcejac, jusqu'en 1998, date à laquelle il disparaît à son tour.

Les romans de Boileau-Narcejac sont des romans d'atmosphère, de l'inquiétude et de l’étrange, à la dimension parfois métaphysique, fusion du roman policier et du roman tout court. La psychologie est au cœur de leurs histoires. Ils donnent des intrigues sans gangsters ni policiers et mettent en scène le petit peuple de province…ouvriers, retraités, artisans, employés, marins, petits bourgeois, que chacun peut croiser dans la rue et qui, un jour, tuent pour un motif banal…par intérêt.

Ils ont ainsi, en près de cinquante ans, accumulé les épithètes flatteuses : maîtres-horlogers du mystère, princes du frisson, maîtres du suspense, poètes du cauchemar éveillé, orfèvres du crime… ils ont signé quarante-trois romans, une centaines de nouvelles, quatre pièces de théâtre, quarante pièces radiophoniques, quinze films originaux ou adaptés de leurs œuvres, sept téléfilms, trois feuilletons télévisés, un recueil de pastiches, deux essais, une autobiographie, des dizaines d’articles, essais, préfaces.


Auteurs liés : Pierre Boileau | Thomas Narcejac


Actualité

  • 02/05 Auteur: Résurrection lupinienne pour Adrien Goetz
    Adrien Goetz, historien de l'art, critique, également romancier, pourrait à juste titre réclamer sur ce site une place de choix, pour plusieurs très bonnes raisons. La première étant qu'il a inscrit au cœur de la plupart de ses fictions artistiques une énigme, un mystère : La Dormeuse de Naples (Le Passage, 2004) a pour "personnage central" un tableau d'Ingres qui a disparu lors d'un pillage en 1815 et qui n'a jamais été retrouvé - une enquête est donc à mener. Dans Une légende dorée (Le Passage, 2005), un jeune dandy américain part à la recherche des fragments dispersés d'un tableau de la Renaissance...
    La deuxième très bonne raison qui ferait d'Adrien Goetz un hôte fort bien k-libré est qu'il est le créateur d'une série policière publiée chez Grasset : "Les enquêtes de Pénélope", dont le premier volume, Intrigue à l'anglaise (2007), lui a valu de recevoir le prix Arsène Lupin 2008.
    Et la troisième très bonne raison qui imposerait Adrien Goetz dans ces pages au-delà de la dépêche est qu'il vient de ressusciter... Arsène Lupin justement, en publiant, toujours chez Grasset, La Nouvelle Vie d'Arsène Lupin. Avec, paraît-il, la bénédiction de Florence Boespflug-Leblanc, la petite-fille de Maurice Leblanc, ainsi qu'il le précise sur France Culture au micro de Christian Ono-Dit-Biot dans l'émission Le Temps des écrivains du 2 mai 2015*.
    Voici donc sous sa plume "le plus grand des voleurs" sévissant sur les réseaux sociaux, et croisant le chemin d'une comtesse de Cagliostro devenue une chef d'entreprise un peu couguar sur les bords... Et le romancier d'étayer chacun des choix fictionnels qu'il évoque par de solides références à l'œuvre de Maurice Leblanc. Mais son travail préparatoire a été poussé bien plus loin que la seule lecture des aventures canoniques du gentleman cambrioleur : il a entrepris de (re)lire les auteurs dont s'était avant lui nourri Maurice Leblanc, notamment Gustave Flaubert et Alexandre Dumas, sans oublier Guy de Maupassant.
    Une fois éteint le poste de radio, et sans m'attarder plus que cela sur la légitimité qu'a, ou n'a pas, un romancier de s'approprier un héros créé par un prédécesseur pour lui faire vivre une nouvelle vie, je me suis dit que seuls les lecteurs connaissant déjà parfaitement le "canon" lupinien et Maurice Leblanc dans toutes ses œuvres littéraire pourront vraiment "recevoir" ce roman. Car son charme réside à l'évidence dans la subtilité des allusions et références - or que deviennent-elles dans l'esprit de qui n'a jamais mis les pieds dans les romans de Maurice Leblanc ?

    * Le Temps des écrivains est une émission de France Culture diffusée tous les samedis de 17 heures à 18 heures. Le principe : Christophe Ono-Dit-Biot invite à son micro trois écrivains venant de publier un ouvrage illustrant un thème général. Ce samedi 2 mai 2015, il était question de l'icône, à la fois image peinte, et figure emblématique. Aux côté d'Adrien Goetz, on découvrait Sandrine Roudeix qui a romancé la dernière nuit de la photographe américaine Diane Arbus (Diane dans le miroir, Mercure de France), et Ingrid Thobois qui s'est, elle, aventurée à écrire autour d'une icône de la psychiatrie, Jeannot le Béarnais, un schizophrène qui a gravé une suite de mots hallucinés sur 15 m2 de plancher, œuvre exposée à l'hôpital Sainte-Anne (Le Plancher de Jeannot, Buchet-Chastel, 2015).
    Liens : Alexandre Dumas |Maurice Leblanc

* Bibliographie actuellement recensée sur le site



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