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Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Éric Boury
Paris : Gallimard, janvier 2010
474 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012833-4
Coll. "Série noire"
Et vogue la galère !
Le roman débute par la description du Per, une épave échouée, et donc dès le départ on sait que ce bateau n'atteindra jamais le Surinam. Puis s'ensuivent des scènes courtes, campant une série de personnages et d'événements plus ou moins inquiétants. Un coup de fil interrompt le dîner d'un matelot ; une femme monte précipitamment dans sa voiture avec sa petite fille ; un coup de feu éclate dans la nuit ; un poivrot accoudé à un bar lance des incantations morbides ; cinq hommes boivent de la bière à une table en complotant une mutinerie ; un homme, couvert de sang, uniquement vêtu d'un slip répond après que la sonnerie du téléphone a brisé le silence... La tension monte jusqu'à l'embarquement des neuf passagers à bord du Per.
Puis commence la traversée vers le Surinam et la tension redescend au fil des pages pour laisser la place à une interrogation teintée d'ironie et d'ennui. En effet, que fait l'auteur de ses intrigues si bien tissées au départ qu'on ne peut s'empêcher de penser à Raymond Carver ou à Short Cuts l'adaptation au cinéma de Robert Altman ? Toutes les pistes prometteuses lancées au début ne seront plus évoquées et ne débouchent sur rien. Stefán Máni a campé des situations et des personnages et les oublie en route. Il finit même par envoyer ses intrigues à cinq mille mètres de fond avec une attaque de pirates peu convaincante.
L'écriture aussi laisse le lecteur perplexe. Les considérations philosophiques du Soutier sur L'Être et le Néant, entre deux joints d'herbe ; la pensée de Sæli quand il regarde la fusée de détresse exploser dans le ciel et se dit qu'il n'a jamais rien vu d'aussi beau que cette étincelle rouge dans le ciel - "enfin presque. Il n'y rien de plus beau qu'un enfant qui vient de naître, un enfant qui est le vôtre, cela va sans dire" - sont autant d'arêtes qui restent en travers de la gorge. Le roman se termine et les questions affluent : Qu'a bien pu devenir la valise rouge et quel peut bien être son contenu ? Qu'est devenu le beau-frère de Jónas ? Et la femme du commandant prendra-t-elle l'avion pour le Surinam ?
C'est dommage de commencer si bien et de finir en queue de poisson !
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°40 |La Tête en noir n°144
Nominations :
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2010
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2010
Citation
Il y a des hommes à bord qui se baladent avec des fusils démontés à la faveur de la nuit pendant que d'autres s'abrutissent à fumer du cannabis et racontent des histoires à dormir debout sur les dieux antiques et le destin de l'humanité.