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Ma vie des autres (207)
Courts récits de 1000 signes. 207 : visite de chantier. Trouver des effets féminins dans la carrière abandonnée me trouble forcément. Ma dernière rencontre sérieuse avec une dame s'est mal terminée. Je l'ai frappée. La justice s'en est mêlée. Ce n'était pas la première fois et depuis, je me tiens à carreau. Je ramasse ces sous-vêtements abandonnés. Personne ne me traitera de pervers ou de voleur. En tripotant le textile soyeux, j'imagine un rendez-vous amoureux au clair de lune et l'impossibilité de retrouver la culotte et le soutif dans l'obscurité au moment du départ. J'ai également une tentative de viol sur la conscience, mais c'est du passé. En retournant par un autre chemin vers la sortie du chantier fantôme, je bute sur une grosse valise cabossée. La clé de la serrure pend par une ficelle à la poignée. Une chaussure rouge à talon haut traîne à proximité. Espérant je ne sais quoi, j'ouvre cette valise tombée du ciel et je découvre l'inimaginable, une horreur qui me donne immédiatement envie de gerber. À l'intérieur, des parties de corps humain que je ne m'attarde pas à analyser. Je me sauve, ne sachant si je dois garder le silence ou prévenir la police. J'ai conscience de laisser les traces de mon passage, mes empreintes et même mon ADN.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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