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Franck aurait pu aisément les abattre sur place, mais à quoi bon ? Un jeune homme plus jeune les aurait sans doute descendus parce que son sang n'aurait fait qu'un tour et qu'il aurait encore l'orgueil du macho, mais, à mon âge, on sait que moins il y a de morts mieux on se porte.
Don Winslow - L'Hiver de Frankie Machine
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Bleus, blancs, rouges
Paris, fin des années 1970. Les années Giscard, le disco, une certaine idée d'un pays figé et conserv...
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dimanche 15 juin

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Ma vie des autres (171)

Ma vie des autres (171) Courts récits de 1000 signes. 171 : voyageur de l'extrême. J'ai bourlingué dans le monde entier. J'ai vécu dans des dizaines de pays. Mais c'est la première fois que je découvre cette contrée inconnue pour moi, l'hôpital. Les hommes et les femmes de cet endroit ont d'étranges coutumes. J'ai du mal à m'y faire. Passe encore les divers examens que je dois subir pour être accepté parmi eux, mais le fait de se coucher et d'être endormi de force pour qu'on regarde ce que j'ai dans le ventre ne me convient pas. Je ne suis pas habitué à jouer les cobayes au bloc opératoire. Pour eux, la véritable identité d'une personne se trouve au niveau des viscères. Après une artérioscopie sous anesthésie, la greffe d'une prothèse dans l'aorte abdominale est le point d'orgue de mon séjour chez cette peuplade toute de blanc vêtue. Affaibli par ce rituel chirurgical, j'arrive toutefois à tenir mon journal de bord. Je note avec précision mes découvertes et les rencontres étonnantes que je fais avec les dominants, appelés personnel médical, et la caste au plus bas de l'échelle sociale, les patients qui vivent la plupart du temps couchés. Dans le reflet de la fenêtre, je me vois dans la chemise de nuit obligatoire, des électrodes plaquées au thorax et le portique à la poche de sérum que je suis obligé de trimballer partout. C'est comme si j'avais mon baluchon pour repartir ailleurs.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction



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