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Petite sœur la mort
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Le Seuil, mars 2017
272 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-132061-9
Coll. "Cadre noir"
Ennuis de famille
William Gay, avec son écriture lyrique et les trames passées aux frontières du gothique, nous propose un roman posthume sur le thème de la maison hantée et des poltergeists. Le texte, à la fois très littéraire, puissant et exigeant, est un hommage à l'œuvre de William Faulkner et au roman de Shirley Jackson, La Maison hantée, bâti autour de la légende de la demeure de la famille Bell dans la petite ville d'Adams dans le Tennessee au début du XIXe siècle. Le personnage principal de l'intrigue, David Binder, est l'auteur d'un livre à succès et qui ne trouve plus l'inspiration. Son éditeur lui a conseillé d'écrire un ouvrage alimentaire de genre horrifique, et il décide de venir s'installer l'été avec sa femme et sa petite fille dans cette maison afin de pouvoir faire communion avec l'atmosphère. Nous sommes en 1982, près de deux siècles après les événements tragiques inauguraux narrés de façon sèche et abrupte en prologue du roman. Peu à peu, c'est surtout un couple qui se délite et qui se révèle à nos yeux à mesure que la maison semble prendre possession de l'âme du narrateur et qu'elle devient une ennemie de Corrie, sa femme. Des apparitions étranges surviennent, des tensions s'exacerbent, des rencontres avec des autochtones tournent mal, voire très mal, l'alcool et le sexe y sont pour quelque chose, et par-dessus tout un énorme serpent maléfique hante un petit cabanon à outils. Ce serpent héritera de la part de l'écrivain du nom de Petite Sœur la Mort qui donne le titre à ce roman. Surtout, il sera le catalyseur et le révélateur de la tragédie qui se joue. Plus qu'une enquête littéraire, l'histoire est une interrogation naïve sur une légende comme les aiment les États-Unis et qui a amené Daniel Myrick et Eduardo Sánchez à réaliser Le Projet Blair Witch en 1999. Il ne faut pas chercher d'intrigue policière, de crimes passés (même si l'hypothèse est amenée par William Gay). Nous sommes dans un roman noir sur la noirceur des sentiments, sur les non-dits familiaux – il sera plusieurs fois fait référence aux "Ennuis de famille". Et puis s'il ne s'agit pas à proprement parler d'enquête littéraire, il y a cette trame qui épouse l'œuvre de William Faulkner jusque dans des choix d'écriture comme cette décision de mêler les dialogues dans le corps du texte sans guillemets, ni tirets d'incise. Tout cela est joliment expliqué dans la préface de Tom Franklin, un auteur américain dans la veine de William Gay. Éblouissant !
Citation
Binder savait qu'il y avait chez ce serpent quelque chose d'ancien et d'implacable et de féminin ; il l'avait baptisé Petite Sœur la Mort, un nom qu'il avait trouvé chez Faulkner, bien qu'il ne pût se souvenir du livre dans lequel il l'avait lu. Cela semblait lui convenir.