Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Paris : 10-18, mars 2016
216 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06740-1
Coll. "Domaine policier", 5059
Dans la moiteur de l'été florentin
Ce roman de l'Italien Marco Vichi est le premier d'une série dont le quatrième volet a obtenu il y a quelques années le prix Scerbanenco. Et l'on comprend pourquoi tant le récit rappelle l'œuvre de son prédécesseur, Giorgio Scerbanenco. Situé à Florence, une ville écrasée par la chaleur, la moiteur et les moustiques et en 1963, ce qui lui donne un aspect antédiluvien (ce sont des policiers à l'ancienne qui interrogent des suspects en commandant des bières, dans un bruit de machine à écrire), le roman a déjà la patine d'un texte de Giorgio Scerbanenco ou d'un Georges Simenon. Le texte se construit sur deux fils narratifs simples : d'un côté la mort a priori accidentelle d'une vieille dame dans sa villa et l'enquête extrêmement classique pour essayer de découvrir quelle tentative de crime parfait se cache derrière cette mort. De l'autre, la vie d'un policier revenu de tout, chargé de mélancolie, qui ne trouve que quelques moments de bonheur dans la compagnie d'amis un peu à la marge : un médecin légiste, une prostituée, un voleur malchanceux et dans l'éductaion policière d'une jeune recrue.
Du coup, Le Commissaire Bordelli ressemble à ces films italiens, galerie de personnages qui oscillent entre le réalisme le plus cynique et la quasi-caricature. Les deux neveux de la morte, sorte de Vitelloni qui font les play-boys, fréquentent les bains de mer et les casinos et attendent la mort de leur tante pour profiter de la vie sont un des aspects de cette description. Dante, le frère de la morte, savant lunatique et approximatif qui discute avec les rats proliférant dans sa maison fait se souvenir des silhouettes populaires mi-comiques mi tragiques qui peuplent les films de Pier Paolo Pasolini ou de Dino Risi.
Pas grand-chose de neuf sous le soleil florentin. Bordelli est un être seul, entouré de quelques amis, cherchant à comprendre plus qu'à juger, et se préoccupant plus de justice que de légalité, savourant des petits plats. La description intelligente d'un meurtre parfait qui échoue à cause de petits détails insignifiants mais qui reste dans la grande tradition d'Agatha Christie. Florence est un décor qui devient vivant plus par la mise en scène de la chaleur, de l'étouffement, de l'oppression, en une période où il n'y a pas de climatisation, d'Internet, de téléphones portables, ce qui donne une lenteur étudiée, une patine et un goût de noir et blanc. Le roman devient comme un havre de paix, une oasis où policiers et assassins s'observent, où la vie s'écoule sans trépidations, comme le souvenir d'un univers que rappelait la version des aventures de Maigret avec Bruno Cremer, d'un monde malheureusement englouti.
Citation
Il préférait se battre contre les moustiques dans la ville déserte plutôt que de se sentir seul comme un chien dans les lieux de villégiature bondés, en proie à une incessante et mélancolique envie de rentrer chez lui et de trouver la paix.